L'émail
La substance utilisée comme matière première n'est autre que le verre ou plus rarement
le
cristal,
emprisonnant littéralement le pigment ou employé pur.
Lire
absolument l'article sur le verre, passage consacré aux couvertes et glaçures.
Les véritables émaux sont initialement à peu près incolores.
On les teinte assez souvent à l'aide d'oxydes métalliques (les couleurs pour
émaux sont couramment nommées "les oxydes"
et sont également utilisés pour les engobes, le
vitrail et la verrerie). Ce travail a atteint un extraordinaire degré de
raffinement dans les coloris obtenus - très comparables à ce qui peut être
réalisé avec de la peinture - dans la mosaïque romaine particulièrement.
Le résultat d'un
émaillage est inaltérable. Les mosaïques de Ravenne, fraîches comme au
premier jour, de Suse (musée du Louvre) et d'ailleurs sont toujours là pour témoigner de la
valeur irremplaçable de ce procédé.
Le support
des émaux
A la différence de la porcelaine, les émaux,
terme général, peuvent être appliqués sur du métal ou sur une terre.
On distinguera donc divers types d'émaux : ceux qui sont appliqués au-dessus
de travaux de type porcelaines, poteries,
faïences, céramiques, pour en assurer la protection,
l'imperméabilité et souvent l'innocuité, et les émaux appliqués sur des métaux.
Lire absolument
l'article La terre, substrat, support.
Application
des émaux
Les composants des émaux (silice en premier lieu, mais aussi
feldspath, alumine,
pierre à chaux,
oxydes métalliques divers, etc.) se présentent sous la forme de poudres très fines
- c'est ce que l'on nomme "l'émail cru" - que l'on
imbibe d'eau de sorte à former une sorte de pâte plus ou moins liquide, très
homogène, où tous les éléments sont en contact. Cette pâte, qui peut être
appliquée de différentes manières sur le support, a presque toujours un
aspect nettement blanchâtre et ne laisse en rien augurer du résultat final.
C'est lors de la cuisson que se produit la fusion tandis que la vitrification
s'opère lors du refroidissement. L'aspect final des objets traités a peu de
ressemblance avec leur apparence initiale.
Émaux
et terres
Les émaux ne sont rien d'autre que des terres, du moins des éléments qui
en sont directement extraits. L'argile même peut devenir émail si elle est
suffisamment chauffée pour se liquéfier puis se vitrifier en refroidissant -
principe valable pour tous les émaux. Cependant, il faut signaler qu'une
importante proportion de silice est un important gage
de qualité des émaux. Ce "plus" apporté par la silice est accompagné d'un
inconvénient technique : plus la silice est présente, plus la température de
cuisson est élevée et la fabrication difficile.
Fabriquer un émail, cela suppose le plus souvent
l'élaboration d'une "formule" (chimique). L'artisan ou
l'artiste apporte en effet différentes substances afin d'abaisser la
température de cuisson (voir fondant), d'obtenir
des effets plastiques (coulures, craquelures, etc.) ou une coloration. Voir Les
oxydes.
On distingue deux techniques permettant de réaliser un émail sur
une terre : les couvertes et les glaçures.
Les définitions censées les différencier ne sont cependant rien face à
l'usage courant, beaucoup plus vague, sans parler des abus de langage (par
exemple, le mot "glaçure" utilisé pour "émail"). Tout au plus peut-on distinguer - sans
aucune garantie de Dotapea.com - une légère tendance : les glaçures
seraient obtenues avec des pâtes essentiellement siliceuses alors que les
couvertes auraient plutôt une base argileuse, feldspathique
et/ou cendrée.
Le type d'émail (au feldspath, à la silice,
adjoint ou non de plomb, de métaux
alcalins, etc.) peut faire varier du tout au tout la couleur des "oxydes",
c'est-à-dire des colorants et autres produits que l'on adjoint éventuellement.
L'adhérence d'un émail se réalise grâce à un début de vitrification
du support lui-même. Une
zone intermédiaire, mi-terre mi-verre se forme à la surface du tesson,
garant de l'adhérence de l'émail.
L'émail dit "à froid"
Il existe plusieurs acceptions de ce terme.
Le véritable "émail à froid" est appliqué sur une surface qui
n'a pas encore été cuite elle-même (voir couverte),
par opposition aux glaçures qui peuvent être appliquées sur des pièces à
demi cuites (voir frittage, biscuit).
Il n'est pas certain que le terme "à froid" soit employé à juste
titre en ce qui concerne cette technique que l'on pourrait plutôt nommer "à cru".
La température de cuisson est tout à fait comparable à celle qui est utilisée
habituellement dans les arts du feu.
Dans la pratique, il est exceptionnel de travailler sur un
support non cuit. La "matière" (granulation, porosité) du biscuit
offre en effet l'avantage de permettre une application de l'émail dans de
meilleures conditions, sans parler du processus de cuisson, mieux connu et
scientifiquement décrit dans le contexte classique déterminé par l'emploi
d'un support précuit.
Les autres émaux dits "à froid" sont
* des
peintures décoratives destinées à la cuisson au four alimentaire - 150 ou
160°C -, relevant du domaine
du loisir créatif (oeuvres beaucoup moins durables mais pouvant donner de
jolis
résultats).
* des résines colorées pour la bijouterie dite
"fantaisie" (qui n'en est pas moins un secteur professionnel tout à fait sérieux
respectable).
[Attention : informations non confirmées à ce jour ->] Il faut préciser que le terme "émail à froid" pourrait
tomber sous le coup de la loi 8223 du 25/2/1982 sur les contrefaçons
dans la mesure où l'on considèrerait en France
(décret) que l'appellation "émail" correspondrait à une cuisson d'au moins 550°C.
Quoi qu'il en soit, "émail à froid", aussi employé que soit le terme, ne peut
être une juste désignation pour des techniques où il ne s'agit
pas d'émailler mais de décorer et qui plus est à basse température. Les confusions
(voire sinon les contrefaçons, du moins les parasitages) sont courantes mais ne doivent
pas être entretenues. Il faut rappeler non seulement la loi mais aussi la
définition du mot émail : « Matière incolore,
transparente ou opaque, obtenue par la vitrification de divers minéraux,
(...) » (Acad.). C'est on ne peut plus clair.
Ainsi quelle que soit la qualité des produits "à froid", il ne s'agit pas
d'émaux, encore moins de laques comme l'a suggéré l'un de nos lecteurs. Ce sont
des résines ou des peintures. Est-ce déshonorant ?
Il serait regrettable que, pour compenser les connotations du terme
"bijouterie fantaisie", l'on emprunte à certains mots leur soi-disant noblesse.
Techniques
spéciales d'émaillage, émaux particuliers
Techniques spéciales : voir champlevé, cloisonné,
niellé.
Émaux particuliers :
La "peinture émail". C'est un terme très abusif qui est
employé pour désigner certaines peintures et vernis destinés à la
décoration intérieure, plus particulièrement aux lieux humides comme les
salles de bains.
Citons pour terminer cette page
l'émail dentaire (adamantin), tout à fait remarquable
car, composé à 95% d'éléments minéraux, il est d'une dureté phénoménale.
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