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Courrier des Lecteurs
2010 - saison 3/3
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26/11/2010 - DA.
Jute : une enduction à
haut risque
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suite : « La toile était donc teinte »
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suite 2
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DA :
J'ai découvert votre site extrêmement
intéressant et apportant beaucoup de réponse à mes questions.
Cependant, il y a une question à laquelle je n'ai pas vraiment de
réponse et j'ai cherché partout sur le WEB.
Je m'apprête à composer des toiles sur de la
toile de jute brute noire que je
souhaite laisser noire. Cette matière est captivante et m'inspire.
J'ai lu à ce sujet sur votre site qu'il était nécessaire d'enduire la
toile de jute afin qu'elle puisse se conserver :
"Elle doit être réservée à des travaux éphémères (décors de théâtre,
etc.), sinon elle doit être parfaitement enduite."
J'ai donc l'intention d'enduire les toiles. Celles-ci ne seront pas
tendues mais suspendues.
La question est : quel produit dois-je utiliser pour l'enduire?
J'ai hâte de commencer ce travail et espère que vous serez en mesure
d'éclairer ma lanterne !!!
En vous remerciant infiniment,
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Dtp :
D'abord merci à vous, c'est très gentil. Merci aussi à tous les
lecteurs qui nous écrivent et nous permettent ainsi d'enrichir ce
fonds documentaire en ouvrant de nouveaux questionnements.
L'article
consacré à cette fibre a été complété pour l'occasion (à la fin), il
est à lire en premier lieu. En effet, la question se pose de
déterminer de quoi est composée la substance noire que vous évoquez.
Vraisemblablement, il pourrait s'agir de
restes très dégradés de la "chair" des feuilles de l'arbre. Ou bien
d'une protection ajoutée dans la perspective d'un transport, d'un
stockage. C'est vraiment difficile à dire.
Le conseil d'enduire ne s'applique qu'à
des toiles décaties. C'est une règle
générale : toute toile doit en effet d'abord être décatie. Sinon
quelle colle utiliser sur une substance inconnue et possiblement
instable ? Plus encore : même avec une toile de jute décatie, trouver
la bonne colle, celle qui enduit "parfaitement" ce tissu, est une
gageure. Ce n'est pas impossible, mais il faut trouver le bon procédé,
et pour cela, expérimenter différentes solutions avec beaucoup
d'attention et sans lésiner sur l'épreuve du temps.
Au risque de vous décevoir, avec une
toile dans cet état, une telle opération semble plutôt risquée. Il
serait plus prudent de décatir la toile, puis soit la teindre de
préférence "bon teint" - ce qui semble assez
faisable a priori, c'est d'ailleurs une expérience originale et
intéressante - et ensuite l'encoller, soit l'encoller d'abord et
appliquer par-dessus une imprimature.
Attention : tout cela doit être
parfaitement éprouvé avant de commencer un travail artistique
au-dessus car comme il est dit en début d'article, "c'est la plus
mauvaise toile". C'est dans ce sens qu'il faut entendre "elle doit
être parfaitement enduite" : enduite de manière parfaitement éprouvée
car le support est difficile. S'il ne l'était pas, cette fibre aurait
supplanté les autres car hormis sa tendance à exsuder, elle a de
bonnes qualités plastiques et reste peu coûteuse.
Merci beaucoup d'avoir évoqué cette
question. Grâce à vous, nous avons pu préciser plusieurs points qui
n'étaient pas suffisamment développés et vous avez du même coup ouvert
plusieurs pistes de recherches.
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DA :
Je vous remercie pour la réponse. Je me
rends compte que j'aurais du préciser un détail important.
J'ai acheté cette toile de jute dans un magasin spécialisé dans le
tissu. Cette toile est vendue en différents coloris (vert, rouge,
jaune, noir, bleu...). Le tissage me semble être parfait. Elle est
donc probablement teinte en noire. Même si c'est la plus mauvaise
toile, elle est effectivement très abordable en coût (comparée à de la
toile de lin) et sa texture rugueuse n'a pas son égal. C'est ce qui
m'a fait la choisir comme support et peu m'importe que ce soit la plus
mauvaise toile. Je relève ce défi de pouvoir en faire quelque chose
malgré tout !
