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Courrier des Lecteurs

2011 - saison 2/3

 

 

15/6/2011 - C.D.

Bois entoilé

 
cdl cdl cdl

 

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CD : Tout d'abord merci pour le site, il est cool, à chaque fois je tombe de dessus lors de mes recherches preuve qu'il a du succès :)

Mais là j'ai un petit soucis ; je vous expose le problème même si d'après les messages sur le site, j'ai peu de chance que vous me répondiez...
Je suis étudiante aux beaux arts et je suis tombée sur un livre qui s'appelle "la technique de la peinture à l'huile de Xavier de Langlais" [lien] vous le connaissez sûrement... j'ai voulu tester la technique de la poudre de marbre.

* Un bonne planche de bois bien forte type peuplier (?)
* De la colle de peau de lapin, j'ai utilisé de la colle vinylique (je sais pas si c'est une c**nerie)
* De la toile fine coton ...
* et enfin l'application de plus de 8 couches de poudre de marbre mélangé à de l'eau et du gesso ... (c**nerie bis ,? ...)

le résultat je l'ai poncé avec du papier à ponçage (le nom ? sais pas ) ça m'a donné une grosse plaque lisse ... bon ..ok...

Juste je fait quoi maintenant ? :oooo
Dans le livre Xavier de Langlais ne le dit pas, et je ne l'ai plus puisque je l'avais emprunté ....
Je ne sais pas si je dois mettre un vernis ou de la colle ....si je peint directement dessus.
J'ai regarder ailleurs sur d'autre sites ils n'expliques pas ...(sur le vôtre il y une explication sur la poudre mais pas sur " l'encollage de panneaux de bois à la poudre de marbre "...

Si vous avez le temps de me répondre merciiii

 

 

 

 

 

Dtp : Merci des compliments, c'est gentil :)

 

Après consultations,

 

Le peuplier : bon choix.

 

La colle vinylique : encore un bon choix si celle-ci n'est pas hygroscopique (le liant Caparol donne des garanties sur ce point, pas les colles à papier peint) et si vous ne comptez pas laisser le fond en partie apparent, sinon il vaut mieux employer un liant acrylique.

 

La toile : pas forcément un bon choix. Enfin peut-être que si, voyons cela.

 

XdL écrit (p.93) « Utilisé tel quel, le bois, en raison de la porosité irrégulière de ses fibres, ne constituerait pas un support idéal. Très sensible aux variations hygrométriques, il ferait "travailler" exagérément la peinture. Les anciens l'entoilaient toujours. Ils employaient généralement pour cet usage une toile aussi fine que possible, qu'ils recouvraient ensuite d'un enduit à la colle et au plâtre. »

 

Bien. On dira que non, on n'a pas toujours entoilé le bois mais que cela s'est fait effectivement très souvent dans le passé. Avec des tissus effectivement fins non encore chaînés.

Plus tard on a découvert 1) le papier qui est marouflable assez facilement sur du bois, 2) la toile de lin ou de chanvre, chaînée, bien solide, tendue sur châssis, qui a rendu moins intéressant le bois comme support.

 

Mais concernant le bois, ce sont surtout le contreplaqué et le latté qui ont modifié les usages.

Les supports contemporains sont suffisamment bien ajustés pour permettre le plaquage d'une couche très robuste en surface recto-verso. C'est fait à l'usine. On n'a aujourd'hui pas besoin d'ajouter sur le bois une toile sans chaîne suivie de n couches de colle de peau enrichie de poudre de marbre, mais plutôt d'effectuer un bon encollage contre-collé de la planche pour oublier les différentiels de porosité.

 

Le caparol et les liants acryliques sont lisses voire glissants mais "microporeux", cependant de fait ils donnent aux surfaces l'homogénéité suffisante pour un travail de peinture.

 

 

D'accord, vous utilisez du peuplier, pas du latté. Excellent matériau, mais qui peut, si on résume, céder d'un coup (rassurez-vous c'est peu probable sauf si vous travaillez sur de grandes surfaces) alors que les assemblages, connus depuis l'Antiquité, amortissent et équilibrent les mouvements (dans la mesure du possible), d'autant plus que vous avez ajouté du gesso acrylique bien élastique.

 

Mais le fait est, vous avez choisi une masse de peuplier.

Alors à votre question "je fais quoi maintenant", une seule réponse : peignez :)

 

 

 

 

 

CD : Oui je vais peindre ...comme dit Xavier mais le résultat est très "poudreux" alors bon (...)

 

Dtp : C'est poudreux ? Aïe, arrêtez tout, c'est la colle qui ne va vraiment pas. On avait oublié en route que ce n'est pas du Caparol. On consulte, on discute, on discute, et on perd de vue l'essentiel.

Ce n'est pas bien, pardon.

 

Il vaudrait mieux poncer et tout recommencer avec un bon liant vinylique (typiquement le Caparol) ou acrylique plutôt qu'une colle vinylique. La plupart sont en effet des colles à papier peint. Elles sont hygroscopiques à certaines températures pour que l'on puisse détacher le papier avec une décolleuse à vapeur (à essayer pour retirer cette mauvaise enduction). Et on ne connaît pas leurs comportements avec des poudres ou des pigments.

 

Il n'est pas rare qu'il y ait des problèmes de ce genre, ce Courrier des Lecteurs en est témoin. Il faut donc redire que :

* un liant peut faire un bon enduit mais une mauvaise colle,

 

* une colle synthétique peut faire un mauvais enduit.

