Les patines
Mais quel est le point commun entre
ces procédés ? Que signifie le mot patine ?
La patine, c'est l'usure, l'altération
des objets mais surtout la technique permettant d'imiter les effets naturels du
temps. On utilise un "patin"
pour lustrer, polir, user, ou un acide pour oxyder pour imiter ces effets. Mais
ceci est une définition restreinte.
D'autres sens sont apparus. La patine
est pratiquement devenue "tout ce que l'on applique sur une statue, sur un
objet précieux". On a donc vu naître, chose surprenante, des patines d'un doré éclatant.
Mais aussi des bleus, des verts, etc.
Surtout, les patineurs qui travaillent dans les fonderies se sont avérés de
véritables artistes capables de transfigurer une oeuvre, bien au-delà de la
simple simulation d'une usure.
Enfin, dans certains domaines, la
patine doit aussi protéger et unifier chromatiquement l'objet. Ira-t-on jusqu'à
l'assimiler à un vernis ou un glacis ? Personne n'y comprendrait plus rien.
Cependant, il faut bien reconnaître que par force, les patines se voient confier
plusieurs rôles.
Patine du
bronze
Elle correspond typiquement à la
description du métier de patineur (voir ci-dessus).
Lire le courrier des lecteurs du 16/2/2009 (lien)
et un autre courrier qui aborde le sujet de l'oxydation des métaux (lien).
Techniques
: vue d'ensemble
D'abord, concernant les patines métalliques,
signalons un important
passage du chapitre XIX des Dialogues de Dotapea.
En dehors de ce sujet précis, toutes les peintures peuvent convenir pour la réalisation d'une patine
traditionnelle destinée à vieillir un objet, un mur ou une statue, à
condition de bien diluer la pâte ou le liquide et de l'appliquer de sorte que
les anfractuosités soient assombries ou à la rigueur grisés. On fait en effet
une différence entre un objet patiné et un objet cérusé,
dont les creux sont blanchis, car on n'a jamais vu de poussière aussi blanche
que le titane ou le blanc d'argent.
Quelquefois, le pigment est inutile, le liant suffisant à créer un effet
satisfaisant à cause de sa coloration propre. C'est souvent le cas de l'huile
de lin (toujours protectrice) et de différentes gommes
laques.
Il est souvent nécessaire cependant de recourir à des substances
colorantes, voire "texturantes".
Les produits n'étant pas destinés à
vieillir les objets, les murs, etc., ne sont pas traités dans cet article car
ils sont déjà traités par ailleurs ou le seront ultérieurement dans d'autres
sections. Il est en effet impossible de regrouper sous l'intitulé de
"patines" des produits qui ont davantage de rapports avec la peinture,
les vernis, la dorure, l'ébénisterie ou l'encadrement !
Patines
vieillissantes destinées au mobilier
Certaines sont si parfaites qu'elles autorisent des contrefaçons
indétectables.
Elles comportent, outre les ingrédients habituels d'une encaustique, de la terre
à foulon ou du tripoli.
D'innombrables autres patines de ce type existent. Se référer au paragraphe Techniques
: vue d'ensemble.
Patines murales
et autres
Dans le domaine de la peinture décorative, une
patine est généralement un mélange très dilué appliqué, par exemple, avec
une éponge naturelle, imitant - plus ou moins selon les cas - l'effet du temps sur un mur, une porte, un
meuble.
Points de vue
Il y a plusieurs écoles. Pour le moment, nous en avons distingué deux.
N'hésitez pas à nous contacter pour nous signaler
d'autres approches.
La première peut être considérée comme "classique" : une peinture à l'eau
(acrylique éventuellement satinée, latex, etc.) est appliquée en premier lieu
puis une patine est posée par-dessus. L'important semble que la patine puisse
durablement adhérer à la peinture, donc que celle-ci ne soit pas totalement
lisse et surtout pas grasse : on recherche une absorption moyenne.
La seconde est parfois qualifiée de "trash" (très sale, cochonnée). Il n'y a aucun motif de la
rejeter pour cette raison : elle n'est pas forcément sans tenue et elle est
employée depuis des années en des lieux particulièrement chics (les critères
évoluent). On n'appose aucune peinture par-dessus l'enduit, on patine
directement. Le résultat est aléatoire mais peut être tout à fait intéressant.
Dans tous les cas, le fond doit être
impeccablement préparé. Il est souhaitable de se faire aider par un
professionnel pour cette opération.
Exemple de patine
murale
Composition typique d'un mélange pour patine,
destiné aux murs d'une pièce de 5 m2 (une pièce de 20 m2
correspond au double de quantité de mélange) :
* un verre d'huile de lin
* deux verres de
térébenthine
* avec une couleur couvrante
comme une terre, compter 25 gr. de pigment.
Pour des couleurs plus transparentes, faire des tests. En effet, une couleur moins
couvrante peut être en revanche plus colorante.
* ne jamais ajouter de siccatifs
: ils contiennent le plus souvent du plomb et
causent le saturnisme !
* mélanger de sorte à
produire un liquide parfaitement homogène
* appliquer en plusieurs
couches sur les murs pré-enduits - généralement blancs. Si vous changez de
couleur entre deux couches, commencez de préférence par appliquer la plus
claire car il est presque impossible de revenir en arrière, d'éclaircir après
coup ! Le temps de séchage de chaque couche peut durer plusieurs jours. Le
travail sur du demi-frais ne donne jamais de bons résultats
dans cette discipline, alors patience !
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