Dtp : Oui,
bien sur, c'est un défi intéressant.
Ainsi c'était donc teint. Si c'est une
bonne toile (avec une trame ET un chaîne),
cela devient faisable.
DA : Le problème de l'encollage est donc
très important. Je ne sais à ce jour absolument pas comment va réagir
la toile qui est extrêmement poussiéreuse. Il est IMPERATIF de
travailler dans un local qui ne craint pas la poussière et en
s'équipant d'un masque anti-poussière type P2 minimum surtout si l'on
travaille avec de grandes quantités. Cette toile nécessite d'être
fortement secouée pour évacuer le plus gros de la poussière. Le
vendeur m'a précisé de ne pas la laver. Je vais donc m'abstenir de le
faire ! J'ai cependant découvert un artiste peintre (Yvon Patonnier)
qui travaille sur de la toile de jute brute après l'avoir décatie
(lavage en machine !!!).
Dtp : Il a
certainement raison, Yvon Patonnier. Le conseil du vendeur est
étrange. Si la toile est tellement fragile que l'on ne peut la laver,
il y a un problème.
De plus le lavage est un excellent moyen
de juger de la qualité de la teinture car c'est un gros point
d'interrogation.
En cas de problème il est toujours
possible d'en refaire une plus sûre.
DA : Après beaucoup de réflexion, j'ai
opté de la préparer en appliquant au rouleau sur les deux faces du
Caparol. Elle sera ainsi protégée des agressions extérieures.
Maintenant, comment va-elle réagir après la pose de l'enduit ? Toute
la question est là. Comme je vous l'ai précisé elle sera suspendue et
non tendue... gageons que le tissage soit de bonne facture pour
limiter les risques de déformation au séchage.
Beaucoup de questions restent donc en suspend... et c'est bien cela
qui m'interpelle...
Dtp : Il ne fallait peut-être pas
écouter le vendeur. Il est surprenant que cette toile dégage autant de
poussière. Le filage n'est peut-être pas au point. Le Caparol suffira
peut-être à stabiliser l'ensemble quand même. Un bon liant acrylique
avec un peu de médium épais aurait peut-être été légèrement plus
adapté.
Le fait que des questions restent en
suspens est tout naturel car il s'agit d'une expérimentation. Si cela
se passe mal, comme la toile n'est pas chère vous pouvez
éventuellement en racheter et essayer autrement. C'est un processus
normal.
L'important est de prendre le temps de
bien tester le procédé.
Bravo de relever ce défi !
Nous tiendrez-vous bien au courant ?
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(suite : « La toile était donc teinte ») |
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DA : J'ai
fait quelques essais sur des échantillons avec différents degrés de
dilution à l'eau.
L'échantillon de toile de jute noire avec le Caparol pur prend devient
satinée à brillante. La toile se rigidifie beaucoup. Du fait de ce
"satiné", le noir s'éclaircit.
L'échantillon avec une dilution à 1:5 est moins satiné, le noir
ressort plus, la rigidité est très légèrement moins élevée et le
tramage moins serré.
L'échantillon avec du Caparol très dilué reste noir, garde une teinte
très légère satinée, la toile est plus souple.
Merci pour vos réponses. Je pense qu'effectivement le conseil de ne
pas laver la toile était dû à la teinture, d'où le caparol qui ne
pourra que stabiliser la couleur (les essais me paraissent concluants)
et de stopper cette poussière qui après aspiration minutieuse de la
toile devient maintenant une poussière très fine et noire. Je pense
que la couleur n'est apparemment pas fixée.
Dtp : Un
tout petit bémol sur le Caparol et la couleur car c'est un produit qui
brunit un peu à la lumière et pour cette raison pourrait être remplacé
par un bon liant acrylique, mais c'est de l'exploration et merci
infiniment pour toutes ces informations sur un sujet rarement qui peut
déboucher, après ce travail de pionnière, sur de nouvelles manières de
travailler.
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(suite 2) |
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