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Les huiles à peindre  

 

 

 

Qu'est-ce qui caractérise les huiles par rapport aux autres liants ?

 

Ce que nous dit le glossaire, c'est qu'une huile pure n'est pas soluble dans l'eau pure. Sa chimie est donc totalement distincte de celle des peintures aqueuses. Cela détermine la manière dont le séchage s'opère et c'est dans ce domaine que l'huile se distingue le plus. Elle ne se comporte pas du tout comme un liant aqueux dont l'aspect devient plus mat au fur et à mesure de l'évaporation. L'huile sèche différemment : son aspect ne s'altère pas, elle conserve son satiné typique et ne subit presque aucun "retrait".

Aucune peinture aqueuse n'offrira jamais le "plus" typique des huiles à peindre classiques, obtenu sans traitement additionnel : la souplesse d'emploi lors du travail prolongé "dans le frais" pour la formation de mélanges colorés alla prima, la fidélité du résultat sec, l'impression de fraîcheur.

Sommaire

Typologie

La siccativation

Caractéristiques

Choix des huiles à peindre

Traitements par la chaleur, par le soleil

Huiles à peindre vs autres huiles

Une huile "de qualité artistique" n'est pas toujours un liant

Nettoyage, diluants, solvants et dissolvants

Dangerosité des huiles à peindre

Attardons nous au processus très particulier du séchage des huiles, qui définit des catégories.

 

Typologie

Il faut distinguer deux types fondamentaux :

* les huiles saturées, qui sont incapables de passer à l'état solide, telles les huiles minérales. Le fait qu'elles soient saturées nous indique qu'elles ne se mêlent pas aux autre corps.

* les huiles insaturées, seules huiles vraiment liantes. Ces huiles, dont certaines sont des "huiles à peindre", ne sèchent pas à proprement parler, au sens où on l'entend pour les peintures aqueuses, c'est-à-dire par évaporation. Tout en s'oxydant naturellement (processus de siccativation), elles se solidifient en emprisonnant les pigments.


L'insaturation d'un corps gras dépend du nombre de doubles liaisons qu'il contient (lire absolument La saturation). Le nombre de corps éthyléniques dans les molécules concernées est déterminant.
En principe, une huile monoinsaturée (une seule double liaison) est semi-siccative, une huile biinsaturée (deux doubles liaisons) est siccative et une huile triinsaturée (trois doubles liaisons) est extrêmement siccative. Lire tout particulièrement L'indice d'iode in La saturation, article comportant un tableau exprimant le degré d'insaturation de différentes huiles.
D'autres facteurs agissent sur la siccativité, comme la présence d'autres corps, la forme des molécules et la position des doubles liaisons dans les chaînes moléculaires. Ces points sont essentiels et caractérisent les propriétés de chaque huile.

De plus, toute huile naturelle est composée de proportions variées de corps gras. Les acides les plus courants dans les esters sont l'acide linoléique, très présent dans l'huile de lin, ainsi que ses isomères dont l'acide linolénique et par ailleurs, l'acide oléique, nettement plus saturé. Nos huiles à peindre comportent ces corps et bien d'autres, variant beaucoup en fonction de leur provenance et de leur traitement. Leur siccativité ne peut être qu'une donnée statistique et n'est pas la seule qui soit déterminante.

Il faut aussi mentionner l'importance du degré d'insaturation dans les phénomènes de coloration. Lire à ce sujet le chapitre XII des Dialogues de Dotapea, Le jaunissement.

Enfin et surtout, une huile qui siccative vite ne donne pas nécessairement un film solide. Une huile à peindre se distingue par la conjugaison de plusieurs facteurs, pas seulement par de bonnes caractéristiques de siccativité.

 

La siccativation

Peintres, chimistes et fabricants d'huiles emploient une autre verbe que "sécher" : siccativer. Il s'agit en fait d'une alliance solidifiante entre d'une part l'huile et d'autre part l'oxygène provenant 

* de l'air ambiant

* de l'ajout dans la pâte de molécules de métaux oxydées bien spécifiques : plomb, manganèse, cobalt et zirconium et quelques autres matières nommées siccatifs. Ces substances - parmi d'autres - peuvent communiquer à l'huile, en profondeur, leur propre charge d'oxygène, provocant la siccativation. Par ce processus, les doubles liaisons se saturent.

