Acrylique(s)
Les nombreux adjuvants que proposent les fabricants permettent cependant
d'ajouter du brillant, du satiné, de la transparence à la pâte de sorte à
retrouver le mystère que la transparence donne à la peinture à l'huile
appliquée en glacis.
Les réserves émises quant à la jeunesse de ce produit et l'absence de toute
expérience de conservation à long terme s'évaporent progressivement avec le
temps. Les toutes premières acryliques se sont mal comportées : sensibles aux
UV, elles craquelaient. Mais il y a eu
correction.
La longévité d'une bonne acrylique actuelle se compte a minima en décennies.
L"épineuse question des origines
* Xavier de Langlais
situe les premières recherches sur l'acrylique et le vinyle dans l'Allemagne des
années 1930 ("environ 25 ans" avant la publication de la première édition du
livre en 1959).
* André Béguin situe la
commercialisation des premières versions à usage artistique en 1958, aux
États-unis, introduites en Europe peu après.
* D'autres sources non confirmées
donnent la primeur au Mexique des années 1950 par le biais de l'utilisation
détournée d'acryliques décoratives à des fins artistiques.
* François Perego
rappelle qu'en 1843, Redtenbacher - vraisemblablement Joseph - découvrit le
moyen d'obtenir de l'acide acrylique sur la base d'un produit se polymérisant
spontanément, l'acroléine. Dans les années qui suivirent, différents chercheurs
se seraient employés en Europe germanophone à former à l'aide de cet acide des
esters polymériques.
En 1901, Otto Röhm soutient une thèse (une
dissertation selon d'autres sources) sur les produits de polymérisation de
l'acide acrylique (à Tübingen ou à Munich) après quoi il fonde l'entreprise
"Otto Haas" (à Esslingen en 1907 puis à Darmstadt à partir de 1909, selon
d'autres sources qui ne spécifient pas, contrairement à F. Perego, si Otto Haas
est une personne réelle ou seulement le nom de l'entreprise). Cette entreprise
commercialise le polyméthacrylate de méthyle (en 1927), à savoir
la première "acrylique", puis de nombreux dérivés, tous encore coûteux à
l'époque selon le même auteur. Leur vocation, selon celui-ci, ne rejoint la
peinture artistique qu'à partir de 1949 (gamme Magna ® de Bocour Artist Colours,
Etats-Unis). Malheureusement, F. Perego n'évoque pas les peintures décoratives.
Suivent en 59 la Liquitex ® de Permanent Pigments
(en France seulement en 67) - qui existe toujours -, en 62 Lascaux (Suisse), en
63 Lefranc & Bourgeois, Talens en 65, etc.
* Selon un lecteur de Dotapea qui nous a
contactés, l'acrylique aurait "été inventée au Mexique au début du XXème
siècle vers 1905 (au moment de la révolution mexicaine contre la dictature de
Porfirio Diaz ) par des chimistes de l'Institut National Polytechnique de
Mexico, et en collaboration avec les maîtres peintres muralistes mexicains, lors
de la réalisation des fresques sur les façades de l'université de Mexico. Les
écrits de David-Alfaro Siqueiros (peintre-muraliste mexicain) : "L'art et la
Révolution", racontent dans le détail la mise au point de cette technique
picturale) mise sur le marché en 1950. Elle apparaît en France dans les années
1960 (à confirmer).
Par contre pendant les premiers essais de cette
technique picturale,le Mexique ne s'est jamais approprié l'invention de
l'aérographe (lui aussi utilisé pendant cette période) qui, lui, a été inventé
par Charles Burdick peintre aquarelliste anglais en 1897. Ces deux techniques
ont bel et bien été utilisées conjointement à partir de 1913 lors de la
réalisation des fresques qui ornent les façades de l'université de Mexico.".
Comme on le voit, les opinions divergent. N'hésitez pas à
nous signaler des cas précis.
Chimie de
l'acrylique
Les peintures acryliques sont des esters fabriqués à partir d'acide
acrylique [( CH2)2-CO2] et d'acétylène
(notamment). Pour plus
d'informations, consulter l'article du glossaire.
La chimie de l'acrylique, à base éthylénique
comme l'huile de lin, peut produire de nombreuses
sortes de peintures et de colles aux propriétés étonnement variées. Elle est
paraît-il plus complexe que la chimie du vinyle.
Le choix d'une peinture acrylique repose donc en
bonne partie sur la qualité chimique du liant et sur son adéquation au travail
à effectuer. Certaines peintures destinées à la finition des carrosseries
automobiles ou des radiateurs risquent de ne pas donner d'excellents résultats
pour l'artiste qui peint sur toile. Il y a de bonnes surprises, mais la prudence
est de mise.
Les acrylates possèderaient des
fonctions acides hydrophiles, donc il y aurait toujours une
action de l'humidité ambiante. Les vinyles seraient
plus résistants de ce point de vue.
L'affirmation selon laquelle n'importe quel vernis
acrylique dilué peut servir de liant est on ne peut plus hasardeuse (voir Détournements).
