Surtout,
elles ont été utilisées tantôt comme support pour véhiculer la couleur -
façon pastel -, tantôt pour éclaircir, nuancer des couleurs, parfois pures
pour tracer du blanc (souvent sur le corps, parfois combinées à des
substances grasses), tantôt comme bases simples pour la fabrication
d'enduits, ou encore comme apports de carbonate de calcium dans le domaine
des arts du feu.
Attention : elles ne sont pas a priori moins toxiques que
d'autres pigments parce qu'elles sont
naturelles.
Les éléments naturels que l'on trouve dans les terres blanches (les
marnes calcaires) sont
* deux métaux alcalinoterreux : le
calcium - composant majeur des
chaux et des marbres, principe fondamental des craies et des terres
blanches sous sa forme carbonatée (voir calcite) -
et, dans des proportions variées, le baryum.
* le silicium, un
non-métal, et d'autres éléments
(voir Talc).
Les blancs
"synthétiques" (une appellation discutable) les plus proches,
blanc de baryum, de
lithopone, de
silice, etc., sont aujourd'hui les produits d'un traitement chimique ou
d'une extraction suivie de traitements simples à partir des
marnes naturelles.
Tous ces pigments (sauf le blanc de silice en principe) peuvent
éventuellement contenir du
soufre non-moléculaire. Attention aux incompatibilités.
Une partie seulement des terres blanches est utilisée à l'état naturel et
assez massivement dans la
plupart des régions du monde contemporain. Il s'agit en Europe
* du blanc d'Espagne,
utilisé pendant la Renaissance pour la préparation des toiles mais aussi en
peinture décorative, pour la fabrication du mastic de vitrier et dans le
domaine des arts du feu, En fait, les usages du
blanc d'Espagne sont assez nombreux.
* du blanc de Meudon, de Toulouse ou de
Champagne (Troyes) - voir absolument
Marnes, huiles et poisons
in Gesso - histoire et fabrication et
photo ci-dessus. La carrière de Meudon n'est plus en exploitation
aujourd'hui. Elle est devenue un site classé.
Lectures conseillées :
Le
blanc de Meudon sur Pourpre.com
Informations historiques site de la Mairie de Meudon
Ces blancs sont des craies calcaires.
Ils sont de manière générale très nettement
alcalins et de compositions relativement
semblables.
Ils sont argileux (siliceux/alumineux) quand ils sont de mauvaise
qualité (durs).
Ils ont été largement utilisés en
détrempe, en mélange à la
caséine, à la chaux, aux
gélatines, en décoration intérieure ou
extérieure. Ils sont souvent grisâtres et doivent généralement être associés
à des blancs plus purs (lithopone, titane, zinc).
Leur
transparence, lorsqu'ils sont combinés à l'huile, permettrait selon certains
leur emploi massif comme "charge transparente", comme épaississant.
Le résultat de nos tests n'est cependant pas à la
hauteur de ces affirmations, pas plus que les différents témoignages
que nous avons recueillis. Un emploi massif donne en effet une matière très
opaque, grise et manquant horriblement de "plasticité" : les reliefs
s'étalent, se mêlent et finissent par former un empâtement indistinct
totalement arrondi. On reconnaît en cela l'action typique du calcium dans
certains états. Ce métal
alcalinoterreux peut réagir puissamment avec l'ester qu'est l'huile de lin
(voir saponification).
L'usage en glacis
léger pourrait peut-être s'avérer un peu plus intéressant mais seules les peintures
sans corps gras tels que les
badigeons par exemple donneront des résultats durables
avec ces pigments. On peut aussi envisager l'acrylique.
Comme nous le verrons
plus bas, ceux-ci
sont à prendre comme des dégraissants en puissance.
On nous signale une utilisation très particulière du blanc de Meudon (ou
autres terres blanches) : voir Gros blanc
Enfin, dans le domaine des arts du feu, les barytes
sont utilisés comme apport de baryum, les calcites
(craies) comme apports de calcium.
Qu'est-ce qui les distingue de la poudre de
marbre ?
La composition chimique est très sensiblement la même (calcite plus
quelques autres éléments). La différence réside
* dans leur formation. Le
marbre a subi des pressions métamorphiques.
Les craies seraient plutôt des alluvions
(information non confirmée). En tout cas elle n'ont pas subi une telle
transformation suscitant une cristallisation.
* dans leur structure, à cause
de cette différence de formation. Notamment, le marbre
est dur, imperméable et cristalloïde alors
que le blanc de Meudon n'est qu'un agglomérat
colloïdal très fragile de petites particules. La poudre de marbre est
essentiellement une charge (lien),
les terres blanches sont des pigments. Propos à moduler notamment en
fonction de la teneur en silice et de la structure
plus ou moins cristalline de la terre blanche concernée.