Le phénomène naturel d'oxydation explique à lui seul le gain de masse de toute oeuvre peinte à l'huile lorsqu'elle a siccativé, phénomène inverse de ce qui se produit avec les peintures à l'eau. L'huile incorpore progressivement de l'oxygène alors que les peintures aqueuses en perdent rapidement la majeure partie.

L'oxydation s'accompagne d'une réticulation. Les macromolécules se relient, se propagent dans toutes les directions, de manières diverses, formant un véritable filet à pigments. L'adjonction de résines ou autres substances influencera ce développement tridimensionnel des macromolécules.

Plus d'informations : lire passage in Les dialogues de Dotapea, chap. I, A propos des liants.

 

Choix des huiles à peindre

 

En ce qui concerne le durcissement et la soliditification qu'occasionnent la siccativation, l'huile de lin présente des caractéristiques exceptionnelles (penser qu'avec cette huile, on fabrique des produits aussi résistants que le linoléum ou le mastic de vitrier).

L'huile de noix sèche un peu moins vite ainsi que l'huile de carthame, l'huile d'oeillette, l'huile de soja et l'huile de tournesol qui sont également présentes en petites quantités dans de nombreux produits en tubes. Les producteurs ont fait certains choix dont les raisons - au demeurant souvent honorables - sont exposées dans l'article L'huile de lin et discutés dans "Séparer ou non liants et pigments".

Des polémiques ont opposé au XXème siècle peintres et fabricants au sujet du choix de l'huile dans les produits vendus sous forme de tubes et quant à l'information du peintre "consommateur" au sujet de ces choix. Certaines entreprises ont choisi la transparence, spécifiant le liant utilisé sur chaque tube de peinture. Quelques unes sont revenues sur leur choix pour des raisons obscures - très mauvaise stratégie commerciale qui instaure un malaise, nous l'avons constaté chez les acheteurs et les détaillants - tandis que d'autres, demeurées fidèles à une ligne de conduite transparente et qualitative, ont acquis une excellente réputation.

Un bon tube de peinture devrait porter mention de la composition du liant notamment parce que celui-ci possède une siccativité spécifique dont le peintre doit absolument tenir compte ! On n'imagine pas, par exemple, une couleur plutôt "siccative" comme une Sienne naturelle liée à l'huile de lin posée au dessus d'une autre couleur, moins siccative, comme un cadmium lié à l'huile d'oeillette : sans adjonction de siccatif, l'oeillette ne sèchera jamais assez vite. Sauf respect d'un temps de séchage se comptant en années ou en décennies, c'est l'accident pictural assuré, comme toujours lorsqu'il y a un trop fort différentiel de siccativités !

On rétorquera qu'un fabricant honnête et intelligent n'utilisera l'oeillette que pour un pigment ayant des propriétés siccatives. Le problème est qu'aucun chimiste ne peut deviner quel mélange le peintre va mettre en oeuvre et ignore donc quels liants vont être mis en présence de quels pigments...

Les gammes dont le liant varie beaucoup en fonction des couleurs présentent donc certains risques.

 

Traitements par la chaleur, le soleil

Les huiles à peindre, comme les huiles alimentaires, se cuisinent, se travaillent à la chaleur. Celle-ci leur octroie une solidité supérieure, les Flamands le savaient déjà. Une huile qui a cuit (avec ou sans litharge) a toujours un peu plus de liant. Une huile claircée au soleil est plus pure. Lire l'article Cuisine des huiles. Les recettes sont innombrables. Elles concernent principalement l'huile de lin, mais aussi l'huile de noix.

 

Les huiles à peindre versus les huiles alimentaires et les huiles minérales

 

Les huiles à peindre siccativent, mais les huiles alimentaires généralement moins. De plus, elles ne donnent pas un film très solide, dit-on. Pour cette raison, celles-ci ne sont que peu utilisées comme liants purs et lorsqu'elles sont adjointes à d'autres huiles, c'est toujours par les fabricants.
C'est un peu dommage. Il n'est pas du tout déconseillé de réaliser de petits travaux "jetables" avec de l'huile de tournesol. Certains réalisent même toutes leurs oeuvres de cette manière.

De toute manière, se servir d'huiles inhabituelles permet d'apprendre à les connaître. A terme, le peintre finit par déduire quels types d'usages il peut en faire conjointement aux huiles à peindre classiques.

