Toxicité,
nocivité, pollution
Nocivité
connue
Certains produits pourtant très utiles posent un véritable problème aux
artistes, aux commerçants et aux fabricants : faut-il fabriquer, vendre,
peindre, travailler avec ces substances plus ou moins nocives, toxiques et/ou polluantes ?
Un exemple : beaucoup de peintres (décorateurs ou artistes) ont encore l'habitude de travailler avec des
produits siccatifs au plomb tels que les Courtrai, les médiums siccatifs en
gels ou liquides, ou encore la litharge.
Or, la loi oblige les commerçants à entretenir un cahier
d'apothicaire, équivalent du carnet à souche du pharmacien, où
il doit consigner, pour tout produit estampillé du sigle "toxique", des informations telles que :
|
Sommaire
Nocivité connue
Les
polluant s'accumulent en certains endroits du corps
Nocivité soupçonnée, réaction
personnelle, précautions et "nouveaux toxiques"
-
Isothiazolinone
-
Éther
de glycol
Dangerosité immédiate
Liens |
* la date d'achat
* la description du produit
* le nom de l'acheteur et son lieu de résidence.
Il doit lui demander de justifier de son identité, prendre copie de la
facture et en consigner le numéro sur le livre.
De fait, cette procédure légale est réellement lourde, difficile à mettre en place dans
la plupart des magasins et pesante en terme d'image. Elle ne laisse en
réalité que deux alternatives aux distributeurs :
* se mettre hors la loi en vendant ces produits sans entretenir de
cahier
d'apothicaire, cas assez courant en France,
* en abandonner la vente.
Certains producteurs ont abandonné la fabrication de ces substances ou leur
mise en distribution dans certains pays (exemple : Daler-Rowney ne fournit plus
de blanc d'argent au Benelux et à la France). De telles décisions prises en
amont, du côté de la production, semblent de fait beaucoup plus efficaces que
des contraintes infligées à la distribution.
A propos du blanc d'argent (une forme de plomb), il est intéressant de faire
un "arrêt sur image" au sujet du plomb. Voici plus de deux siècles, des
ingénieurs souhaitaient déjà lui trouver des substituts dans le domaine pigmentaire.
Pourtant, que lisons-nous sur le site de l'université Rennes-I (lien
direct) ? Ceci :
"On
utilise chaque année en France plus de 150.000 tonnes de plomb sous une forme
quelconque; il figure au second rang derrière le fer sur les statistiques
mondiales de consommation."
La question de l'élimination du plomb dans l'industrie, le commerce et au
bout du compte l'environnement, n'est donc pas derrière nous mais devant nous.
Les
polluants s'accumulent en certains endroits du corps
Les polluants organiques persistants (POP) se fixent dans le foie et les
graisses. En théorie, ils ne sont plus fabriqués depuis longtemps.
Parmi les métaux lourds, le cadmium tend à se concentrer dans les reins, le
mercure dans le foie et le plomb dans les tissus osseux. Mais la faculté
d'accumulation de tel ou tel contaminant varie d'une espèce à l'autre et dépend
aussi de la forme du contaminant et du mode de pénétration.
Le cuivre est également surveillé. Sa présence dans les eaux n'est
semble-t-il pas anodine du point de vue écologique. Des organismes marins (notamment
les moules) fixent ce métal dont la présence en certains bassins semble
augmenter suite à l'interdiction d'autres polluants (TBT).
Le plus souvent, la présence de métaux lourds dans les eaux est davantage associée
à une activité industrielle ancienne ou actuelle qu'aux particuliers.
Nocivité
soupçonnée et réactions individuelles, précautions et "nouveaux
toxiques"
Certains produits sont connus comme nocifs, mais on ignore en quoi
exactement, de quelle manière et dans quelle mesure car les réactions
individuelles sont très variables. Après Hiroshima, Tchélyabinsk et
Tchernobyl entre autres, il a été possible de mesurer les "écarts"
pathologiques entre les personnes. Ils sont énormes. Pour plagier le professeur
Olievenstein,
on pourrait avancer que la toxicité (et non la toxicomanie, son domaine
d'intervention) est la rencontre
entre un produit, une personne et un environnement.
