En principe, un cristal qui a fondu retrouve
sa structure cristalline lorsqu'il refroidit. Or, dans différents cas, dont
celui du verre, l'état cristallin n'est pas retrouvé, surtout si le
refroidissement est rapide. Le verre froid conserve quelque chose de la
désorganisation acquise à l'état liquide. L'état vitreux moyen est de
dominante amorphe.
Signalons un
point de vue physico-chimique particulier :
le verre vu comme liquide visqueux.
Cliquer ici
Il arrive que ce processus s'effectue naturellement
sous l'action extrêmement violente de la foudre. Lorsque celle-ci s'abat sur un terrain peu
conducteur comme le sable, précisément, elle rentre profondément dans le sol
au lieu de s'étaler horizontalement comme elle le fait habituellement.
Il en résulte, à froid, un étrange tube de verre nommé fulgurite.

(photo
: National Oceanic and Atmospheric Administration/Department of Commerce)
Mais mis à part ce phénomène "fulgurant", dans l'ensemble, la nature
est plutôt avare en matière de verre car le refroidissement des roches est
généralement lent et occasionne donc le plus souvent une restructuration
cristalline.
Il existe deux autres exceptions :
* l'obsidienne,
véritable verre naturel (photo ci-dessous -
remerciements à Catherine Lisack),
résultat du contact direct d'une lave très siliceuse avec l'eau. Lire le
texte sur l'emploi de l'obsidienne
en sculpture. La fulgurite et l'obsidienne ont bénéficié de conditions
naturelles de refroidissement rapide.
Pour cette raison, les "coulées d'obsidiennes" ne sont pas rares dans les
environnements volcaniques humides ou glaciaires. En Islande notamment elles
mesurent plusieurs dizaines de mètres.

* la palagonite.
Elle est très banale mais... sur les fonds océaniques seulement ! La lave
soumise à l'action de l'eau subit en surface un refroidissement violent. Un
verre se forme, couvrant le coussin de basalte (lire
passage in Les
basalte). Puis,
au fil du temps, ce verre finit par subir l'action hydratante de l'eau et
devient jaunâtre.
Différents éléments oxydés peuvent former
des sortes de verres (on peut évoquer l'alumine), mais le plus courant, le plus important, est la silice. Le verre de silice pure est le
plus résistant à tous points de vue, mais sa haute température de fusion
(1710°C sans fondant sinon autour de 1200°C très approximativement) et les difficultés de mise en forme à l'état liquide expliquent qu'il soit
peu courant. La chaux carbonée (pierre à chaux) et la soude
sont des "fondants" communs permettant d'abaisser
cette température. D'autres substances apportent des propriétés
plus spécifiques, comme le spath fluor par exemple.
Le refroidissement est contrôlé à l'aide d'un four à basse température.
L'apport de silice est fourni par un sable blanc (de type Fontainebleau ou
Nemours, par
exemple) extrêmement proche de la silice pure. Un potier professionnel nous
précise cependant que malgré cette pureté, deux sables ne peuvent être
identiques et ne peuvent se comporter de la même façon même s'ils ont
été extraits du même gisement. Les compositions varient subtilement même
sur des distances très courtes.
Comme le sable, le verre peut être utilisé comme abrasif, une fois mis en
poudre.
Les colorants du verre sont ceux que l'on utilise pour les autres arts du feu
: les "oxydes".
Le verre est fondu, mais il peut également être taillé. Il existe des
meules spéciales qui permettent de réaliser ce travail par abrasion.
Des catégories un peu particulières de verres sont les
émaux de type couvertes
et les glaçures. Ce qui les distingue avant tout,
c'est qu'elles sont préparées de sorte à ce qu'elles adhèrent le plus possible à
la terre - et parfois au métal. Pour cela, on fait souvent une pâte de verre plus épaisse et "plastique"
que celle des verriers - notamment afin d'éviter les coulées - en ajoutant de l'alumine.
Autre différence : les glaçures et les couvertes ne sont, avant cuisson,
que des matériaux bruts pulvérulents "posés" sur la terre, dilués dans l'eau,
éventuellement appliqués au pinceau ou bien par trempage de la pièce entière,
entre autres procédés. A cru, leur couleur est vraiment
blanchâtre à cause de la silice et des autres composants. C'est en cuisant qu'a
lieu la transformation en verre et que les colorations se révèlent pleinement.
L'artisan ou l'artiste doit disposer de solides facultés de représentation
mentale pour anticiper sur ce changement qui est radical.
A l'opposé des terres, le verre des verriers est mis en fusion puis
façonné et on ne lui applique pas à proprement parler des glaçures.
Dans tous les cas, les éléments
ajoutés à la base siliceuse essentielle - contenue dans l'argile, le feldspath
et différentes autres substances utilisées comme bases - servent à altérer
les propriétés de celle-ci. Les adjuvants modifient la matité, l'opacité, la
charge chimique et la couleur des verres et émaux. Ils sont innombrables et parfois
surprenant (lire par exemple l'article
uranium du glossaire).
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