L'huile d'oeillette
Caractéristiques générales
Elle ne jaunit presque pas. Elle n'a pas le comportement
photosensible de l'huile de lin. Elle est réputée
plus claire mais dans les faits, une huile de lin bien claircée (voir
cuisine des huiles) est encore plus claire. Cependant, nous n'avons pas
encore essayé de claircer une huile d'oeillette, aussi la comparaison
s'arrêtera-t-elle là pour l'instant. En tout cas, un atout majeur de ce produit
semble bien être de ne pas varier en fonction de la luminosité ambiante.
Elle a longtemps été utilisée - et l'est encore dans une large
mesure - pour le broyage des couleurs en tube, avant et après l'apparition des huiles de
carthame et de soja entre autres.
Elle a deux particularités spécifiques bien connues :
* elle sèche beaucoup plus lentement que
l'huile de lin. Certaines huiles d'oeillette resteraient même indéfiniment
poisseuses (information non confirmée). Pour cette raison, selon
Xavier de Langlais, les fabricants y incorporeraient (parfois ?) du
manganèse.
Nous savons par ailleurs que la lente siccativation de l'huile d'oeillette
est précisément ce qui séduit certains peintres souhaitant pouvoir
travailler le plus longtemps possible dans le frais.
* elle ne donnerait pas des couches aussi solides à sec : elle aurait
moins de texture, de fibre. Il faut cependant spécifier que l'oeillette -
de bonne qualité - n'est tout de même pas fragile, comme les oeuvres des
maîtres anciens en témoignent.
Elle est moins grasse que l'huile de lin (lire
tableau des indices d'iode in La saturation).
Caractéristiques physiques
Densité :
0,925. Point de congélation : -18°. Point d'ébullition très voisin de celui de
l'huile de lin, vers 385° (données Xavier de Langlais)
N'hésitez
pas à tester l'acidité de votre huile à l'aide de
papier tournesol. Elle devrait être bien neutre.
Les
diluants sont ceux de toutes les huiles : les
essences
principalement.
Critique d'une certaine tradition de broyage
Une tradition - surtout orale - recommande l'emploi
d'huile d'oeillette pour les couleurs les plus claires ou du moins les blancs et
les bleus. L'huile de lin ne devrait tout de même pas être réservées aux seules
teintes foncées, surtout quand on sait que son jaunissement (qui n'advient que
sous certaines conditions) est
réversible et qu'une huile bien claircée est d'une clarté limpide assez tenace (Lire passage in L'huile de lin
et La cuisine des huiles). On peut
d'ailleurs soupçonner dans ce point de vue des préoccupations dont le rapport
avec la qualité de la peinture est secondaire. Quoiqu'il en soit, on ne peut en aucun cas cautionner une pratique consistant à négliger les couleurs
sombres et/ou à ignorer le conditionnement préliminaire des liants.
La solidité de la pâte, un temps de séchage correct en adaptation au pigment, une couche
sèche de bonne qualité, voici des arguments plus déterminants dans le
choix de l'huile, sauf pour qui réserve à ses tableaux le destin peut-être un
peu triste d'un
lieu d'exposition obscur, qui effectivement aurait pour résultat de faire jaunir
l'huile de lin. En ce cas, le choix de l'huile d'oeillette s'impose avec
évidence, mais il ne faut en aucun cas négliger les autres motivations qui ont
amené de nombreux maîtres du Nord à préférer cette huile avec raison car en
effet, leurs oeuvres se sont très bien conservées.
IMPORTANT : l'utilisation combinée d'huiles
ne siccativant pas à la même allure peut donner de très mauvais résultats si une
étude en liaison avec le pigment employé n'est pas réalisée auparavant : le
risque de plissement et de craquellement est très élevé si vous posez une huile
siccativant vite par-dessus une huile siccativant lentement (toujours en tenant
compte des pigments en présence), sauf si la siccativation de la couche
inférieure est complètement achevée, ce qui représente des années voire des
décennies.
Emploi dans les émulsions
Il est très recommandé par
Xavier de
Langlais.
En effet, la présence d'un autre liant, aqueux donc facilitant la
siccativation (sauf empâtement épais), tenant bien, pourrait être de nature
à compenser ce qui peut passer pour le point faible de l'oeillette, la
siccativation plutôt lente.
Une quasi inconnue : l'huile
d'oeillet
Elle n'a en fait aucun rapport avec l'huile d'oeillette.
Lire texte in Les autres
huiles.
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