Le nucléaire et les toxicomanies semblent des jalons importants, pouvant à
première vue représenter des extrêmes délimitant un espace du "monde du
toxique". Cependant, à contempler le panorama délimité par ces deux bornes, on
découvre bien vite qu'il existe d'innombrables terrains mal connus, non dénués
d'aspects morbides ou mortifères.
Un exemple très simple, très pragmatique, représentatif et parlant : nous ne savons pas dans quelle mesure exactement le
toluène serait plus ou moins dangereux que le xylène car les données
épidémiologiques sont insuffisantes. Et pourtant, le xylène demeure très présent
dans l'industrie où il dispose d'une "réputation" d'être moins toxique que son
cousin benzénique, simplement parce que sa molécule plus complexe peut sembler a
priori, vraiment a priori, moins toxique. Autre cas : l'aluminium, métal neutre par
excellence, s'est tout à coup révélé toxique dans certaines conditions. Les
exemples de ce type sont très nombreux et variés.
Ce que nous entendons parfois : "oui, mais je connais Untel qui a
travaillé toute sa vie avec ceci ou cela et qui n'a jamais eu de problème"
est plausible à cause des écarts réactionnels évoqués ci-dessus. Cependant,
par exemple, alors
que nous apprenons que sur seize pots de peinture murale ordinaires, seize
contiennent de l'isothiazolinone, ce qu'aucun fabricant n'annonce (selon
un très intéressant article de la TSR aujourd'hui retiré du réseau,
malheureusement),
ne pas respecter au moins les mises en garde déjà bien insuffisantes figurant sur les produits paraîtrait
une attitude réellement irresponsable.
L'isothiazolinone est un allergène
particulièrement puissant utilisé comme agent conservateur pour des produits disponibles dans
un grand nombre de magasins de
fournitures en arts plastiques. Il est présent également dans la plupart des peintures
murales.
Cet agent conservateur,
en flacon à l'état pur,
qui arbore
le "X irritant", et dont la composition est clairement
indiquée sur l'étiquette, représente un chiffre de vente médiocre malgré la
publicité qui lui est faite côté fabricant.
L'éther
de glycol est encore plus exemplaire des dangers auxquels nous sommes si
souvent exposés par ignorance, mais aussi à cause d'un laxisme parfois
confondant de la part de décisionnaires. Ce produit, probablement tératogène,
pouvant être mortel par ingestion (cas avérés), a notamment été utilisé
comme excipient dans différents médicaments ! Le danger a pourtant été
annoncé durant les années 1980.
Signalons sa présence possible dans certaines résines
polyesters. Il est utilisé dans la fabrication de nombreux produits où il est
indécelable car incolore et inodore. Enfin sur les feux de la rampe des
médias, on peut espérer sa disparition progressive et, à tout le moins, une
meilleure information du public. Le plus tôt sera le mieux.
Dangerosité immédiate
Huiles, essences
et résines de moulage, entre autres, présentent des dangers immédiats dont
les plus importants sont l'incendie et l'empoisonnement par ingestion.
Tout artiste peintre, sculpteur ou plasticien a grand intérêt à connaître
l'emplacement du plus proche extincteur au CO2 et à garder par-devers lui le numéro de téléphone du centre antipoison local.
Les produits doivent absolument être inaccessibles aux enfants, mais aussi
aux animaux. Il y a là un réel danger.
Voir Secours, numéros
d'urgence.
L'emploi de protections peut s'avérer
nécessaire soit à cause de la nature des produits employés, soit à cause des réactions
individuelles d'ordre allergique.
Liens
Lire la section "Art, sécurité,
pollution" de la page Références.
Voir aussi Déchetteries dans cette
même page.
Retour
début de page