Alkydes
Présentation
Alcool et acide
ont donné bizarrement le néologisme alk-yde. Un terme plus qu'imprécis car il peut désigner
n'importe quel ester. Il s'agit
d'un liant thermodurcissable, une
émulsion, typiquement un polyorthophtalate de glycérol.
Une composition qui évoque une appartenance à la famille des liants
glycérophtaliques. Dans
les usages - mais aussi selon André Béguin
(t. 1, p. 47) -, le terme d'alkyde semble même englober les liants "glycéro", soit
les variétés grasses de ces émulsions à base d'acides phtaliques et de
glycérine.
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Sommaire
Présentation
Caractéristiques
Qualité
du procédé |
A ce sujet et celui des problèmes de
farinage des versions précédant l'avènement des alkydes modifiés aux acides
gras, lire un
passage du Courrier des Lecteurs.
La peinture alkyde est née au début du XXème siècle.
Disons-le, telle quelle, elle n'a ni la beauté satinée de
l'huile ni les capacités plastiques de l'acrylique. Elle a ses caractéristiques propres, encore que
celles-ci soient extrêmement difficiles à définir car elles sont le résultat de
manipulations chimiques variées. Aussi
faut-il certainement considérer LES alkydes comme "d'autres peintures", comme une discipline tout à fait à
part, et éviter la comparaison avec l'acrylique ou avec la peinture à l'huile - à moins de
faire des combinaisons avec des huiles à peindre végétales, pratique attestée.
En émulsion maigre, la peinture alkyde se travaille surtout à l'eau, éventuellement à l'essence mais ne laisse pas
toujours, une
fois sèche, une couche huile+pigments pure, contrairement à ce que prétendent
certains auteurs et peintres : l'eau s'évapore, certes, mais le liant demeure aqueux
et reste un facteur permanent de réversibilité,
même lorsqu'il s'agit de marques réputées. Il semblerait cependant que ce "défaut" soit corrigé
dans certaines gammes de produits. Pourtant, cette propriété est d'autant plus sensible que
l'alkyde est maigre et il semble essentiel de garder présent à l'esprit le fait
que les peintres décorateurs n'utilisent pas sans raisons des variétés
grasses...
Certaines variétés d'alkydes qui sont destinées à la décoration semblent nécessiter de
très puissants solvants (benzéniques)
pour être retravaillées après séchage.
Diluants :
*
eau (de préférence
pour les formulations maigres),
*
essence (de préférence
pour les formulations grasses)
Solvants, dissolvants : voir
ci-dessous
Qualité du procédé
Caractéristiques
*
temps de séchage courts ou moyens
*
aspect souvent mat après séchage (surtout avec
certaines émulsion maigres), mais il existe des exceptions et nous savons que
des laboratoires travaillent actuellement sur cette question
*
certaines variétés sont réversibles (parmi les émulsions maigres
particulièrement), ce qui pose un problème
pour le travail en glacis et le vernissage. En revanche, cela les prête assez bien à un
emploi par des débutants
*
il existe une panoplie de liants et médiums
adaptés à ces produits mais pouvant aussi utilisés pour l'huile (le Liquin ®,
par exemple, est employé par quelques peintres pratiquant la peinture à
l'huile)
*
son retrait au séchage est assez important
(émulsion maigre particulièrement), sauf exceptions
*
elle a du succès dans certains milieux
socioculturels à peu près limités à l'Amérique du Nord anglophone et
surtout à l'Amérique francophone ainsi qu'une frange socialement aisée de
l'Amérique du Sud. Selon une peintre québécoise, la pâte alkyde, en
autorisant d'une manière édulcorée l'emploi de l'huile, éviterait aux Nord-américains de se confronter à
certains symboles que représenterait cette dernière utilisée pure, à
la manière européenne. Nous ne commenterons pas ce propos assez
"fort" qui n'engage que cette artiste mais qui méritait d'être
cité en tant que point de vue.
Les alkydes commencent par sécher (évaporation du diluant, eau ou essence, polymérisation
de la part maigre du liant), puis, elles
siccativent (incorporation d'oxygène, comme pour la peinture à l'huile). Le
séchage est assez rapide pour ne pas interférer avec la siccativation,
phénomène plus lent. La
peinture est censée devenir sèche au toucher en six heures environ pour l'émulsion
maigre.
Qualité
du procédé
Les peintres préfèrent généralement
l'émulsion
grasse (plus proche de la peinture
glycérophtalique), considérée comme plus riche sur le
plan des possibilités plastiques. Il faut cependant tempérer cette opinion car
de nouveaux produits apparaissent, avec de nouvelles propriétés.
L'offre commerciale semble s'orienter de plus en plus vers les formulations maigres (voir émulsions
grasses et maigres), pas
toujours décrites clairement en
ce qui concerne les produits destinés aux arts plastiques. C'est bien ce que
l'on peut reprocher aux fabricants. Le peu de succès des alkydes dans le monde
artistique européen n'est sûrement pas sans rapport avec ce genre d'attitudes.
L'argument de vente est généralement "achetez notre coffret, c'est pas cher, ça
se dilue à l'eau et ça sèche plus vite que la peinture à l'huile" (soit dit sans
exagération, comme une petite enquête sur le web peut le prouver). Dissuasif.
Et de fait, on constate que les artistes professionnels ou semi-professionnels
européens préfèrent la "glycéro", l'alkyde gras.
La réversibilité de certains alkydes maigres d'usage
artistique est un fait, non une supputation. L'expérience démontre qu'avec
certains produits, une couche séchée depuis une semaine peut être réactivée et
reprise comme une gouache d'hier à l'aide d'un pinceau gorgé d'eau ! D'autres
variétés seraient plus résistantes, mais si la recherche en
laboratoire semble pointue, on ne peut pas en dire autant de la communication.
La question "à quel produit ai-je réellement affaire ?" se pose avec acuité,
encore et toujours, au détriment de tous.
Il n'en va pas de même dans le domaine de la peinture décorative et
certaines "branches" des arts plastiques où ces questions ne se
posent pas en ces termes. On recherche généralement un produit solide, non
réversible et de coût modéré. Dans ces domaines, les formulations sont donc grasses et
donnent des résultats très différents.
Dans le domaine décoratif, il existe des variantes combinées au polyuréthane ("alkydes
modifiés uréthane") destinées à produire des vernis relativement
souples.
De nombreux produits
"tout prêts" annoncés
comme peintures à l'huile sont en fait des alkydes. Il faut d'ailleurs
noter l'emploi de plus en plus courant de ces produits en Europe, déjà
mentionné en Amérique du Nord voici quelques années. On remarquera que le
diluant pour alkydes le plus utilisé en peinture décorative est le white
spirit, ce qui signale une émulsion grasse. Tant pis pour les émanations peu
saines que répand cette essence ! L'essence
de pétrole raffinée est moins nocive ; nous la conseillons.
La permanence des peintures décoratives alkydes
serait médiocre pour certains emplois
: sensibles aux ultraviolets, à l'extérieur, elles deviendraient cassantes
et craquelleraient
en quelques années. Cependant les vernis alkydes jauniraient beaucoup
moins vite que les produits au polyuréthane.
Comme cela a été mentionné ci-dessus, il existe d'ailleurs des produits
combinant les deux substances.
L'industrie de la peinture alkyde est-elle une nouvelle
"grande muette" ? La question est posée, mais certains ont déjà trouvé
une
réponse. Des spécialistes en peinture
décorative conseillent l'ajout d'huile de lin dans le liant alkyde à
hauteur de 50% !
Voir aussi Liants émulsions
et Liant glycérophtalique.
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