Les
colles comme liants et enduits
La distinction entre colle et liant est d'abord l'usage que l'on en fait, mais il existe
aussi une vraie différence de caractéristiques générales : des liants
exceptionnels comme l'huile ou le jaune d'oeuf sont des colles plutôt
médiocres, sauf pour certains usages. Il en va de même pour le Caparol
®,
pourtant parent proche des excellentes colles polyviniliques.
Cela tient à la
longueur des fibres, résines et/ou macromolécules
que contiennent ces produits et à leur tridimensionnalité (voir réticulation)
ainsi qu'à leur viscosité, leur degré d'insaturation,
etc.
Le liant est une
dispersion de
"petites" molécules prêtes à s'assembler au séchage en
macromolécules autour des pigments. Les colles sont généralement moins émulsionnées,
c'est-à-dire que leurs constituants, polymères ou collagènes, peuvent être déjà
plus
assemblés, n'ayant pas de pigment à enrober par la suite. Leur séchage
provoquera seulement une réorganisation adaptée aux supports à assembler. Bien sûr, ce
portrait comparatif est un peu grossier. Il essaye juste de saisir des
tendances. Remarquer quand même que plusieurs colles
synthétiques sont clairement présentées comme polyvinyliques ou polyacryliques (polymériques
- voir ci-dessous)
alors que les liants vinyliques ou acryliques ne sont jamais présentés comme
d'emblée polymériques.
Même du point de vue visuel, ceci est
sensible : les liants sont nettement amorphes alors que les colles présentent
souvent une certaine structure plastique ou même de vagues blocs plus ou moins formés.
Cette observation rejoint en partie la
distinction que l'on fait entre "colles à prise physique" et "colles à prise
chimique" (lire passage in La colle,
article du glossaire).
Le "tirant" des liants est sensiblement plus faible, dans l'ensemble, que
celui des colles. Nuançons ce propos : une colle polyacrylique a un tirant
supérieur à un liant acrylique, une colle polyvinylique semble plus visqueuse qu'un liant
vinylique, mais un liant acrylique a un tirant supérieur à une colle
polyvinylique.
Il faut reconnaître que les liants ne sont rien d'autre que des colles à
pigments, des poids plumes ! D'une certaine manière, on pourrait dire que
c'est déjà beau que le Caparol ® et l'huile de lin - entre autres -
puissent faire adhérer efficacement des feuilles de papier bien léger ou de menus
objets. Certains liants acryliques, réticulant différemment, autorisent même le
collage ou l'inclusion d'assez gros objets.
Réciproquement, la colle est souvent un liant médiocre (ex. : les colles
blanches, ci-dessous).
Enfin, signalons que la colle est souvent teintée, tantôt blanche, tantôt jaune,
parfois complètement opaque alors que les liants sont à peu près tous
transparents après séchage.
Un
détournement hasardeux : la colle blanche comme liant
Certains peintres et étudiants
utilisent la colle blanche comme liant. Nous devons signaler un inconvénient
important de cette pratique :
Une colle blanche de type colle à papiers
peints résistera souvent mal, voire très mal à une
aspersion massive,
contrairement à la plupart des liants synthétiques. Ce n'est pas un détail : cela veut dire
que vous ne pourrez pas exposer les oeuvres sans risque en plein air, par
exemple ! Ce point de vue n'est
pas spéculatif ni hasardeux : il est confirmé par l'expérience. La colle blanche
PEUT être remise en solution ; elle peut s'avérer réversible
sous certaines conditions.
Origines
des colles
La colle est d'origine
* végétale (de la glu au latex),
* animale, protéique
(dissoute par l'alcool, durcie et
imperméabilisée par l'acétone et le formol)
s'appliquant
* à chaud : gélatines (voir collagène
et colloïde).
Elle est constituée de protéines incomplètes et présente certaines
caractéristiques de souplesse et de perméabilité. Elle est sensible
à l'humidité et au contact de l'eau.
* à froid : caséine. Elle est alors
constituée de protéines complètes, s'avère plus imperméable (elle
reste réversible
seulement quelques semaines) mais surtout beaucoup moins souple,
pure, sans adjuvant, que
les gélatines.
* ou synthétique (voir ci-dessous).
Les colles comme enduits
Les colles animales et végétales constituent souvent d'excellents enduits permettant de tempérer
ou d'annihiler la porosité des supports. Il est cependant prudent de contrôler
leur pH (papier tournesol) et de
s'assurer qu'elles ne conservent aucune viscosité une fois sèches.
Comme nous l'avons signalé ci-dessous, certaines colles
synthétiques peuvent être taxées de réversibles. Ce n'est pas le cas des
colles polyacryliques, mais celles-ci conservent un tirant incroyable même à
sec. Elles doivent être à leur tour enduites sans quoi elles sont susceptible
de "sucer" littéralement les matières liquides de la peinture que
vous appliquerez par-dessus (information pleinement confirmée).
Seuls
les enduits et les liants synthétiques à pH neutre, non réversibles et
non visqueux à sec peuvent être utilisés pour l'enduction et l'encollage.
Les
colles synthétiques
Beaucoup sont acides, mais pas toutes, loin de là :
* les colles polyvinyliques (colles blanches,
colles à papiers peints, colles de tapissiers, certaines colles à bois) sont
souvent neutres, mais des exceptions peuvent exister ;
* nous avons relevé une très légère acidité dans une colle
polyacrylique, mais cela ne peut
disqualifier ce produit d'une excellente tenue ;
* certaines colles en spray (repositionnables ou
définitives) sont neutres, d'autres non. On peut se fier à la notice ou
vérifier soi-même (papier tournesol) ;
* toutes les autres substances doivent être
testées avant emploi car la plupart sont acides ou présentent d'autres
particularités incompatibles avec certains emplois en arts plastiques.
Les colles pouvant être employées pour les arts plastiques sont avant tout
celles qui présentent un pH neutre ou très légèrement alcalin.
Une colle légèrement acide ne doit pas forcément être dédaignée. Dans
certains cas, elle peut être enduite d'un élément isolateur chimiquement neutre.
Voir Enduits et apprêts, diluants,
solvants et dissolvants.
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