Voir La
poudre de marbre
Dégraisser une matière à
l'aide d'une terre blanche
Un témoignage pour commencer. Il s'agit d'une recette donnée par un
peintre faux-marbrier.
Pour dégraisser une peinture
glycérophtalique, appliquer par-dessus au
chiffon ou à l'éponge du blanc de Meudon pur, sans liant. Laisser agir une
nuit puis laver. De cette manière, la surface pourrait, nous a-t-on dit,
être peinte avec n'importe quelle peinture à l'eau.
[L'usage de ce procédé nous a été confirmé
par un lecteur qui ajoute quelques variations
supplémentaires. Le courriel est lisible
ici]
De fait, nous découvrons que dans différentes techniques décoratives, les
marnes naturelles sont employées pour dégraisser différentes surfaces -
notamment peintes à l'huile -, parfois combinées à de
l'alcool à brûler, susceptible de
faciliter l'application du pigment. Nous conseillons un alcool plus pur (éthanol
à 95%, alcool à vernir de bonne qualité) de sorte à ne pas trop altérer la
surface avec les dénaturants. L'avantage de l'alcool est de s'évaporer assez vite
et d'attaquer beaucoup moins les graisses que d'autres produits.
Il s'agit, sur le plan chimique, de saponifier
un ester gras à l'aide d'une substance alcaline.
On obtient ainsi superficiellement des matières séparées (acides et alcools)
qui ont grand peine à se reconstituer en corps
gras.
Pour obtenir exprès une couche qu'il sera
aisé de retirer localement pour créer certains effets, on saupoudre de
blanc de Meudon une surface peinte à l'huile (sèche), puis on applique
directement de la peinture à l'eau. C'est quand même un traitement de choc
pour la couche d'huile.
Tous ces procédés évoquent le foulage réalisé avec la
terre à foulon. De fait, celle-ci semble
également utilisée en peinture décorative pour dégraisser les surfaces.
Le
kaolin
Le kaolin, silicate d'aluminium se
présentant sous forme de roche tendre, est utilisé de par le monde depuis au
moins cinquante mille ans (source Anne
Varichon) comme pâte pigmentaire (masques, maquillages), mais son emploi
en peinture - y compris décorative - demeure extrêmement minoritaire. En
Europe, il aurait servi de charge pour alléger le pouvoir couvrant de
certains pigments (voir épaississants
colorés).
En tant que pigment, il ne vaudrait rien avec les liants gras (huile,
oeuf, etc.), probablement à cause des temps de séchage qui lui laissent
l'occasion de démontrer qu'il a tendance à ne pas se mêler au liant et...
tombe, ce dernier ne le freinant pas (voir
Pâtes, charges et agrégats). Peut-être cette tendance peut-elle
être compensée à l'aide d'adjuvants adaptés, des cires par exemple.
Il aurait cependant tendance à faire écailler
toutes les peintures. Néanmoins, il est réputé donner de bons résultats avec la
caséine et la gomme
arabique. Avec la gomme arabique, il pourrait supporter une
concentration assez forte (2/3 par rapport à l'eau gommée, en volume, ce qui
est considérable). Information non confirmée.
Le blanc de coquillages
Produit à partir de coquillages réduits en poudre (la conque notamment),
ces pigments ont été utilisés tels quels en Inde puis en Chine et au Japon ou bien,
en différents lieux de la planète - dont l'Égypte ancienne - sous forme
calcinée, à l'instar d'une chaux et utilisés comme celle-ci à fresque.
Un emploi comme fixatif pour teinture est également mentionné en Chine au
XIIème BC tandis que l'usage de coquilles ou de coquillage est
avéré en Amérique et en Afrique pour la peinture corporelle.
La coquille d'oeuf, elle, n'est pas exactement un blanc. Elle est traitée
dans les
épaississants colorés.
Voir aussi Les blancs,
Badigeon,
Foulage, terre à foulon.
Dotapea ne dispose que de quelques témoignages guère probants à
ce jour (n'hésitez pas à nous écrire). Nous conseillons la lecture du merveilleux ouvrage "Couleurs,
pigments et teintures dans les mains des peuples", par Anne Varichon.
Le blanc d'ombre
Dans un liant ordinaire, huile ou acrylique ce n'est pas un blanc mais
une charge. Il en est
largement question au long du chapitre XXXIII des Dialogues de Dotapea.
Cliquer ici.
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