Elle se justifie par contre assez bien en ce qui concerne les vernis destinés à
l'ébénisterie.
Diluants : eau
mais aussi essences pour certaines variétés de produits (quelques vernis
acryliques, notamment).
Solvants, dissolvants : alcool à brûler
(pas toujours très efficace comme détachant, il peut nécessiter un peu de patience), hydrocarbures
benzéniques (contenus dans les "diluants pour peintures synthétiques
non cellulosiques" du commerce).
Voir Diluants, solvants, dissolvants.
ETONNANT :
Bien que le diluant utilisé pour ces peintures soit généralement l'eau, les
acryliques présentent, avec les peintures grasses, de surprenantes analogies .
Et même davantage :
Certains auteurs affirment que les liants acryliques et
vinyliques sont des corps gras comparables à des huiles. Comme beaucoup de
peintres, considérant ces produits comme maigres car diluables à l'eau, nous
avons rejeté dans un premier temps cette affirmation. Mais les mêmes sources
affirmant en plus que ces peintures peuvent aussi accrocher sur une surface enduite de
peinture à l'huile bien sèche, nous avons été assez intrigués pour
réaliser plusieurs expériences. Le
résultat, à cette heure, ne peut être considéré comme définitif, mais de
fait l'accrochage est bien réel et assez solide, même s'il n'est pas aussi intime
qu'il aurait pu l'être avec une couche d'huile. Comparativement à d'autres expériences
réalisées avec du liant méthylcellulose et autres substances maigres, le
résultat a de quoi surprendre.
Nos expériences portaient sur l'accrochage du liant
acrylique pur. Il est évident que l'adhérence réduit d'autant plus que l'on
charge le liant de pigment. Nous conseillons donc l'apposition d'une couche de
liant pur, préalable à l'application de peinture acrylique ou autre.
L'application sur la gomme laque donne également de très
bons résultats.
Mentionnons, pour clore la parenthèse, la possibilité,
évoquée par certains, d'appliquer de l'acrylique sur de la cire (en principe, on ne peut recouvrir de
la cire qu'avec de la cire !) sous certaines conditions et moyennant certaines
actions mécaniques. Ce procédé nécessite des expérimentations
poussées en atelier.
Caractéristiques
des procédés à l'acrylique
Ce qui est décrit dans cette section concerne la
peinture acrylique proprement dite, le liant, mais il faut
bien noter que l'une des particularités principales du "procédé acrylique" est précisément de
présenter une capacité de transformation tout à fait remarquable grâce à
une grande variété d'adjuvants (voir plus
loin, Extension des capacités). Il existe de nombreux médiums, gels,
diffusants, etc., permettant de modifier
profondément les caractéristiques de cette peinture.
La finesse de la peinture acrylique pure n'est pas son atout
majeur, exceptés quelques produits. Le compresseur (aérographe) n'y fait
rien en dispersant la pâte en
gouttelettes microscopiques : quelle que soit la technique d'application, la
pâte - sans adjuvant - aura toutes les peines du monde à atteindre la précision
et la délicatesse florale d'une aquarelle par exemple. Elle est
trop visqueuse pour cela et sa réticulation
la destine normalement davantage à l'empâtement qu'aux couches fines, même si
parmi les gammes extra-fines, voire fines, on remarque des
produits ayant des qualités plus que correctes dans ce domaine, échappant à l'aspect
habituel un peu "latex" évoqué
ci-dessus.
Ces rares exceptions ont d'emblée un aspect agréable sans
adjuvants. Le peintre peut partiellement vérifier la bonne qualité du liant quand la brillance varie
vraiment comme elle doit le faire, en fonction du type de couleurs (organiques->brillant, autres->mat
- voir Organiques vs inorganiques).
Ce sont la viscosité et la SOLIDITÉ qui font l'intérêt des
matières acryliques en tant que liants, comme modeling pastes ou gels
d'empâtement mais aussi en tant que colles (voir Colles
polyacryliques in Glossaire, Ajout
de matière sur une toile in Relief).
Par conséquent; des empâtements moyens peuvent être réalisés sans adjonction de
médium. A partir d'une épaisseur - qui peut varier selon le produit -, des
craquelures apparaissent au moment du séchage, mais elles ne s'aggravent pas
d'elles-mêmes
par la suite.
Le liant pur est, une fois sec, d'une grande transparence.
Certaines variétés de qualité permettent d'incruster de menus objets en procédant par strates. Il est cependant
indispensable la plupart du temps de préférer un gel plus ou moins épais pour ce
type d'opérations.
La peinture acrylique autorise un vrai travail de peinture. Certains artistes qui ont essayé d'autres techniques ne leur trouvent
pas autant d'atouts.
Cependant, loin d'affirmer que seules l'huile et l'acrylique
autorisent un authentique travail de peinture, reléguant les autres techniques
au rang de colorants pour illustrations (cette opinion fallacieuse persiste
malheureusement), spécifions plutôt que tout peintre cherchant un liant synthétique fin et transparent ne devant pas
être empâté est invité à s'intéresser aussi aux peintures
vinyliques et dans une moindre mesure aux alkydes
ainsi qu'à toutes les sortes de liants.