A l'opposé, les huiles minérales entrant notamment dans la composition de carburants ne peuvent faire office de liants. Elles sont colorées, sentent fort (elles sont souvent toxiques), sont trop saturées, souvent sales et bourrées d'impuretés. Seuls certains acides phtaliques dont la fabrication est particulièrement contrôlée permettent de créer des liants. Il s'agit des alkydes.

 

Toute huile "de qualité artistique" ne doit pas être utilisée comme liant principal de votre peinture

 

A cause d'un tirant trop élevé, d'une tendance à rancir ou d'autres raisons, certaines huiles (huile de noix, standolie, huile cuite, etc.) ne peuvent être utilisées que comme liants auxiliaires ou simples adjuvants.

Par ailleurs, en fonction du pigment, une huile devrait en principe être "ajustée". Citons Gilbert Delcroix et Marc Havel (Phénomènes physiques et peinture artistique, p. 39) : "Il existe en fait un indice d'acide optimum de l'huile à employer avec chaque pigment et les écarts avec cet optimum conditionnent les qualités de stabilité du mélange liant-pigment."

Bien entendu, cet ajustement (de la quantité d'acides libres dans l'huile) n'est guère à la portée du peintre, mais plutôt à celle du fabricant.

 

Nettoyage, diluants, solvants et dissolvants

 

Diluants à peindre : essences. Voir absolument le Tableau des essences.

Diluants/solvants pour le nettoyage des pinceaux : éviter la térébenthine dont les résines feraient coller les poils des pinceaux. Le white spirit peut s'avérer trop agressif. Préférer l'essence de pétrole désaromatisée. Pour les cas désespérés, utiliser les produits manufacturés pour le nettoyage des pinceaux très englués. Mais attention : ces produits-là contiennent habituellement des hydrocarbures benzéniques qui sont loin d'être anodins.

Lire l'article consacré au nettoyage.

Dissolvant des huiles à peindre : acétone, alcool à brûler (emploi facile), ammoniaque, hydrocarbures benzéniques (produits dangereux, voire même extrêmement dangereux).

Voir Diluants, solvants, dissolvants.

 

Dangerosité des huiles à peindre

 

Une huile ne s'enflamme pas aussi facilement qu'une essence (l'huile de lin, par exemple, bout à 387°C). Cependant, une fois en ignition, elle est beaucoup plus difficile à éteindre.

Éviter de jeter de l'eau sur l'huile bouillante. Cela provoque des projections susceptibles d'étendre rapidement l'incendie et de créer des lésions profondes. Il vaut mieux essayer d'étouffer le feu à l'aide, si possible, d'un extincteur à la "neige carbonique". Pourtant, selon des professionnels que nous avons consultés à ce sujet, des commerces et lieux publics où sont stockées des huiles ne sont pas pourvus d'extincteurs au CO2 car ceux-ci contiendraient des éléments chimiques occasionnant certains effets pouvant accroître le sentiment de panique (espérons que l'on puisse ajouter foi à ce genre d'informations). Par ailleurs, les extincteurs "à l'eau" contiendraient des éléments susceptibles, selon eux, d'être efficaces également. Notre enquête est en cours et nous considérons par prudence que ces affirmations ne sont pas forcément à prendre au pied de la lettre. On en restera pour le moment à l'affirmation initiale : pas d'eau sur l'huile bouillante à cause des projections.

Au chapitre des mesures préventives, deux remarques :

* il est toujours bon, lorsque l'on est peintre ou plasticien, de savoir où se trouve le plus proche extincteur et le plus proche téléphone en service.

* comprimés dans une poubelle, les chiffons imprégnés d'huile auraient tendance à chauffer. L'oxydation (siccativation) de l'huile produirait cet effet en présence de tissus. Il vaudrait mieux étaler ceux-ci.
Ce phénomène est signalé par Kevin Mac Cloud, auteur de référence, et des sources moins célèbres, mais nul parmi nous ne l'a constaté.
Il semble que l'huile d'abrasin (non considérée à ce jour comme huile à peindre mais surtout comme enduit de finition pour le bois), dont la siccativité est particulièrement remarquable, présente plus concrètement des dangers de cet ordre.

 

Lire absolument l'article Séparer ou non liants et pigments.

 

 

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