Pâtes, charges et agrégats
L'incorporation de
charges, fines poudres de marbre ou galets de dix centimètres de
diamètre (photos), dans une pâte "plastique"
est soumise à certaines règles physiques.
D'abord, il faut distinguer
les charges liantes de celles qui ne le sont pas. Puis, parmi ces dernières, on
peut séparer les produits cristalloïdes des
colloïdes.
Enfin, on se trouve en face
de règles élémentaires qui sont bien connues
dans le domaine des ciments. Ceux-ci nous offrent un exemple simple et aisément transposable.
Situons en premier les éléments concrets dont il est question.
Les agrégats sont des éléments fort solides que l'on introduit en grand nombre dans le
ciment alors qu'il est encore en poudre, dans différents buts : consolidation
(cf. Le béton), coloration, allègement, granulation,
réduction des coûts, etc. Ils ne sont pas liants et, à ce titre, peuvent tout à fait être
comparées, à d'autres échelles, à ce qu'en peinture on nomme des
charges cristalloïdes et, en modelage
d'argile, à la chamotte.
Les agrégats du béton sont très souvent de simples gros cailloux.
Les règles qui s'appliquent aux agrégats ne sont pas sans rapport avec le théorème d'Archimède.
Elles sont les suivantes :
Pour enrober l'agrégat correctement,
le liant (le ciment, en l'occurrence) a besoin que celui-ci lui présente une
surface pas trop importante, faute de quoi la pâte se trouve fragilisée.
La surface de l'agrégat détermine la quantité
proportionnelle nécessaire de liant.
Cette surface est
d'autant plus importante que l'agrégat est fin.
Ainsi, si une part de ciment est suffisante pour "supporter" trois à six
parts de gros morceaux de pierre de type "cailloux et galets", trois parts de ciment
environ sont nécessaires pour incorporer une seule part de poudre de marbre
fine !
Bien sûr, ces chiffres sont seulement des indications car à poids égal, un
"agrégat" de forme irrégulière a une surface supérieure à un autre de
forme sphérique et nécessitera encore plus de liant. De plus, certains
traitements du ciment supposent un "débullage" par vibration qui peut accentuer
ces différences. Il est alors conseillé de s'orienter vers des agrégats plus
fins.
Transposition dans le domaine
de la peinture
C'est pratiquement la même chose, même si le processus de séchage
n'occasionne pas une cristallisation mais une
polymérisation dont la rapidité est bien plus
déterminante que dans le cas du ciment, liant très épais, non soumis à ces
contraintes.
Illustration : une quantité trop importante de charges
cristalloïdes (comparables directement aux agrégats) telles que
la poudre de marbre fine ou
l'hydrate d'alumine ne
permet pas à l'huile de lin d'enrober à temps les
grains microscopiques qui chutent purement et simplement, obligeant le peintre à
recourir à des substances accélérant le solidification. Les mêmes charges, adjointes à une
peinture à l'eau séchant vite comme l'acrylique ou
le vinyle, ne poseront pas ce problème. Avec ces
dernières comme avec l'huile de lin "solidifiée" par une très petite dose de
cire d'abeille, on constate qu'il faut
vraiment une grande quantité d'alumine ou de poudre de marbre fine pour
fragiliser la peinture. La robustesse de ces liants autorise quelques audaces,
mais non sans "effets secondaires".
D'autres liants moins épais comme le
méthylcellulose, la gomme laque ou
la gomme arabique n'ont pas la viscosité
suffisante pour enrober efficacement une grande quantité de charges de ce type.
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