La poudre de marbre est inerte mais c'est un cristalloïde dont la présence en surface n'est pas seulement un signal d'alarme concernant l'enduit, mais aussi un danger, pour des raisons mécaniques, pour tout ce que vous appliquerez au-dessus.

Tout cela se présente très mal.

 

 

Donc c'est dommage, mais il va falloir tout refaire avec du Caparol ou un (bon) liant acrylique. Ce sont à ce jour les seuls substituts contemporains sérieux à la colle de peau.

 

 

Un liant plutôt qu'une colle

 

 

Ah, autre chose : on ne peut pas affirmer péremptoirement que c'était ou non une "c**nerie bis" de placer de la poudre de marbre dans un gesso, ceci à cause de la question du dosage de la poudre et du comportement de la pâte pouvant donner de bons ou de mauvais résultats.

 

Comme nous avons un cristalloïde d'une part et une peinture pigmentée (le gesso) d'autre part, même avec un temps de séchage beaucoup plus rapide qu'en peinture à l'huile, s'il y a trop de poudre et pas assez de viscosité disponible dans la pâte pour piéger et le pigment blanc et la poudre, alors celle-ci tombe et entraîne les molécules en cours de polymérisation donc pas encore assez solides (ou plutôt visqueuses) pour la retenir.

En peinture à l'huile, on voit ces déformations au ralenti, jour après jour. C'est à hurler d'horreur ! Et d'ailleurs très intéressant picturalement. On peut travailler les accidents, apprendre à les susciter, les utiliser. C'est une autre affaire.

Pour les peintures contemporaines à l'eau, donc séchant assez vite, il y a moins de danger mais c'est quand même une course contre la montre.

 

Comme le dit Jean-Louis dans le chap. I des Dialogues (lien vers le passage complet), ces liants sont constitués de molécules en phase liquide qui doivent s'allonger pour acquérir de la viscosité et ainsi, cesser de couler. Si à cette échelle moléculaire vous déversez en trop grande quantité de gros grains de marbre à la fois inertes et cristalloïdes, c'est-à-dire qui ne vont se coller à rien, c'est un peu comme un troupeau d'éléphants dans un magasin de porcelaine.

 

 

Poudre de marbre et gesso acrylique

 

 

Dans le Caparol ou le liant acrylique purs, il vaut également mieux effectuer de prudents essais. Les dosages indiqués par Xavier de Langlais pour la colle de peau ne peuvent pas être pris comme références pour les liants actuels.

 

 

Poudre de marbre et liants purs

 

 

La poudre de marbre apporte de l'épaisseur, celle-ci autorisant un ponçage très fin donc in fine une surface très plane. Si la surface de votre belle tranche de peuplier n'est pas trop irrégulière, un tel ponçage n'apportera pas grand-chose sinon masquer le relief du tissu incorporé. Or les liants que vous allez utiliser sont en eux-mêmes déjà plus épais que la colle de peau.

 

 

Finalement, pourquoi cette poudre ?

 

 

On peut aussi évoquer le rôle d'agglomérat (voir Pâtes, charges et agrégats) que pouvait jouer le marbre.

 

En effet, les anciens qu'évoque XdL peignaient souvent avec des liants rigides (la caséine en particulier) et non des liants souples et solides comme les huiles à peindre (dont l'emploi s'est banalisé à peu près à la même époque que la toile, l'une autorisant l'autre) ou plus encore l'acrylique.

L'utilité actuelle d'ajouter de grosses quantités de poudre de marbre à l'enduit pour obtenir une surface "bétonnée" couverte de colle plâtrée (!) afin d'éviter de faire « "travailler" exagérément la peinture » (ibid.) est discutable. On n'en demande pas tant, loin de là, à la toile, donc depuis déjà très longtemps.

 

Mais il est difficile de trancher la question "le marbre est-il encore utile malgré l'évolution des liants d'enduction ?" parce qu'il faudrait effectuer des expérimentations scientifiques. Dans le haut de gamme acrylique, il est possible que vous trouviez des produits absolument adaptés, testés en laboratoire pour cet usage, mais d'un certain coût. Sinon, il faut utiliser un produit plus classique et tester soi-même.

 

Les précautions traditionnelles s'appliquent encore aux peintures rigides et peut-être à certains supports bois. Et rien n'interdit de diminuer la dose de marbre sans forcément le supprimer. La vraie question est : quelle quantité votre liant va-t-il pouvoir intégrer ?

 

 

Pourquoi a-t-on recherché autant de solidité ?

 

 

De même, les couches de tissu sont-elles nécessaires ? C'est plus difficile à dire. Il n'est pas impossible qu'elles soient régulatrices de tensions, mais pour en être sûrs il faudrait initier une véritable étude, portant pour commencer sur ce qu'en dit le C2RMF.

 

 

Et les tissus ?

 

 

Avant de vous relancer dans l'aventure, il vaudrait mieux effectuer quelques essais avec un bon liant sur une ou plusieurs planches ordinaires pour déterminer les dosages qui vous conviennent et qui sont adaptés aux possibilités réelles des matériaux.

 

Cela va vous prendre quelques jours mais ce report en vaut la peine.

 

 

Concrètement que faire ?

 

 

Enfin, la lecture d'auteurs autres que Xavier de Langlais, même si celui-ci est indispensable, peut vite s'avérer utile si vous utilisez ce genre de supports dans le cadre de vos études.

 

 

-> Lire la liste de Jean-Pierre Brazs

 

 

 

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