L'empâtement
ou impasto
Empâter consiste à donner de l'épaisseur à la peinture.
L'empâtement n'est pas autorisé par tous les procédés de peinture. Il
est même totalement interdit par les propriétés physiques de nombreux liants
: aquarelle, gouache, vinyle, tempera à l'oeuf, procédés de dessin, etc.
Il est réalisable en peinture à l'huile et acrylique, à la brosse ou la
spatule, c'est tout ou presque.
Ce sont les
médiums
qui autorisent les empâtements les plus osés. Sans eux, la peinture sèche
mal, craquelle ou se plisse.
L'acrylique vient en tête sur le plan des
épaisseurs atteintes : certains gels-médiums autorisent des couches de
plusieurs centimètres. L'huile permet un empâtement maximal de cinq millimètres
environ par couche, selon l'aveu des fabricants de gels d'empâtement. On
constate en effet que les peintres ayant tenté de dépasser cette épaisseur se
sont heurtés aux limites techniques de la peinture à l'huile. Il est possible de
dépasser la barre des cinq millimètres, mais cela implique de longues
expérimentations en atelier.
C'est souvent par l'empâtement que le peintre mêle les couleurs alla
prima (voir techniques de mélange des
couleurs).
Quand on dit que les peintures à l'huile et à l'acrylique offrent des possibilités
d'empâtement, il ne faut pas entendre par là que les tableaux réalisés
ainsi ont nécessairement une épaisseur se mesurant en
centimètres, même si le cas se produit parfois. Bien souvent, de bons travaux (ci-contre,
un travail bien spécifique de portrait de
Sylvie Guillot) n'affichant guère plus de deux ou trois millimètres
d'épaisseur tirent
déjà pleinement parti des possibilités offertes par ces procédés. Le relief
est rendu sensible, même sur cette image à plat, par la mise à profit des
propriétés couvrantes du blanc de titane en particulier.
Opacité ou transparence
La plupart du temps, l'empâtement est opaque. Cependant, certains médiums
pour la peinture à l'huile et l'acrylique autorisent un épaississement en
transparence, littéralement un glacis épais. Beaucoup de grands maîtres se
sont intéressés à ce sujet avant même que les peintres travaillant avec de
fortes épaisseurs - les impressionnistes par exemple - n'imposent ce procédé
d'application sans se préoccuper de transparence. Certains auteurs actuels
continuent à déconseiller l'impasto, le jugeant trivial au nom d'une
tradition peut-être imaginaire dans le sens où c'est peut-être le manque de
possibilités techniques qui a empêché certains peintres anciens de se lancer
dans des applications moins fines, surtout en transparence.
Problématique de l'empâtement en
peinture à l'huile
Le point de vue technique est ici très important : en transparence
ou non, l'empâtement peut entraîner des problèmes au séchage pour cette peinture car le
différentiel entre les vitesses de siccativation,
en surface et en profondeur, est par nature beaucoup plus déterminant que pour
d'autres procédés picturaux. L'emploi de siccatif
est courant, parfois indispensable, bien que certains fabricants inventifs soient
parvenus à proposer des médiums sans plomb autorisant des empâtements hardis
se comportant fort bien. Leur base est souvent une émulsion.
Les charges neutres transparentes qui permettent les empâtements posent
toutes des problèmes. Elles ne semblent pas apporter une solution à elles
seules. Lire l'article consacré
à ces produits. Certaines émulsions,
souvent combinées à des charges, donnent
par contre des résultats très intéressants quoique souvent un peu moins
"purs", tantôt plus troubles, tantôt plus colorés que l'huile pure.
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