Enfin, la simplicité et la souplesse d'emploi
de l'acrylique doivent être mentionnées :
* temps de séchage courts propices à
l'initiation à la peinture, aux réalisations sur le motif, à certaines manières de peindre
spontanées ou très stratifiées et à la peinture décorative pour les intérieurs,
* manipulation aisée des médiums, quasi absence d'odeur. Des cas
d'allergies nous ont été rapportés, mais ils sont très rares. Ils sont
d'ailleurs probablement liés à des adjuvants.
De plus, le
vernissage n'est pas forcément nécessaire sauf pour unifier l'aspect
brillant ou mat du tableau ou bien lorsqu'il s'agit de peintures réalisées à l'aérographe,
car celles-ci se rayent facilement. Un autre cas peut-être envisagé : la
protection d'une oeuvre devant être exposée à une source de rayonnements
ultraviolets.
Certains vernis ont effectivement une fonction protectrice anti-UV.
Le nettoyage d'un tableau non vernis peut parfaitement être exécuté à l'eau, l'acrylique étant imperméable
et irréversible. On mentionne des cas particuliers de peinture mal préparées
(pigment en proportion beaucoup trop importante par rapport au liant) qui
certes, ne peuvent être lavées, mais il faut préciser que dans ce dernier cas,
la couche picturale ne tarde pas à tomber en plaques de toute façon !
Les gammes
Pour qui a longuement utilisé un autre procédé, les peintures acryliques en tubes
présentent une particularité : les gammes
disponibles dans le commerce sont assez différentes par le choix des
couleurs de celles de la peinture à l'huile ou de l'aquarelle (quoiqu'une
certaine parenté avec celles-ci puisse être détectée). Les incompatibilités
chimiques ne justifient pourtant pas toujours cette orientation. Il s'agit peut-être
avant tout de choix culturels de la part des fabricants, très souvent
nord-américains ou d'origine nord-américaine. Cependant, rien n'empêche de
constituer une palette à condition de repenser les repères chromatiques.
Signalons qu'il existe une grande différence entre les
gammes de produits. Les "entrées
de gammes" ont une qualité indubitablement médiocre :
certaines autorisent à
peine les mélanges de couleurs, donnant d'étranges résultats ! Le niveau
juste supérieur en qualité conserve un aspect
caoutchouteux. Les fines et les "studio" commencent à offrir des
possibilités, mais certaines extra-fines ont encore une apparence laiteuse.
D'autres, par contre, semblent véritablement sortir du lot.
Étant donné le prix de celles-là - d'ailleurs disponibles en assez petites quantités
-,
nous conseillons, quand c'est possible, l'achat séparé d'un très bon liant et de bons pigments
plutôt que de tubes ou de flacons (voir
Séparer ou non liants et pigments).
Extension des capacités
Les caractéristiques que nous avons décrites peuvent être modifiées
radicalement par l'emploi d'adjuvants.
Lire
absolument les articles Produits
auxiliaires pour l'acrylique et Médiums
pour l'acrylique.
Autres produits
acryliques
Les vernis acryliques trouvent des emplois très variés,
largement au-delà du
vernissage des tableaux : de nombreuses matières peuvent être protégées par ces produits
- à condition d'être un peu poreuses.
Même une peinture grasse (huile, cire) peut être vernie par certains produits
acryliques. A noter que ceux de ces produits dont le diluant est une essence et
non de l'eau sont de plus en plus courants, y compris dans le domaine
artistique.
Mais comme nous le précisions ci-dessus, la peinture acrylique est
assez solide et ne nécessite pas forcément un vernissage.
Les résines acryliques se retrouvent notamment dans de nombreux médiums et
vernis pour la
peinture à l'huile ainsi que dans les fixatifs pour fusains et pastels.
Les vernis acryliques pour l'ébénisterie autorisent généralement l'adjonction
de pigment. Ces produits sont très adaptés à certains emplois. Les détaillants
spécialisés peuvent généralement donner d'excellents conseils lors de l'achat.
Évoquons aussi une catégorie de peintures assez marginales, les
styrène-acryliques.
Enfin, les colles polyacryliques déjà
mentionnées ont une viscosité vraiment très forte.
Toxicité
On signale (information maintenant confirmée) que certains fabricants utilisent
en petite quantité du toluène pour
émulsionner leurs liants acryliques. Attention : cet usage n'est pas
systématique et fait normalement l'objet d'un texte d'information. Dit
autrement, il n'est pas inutile de lire les notices en petits caractères.
De plus, certains agents conservateurs (voir Isothiazolinone
in Toxicité) peuvent
avoir des effets allergènes. Leur présence est avérée dans certaines peintures
destinées à une application murale.
Une chose est certaine, l'acrylique n'est pas destinée aux jeunes enfants.
Mais cette remarque est valable également pour la peinture à l'huile. Sur ces
questions lire un passage
du Courrier des Lecteurs.
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