Sur le plan des dangers que ces techniques somme toute
assez variées peuvent représenter pour le corps humain, il existe au moins un
dénominateur commun : contrairement à une opinion trop répandue, les produits
naturels ne sont pas forcément plus anodins que les produits synthétiques.
Une simple terre peut contenir des métaux lourds, une huile peut contenir des
allergènes, le latex d'une plante, des alcaloïdes, etc.
Les autres facteurs de nocivité sont évoqués ci-dessous en fonction des
particularités des techniques employées.
Techniques sèches
Le doigt et la paume sont couramment utilisés par des artistes lors de
travaux au fusain, aux pastels ou en peinture. Cette méthode de retrait ou
d'application est extrêmement intéressante, mais elle révèle un défaut
potentiel pour toutes les techniques maigres : la transpiration, même très
légère, laisse des traces pratiquement irréversibles, particulièrement
lorsque l'on travaille avec le fusain (des taches se
révèlent spécialement lors d'effacements et de recouvrements).
Il serait cependant déplacé de rejeter ce procédé pour cette seule raison.
Curieusement, on constate que les personnes qui persévèrent dans cette
méthode de travail, même avec des techniques maigres, parviennent naturellement, progressivement, à éviter les
empreintes malencontreuses, pourtant difficiles à éviter.
Quand aux autres techniques sèches, notamment la projection de poudre -
connue depuis le paléolithiques - ou l'imprimé "à la main" ou tout autre partie
du corps, elles relèvent évidemment d'un autre savoir faire et ne sont pas
toujours sans danger.
Dans tous les cas, il semble important de rappeler que presque
tous les pigments - même naturels - peuvent avoir un impact sur la santé par
simple contact, par inhalation et bien sûr par ingestion. Par conséquent, la
mise en oeuvre des techniques mettant directement à contribution des poudres doit
être réfléchie, mesurée. Certaines personnes sont allergique au calcaire et ne
peuvent utiliser des pastels sans protection, mais le cas est rare. Par contre,
l'emploi de grandes quantités de pigments purs ou presque purs sans gants ni
protection oculaire et/ou faciale et/ou respiratoire est à déconseiller globalement. On peut en
effet considérer ce type de pratiques sous l'angle cosmétique. Que fait-on en
body painting ? On utilise des produits cosmétiques
spécifiques.
L'artiste peut donc être amené à faire un choix entre un
système de protection efficace et adapté et un ensemble de produits pigmentaires
"de qualité cosmétique".
Pour plus d'informations, lire l'article consacré à la peau
comme support.
Techniques humides
Contrairement aux techniques sèches, les techniques humides ne
posent généralement aucun problème majeur en relation avec la transpiration.
Concernant les risques en matière de santé, ce ne sont pas les
mêmes. Par exemple, le risque d'inhalation ne concernent que quelques techniques
produisant des brouillards (pistolet, aérographe).
Mais dans les disciplines impliquant le corps, il faut souligner
que toutes les peintures humides impliquent un contact prolongé de
la peau avec le pigment, ce qui peut réellement engendrer des dangers. Les
peintures "tenaces" comme la peinture à l'huile ou la peinture acrylique
maintiennent ce contact pendant des heures, voire des jours, exactement comme le
ferait un "patch".
De plus, il faut penser au liant proprement dit. Si la gomme
arabique ne semble guère présenter un danger important, certains liants
synthétiques sont additionnés de petites quantités
d'hydrocarbures benzéniques. Donc, nous déconseillons un travail sans
protection avec l'acrylique et le vinyle particulièrement. Plus encore
évidemment, dans le cas des peintures plus agressives comme les polyuréthanes ou
même certaines peintures pour le bois, la céramique à froid, sans parler de
certaines laques même naturelles, etc. Quant à l'huile de lin, si elle n'est pas
très agressive en elle-même - abstraction faite du pigment -, c'est le produit
qu'il faut utiliser pour s'en débarrasser qui risque de l'être grandement à
différents points de vue (intoxication radicale et danger d'ignition).
Ainsi donc, si l'on souhaite réaliser un travail où la peau doit
être massivement en contact avec la peinture, il est absolument essentiel
d'utiliser des produits spécifiques. Lire l'article consacré à
la peau comme support.
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