Le
craquelé
Du
procédé chimique à la gomme laque bien maîtrisée
Des procédés tout aussi chimiques mais plus manuels existent mais sont
parfois un peu difficiles à mettre en oeuvre. Il s'agit tantôt de prendre
"à rebrousse poil" la règle du gras sur
maigre, tantôt d'exploiter un "défaut" de la gomme
laque : sa tendance très prononcée à craqueler en présence de chaleur
(voir photo ci-contre, craquelures sur une laque de Coromandel).
Cette dernière méthode est sans doute la plus simple des méthodes chimiques :
avant le réchauffement provoqué, la laque peut avoir été recouverte d'une
peinture à l'huile ou de mixtion à dorer (donc
d'une feuille d'or). Lorsque ces produits sont secs, poser le tout sur un
radiateur, par exemple (certains emploient un sèche-cheveux). Surveillez bien,
mais ne vous inquiétez pas, le résultat ne se fera pas attendre.
Nous ferons quand même pour l'instant la part belle dans cet article à une
technique plus mécanique que chimique, bien connue des peintres décorateurs et
pouvant être transposée dans d'autres domaines.
Technique avec une toile
Elle s'applique à un gesso blanc, mais pourquoi pas à une peinture colorée
? L'important est d'utiliser une gélatine comme la
colle de peau par exemple (voir Gesso
: histoire et fabrication, Fabrication maison). D'autres produits
conviennent probablement aussi, mais ceux-ci sont éprouvés.
On peint généralement sur une toile de lin fin non encollée tendue sur un
plastique fixé sur une planche. Le nombre de couche détermine l'importance des
craquelures : beaucoup de couches = beaucoup de craquelures. L'application
pourra être réalisée au sabre d'encollage
ou à la spatule, de sorte que la surface soit assez arasée.
On fait sécher, on ponce. Jusque là, aucune différence avec l'application
standard d'un gesso sur une toile.
Le plastique et la toile peinte sont alors détachés et pour créer les
craquelures, on fait glisser l'ensemble sur le bord de la planche - d'où
l'intérêt de la feuille plastique qui facilite ce mouvement.
On peut se contenter de retirer à la main les écailles risquant de tomber
par la suite, mais il est possible aussi de poncer.
Le reste de l'opération consiste à maroufler la toile sur le support
désiré - sur lequel on aura pratiqué si nécessaire une enduction préalable.
Technique
avec la gomme arabique
Nous ne l'avons pas encore éprouvée.
Il s'agit d'appliquer une première couche de peinture à base de gomme
arabique (voire une eau gommée pure) la plus réversible
possible, puis, par-dessus, une épaisse couche
de peinture vinylique classique, bien chargée d'eau pour faire gonfler la gomme arabique. La réversibilité assez
faible de celle-ci pourrait rendre nécessaire l'adjonction de substances telles
que la dextrine par exemple.
Dès que la couche de peinture vinylique a commencé à sécher, il est possible
de peindre par-dessus avec de la peinture à l'huile ou d'appliquer de la
feuille d'or avec une mixtion à dorer.
Le support doit être placé à l'horizontale pour faciliter le déplacement
de l'eau de la couche empâtée vers la surface inférieure.
Le principe semble bon. Il est certainement transposable à d'autres
techniques.
Il est notamment employé comme base de travail pour la réalisation des faux
cuirs (mobilier).
Techniques
du maigre sur gras
Il s'agit de prendre à rebrousse-poil la règle du gras
sur maigre.
C'est une technique simple par le principe mais assez difficile à réaliser.
Voici la méthode classique (dont les variantes sont nombreuses) :
* le support doit être de couleur relativement claire. S'il est sombre, il
faut inverser les valeurs, c'est à dire utiliser une couleur très claire
en couche terminale.
* appliquer une couche d'huile à peindre, de toung
ou de mixtion à dorer, adjointe éventuellement
d'un siccatif
* avant qu'elle soit vraiment sèche, au moment où elle est à la fois
solide et légèrement collante, la couvrir d'eau
gommée. Si celle-ci est repoussée, ne pas hésiter à dégraisser la
première couche à l'aide d'une marne
blanche et recommencer. Il est possible d'utiliser une dextrine
à la place de la gomme arabique
* attendre quelques minutes puis masser
* laisser sécher quelques semaines en un endroit chaud (pour ne pas
solliciter la réversibilité de la
gomme arabique). Les craquelures sont censées apparaître durant cette
étape.
* préparer une peinture à l'huile (ou autre, grasse) de couleur sombre
* l'appliquer de sorte qu'elle se fixe dans les craquelures (les creux), par
exemple en essuyant à l'aide d'un chiffon. C'est cette opération qui
révèlera les craquelures.
Le choix du liant utilisé en première couche permet de modifier les
résultats. Certains utilisent, à la place d'une huile à peindre, un vernis au
polyuréthane de bonne qualité. Cette pratique
est contestée mais nous ne souhaitons pas prendre parti, ne l'ayant pas
testée.
Techniques
au bitume et à la poix
Le bitume est un pigment assez misérable
qui causa la perte de quelques chefs d'oeuvres par sa propension naturelle à
craqueler. Le Radeau de la méduse, par exemple, faillit lui-même échouer
sur cet écueil.
La poix semble afficher sensiblement les mêmes
caractéristiques.
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