CDH : Je fais construire une maison passive et bio.

Je suis à la recherche d'une peinture - bio (non toxique pour la santé (problème de cancer))
- pouvant être légèrement lavable
- résistante au temps
- dont l'éventail des couleurs est assez important.

J'ai d'abord pensé à la chaux (C), mais pas assez résistante.
J'ai ensuite pensé à A, à G (pas assez de coloris).
J'ai aussi pensé à B, pour laquelle j'étais décidée jusqu'au moment de découvrir Caparol, qui me semble plus résistante (surtout la satinée). Mais est-elle aussi bio, ne contient-elle pas des éléments toxiques comme le vinyle ...?

Dtp : Dans le domaine agro-alimentaire, le terme bio a un sens précis. Il correspond à une réglementation rigoureuse et à des contrôles de l'Etat. N'est pas agriculteur bio qui veut.

Dans le domaine des produits Btp/déco et même Beaux-arts, ce n'est pas loin d'être le contraire. S'il existe quelques labels officiels, certains sont payants et octroyés par des entreprises privées. Ainsi quelquefois, un fabricant "achète le bio". Parfois c'est un peu plus compliqué : une région peut décider d'inventer un label à seule fin de soutenir une industrie locale. Cela peut exister.

Il n'est pas inutile de s'interroger sur qui, au juste, estampille tel ou tel produit de sorte à justifier l'appellation "bio", aujourd'hui plus que jamais porteuse de valeur commerciale.

Au-delà, il y a une question de sens. L'agriculture "bio" concerne du vivant, légumes frais ou animaux récemment abattus. Elle est née d'une opposition à l'abus de produits toxiques tels que les pesticides et fongicides et à des pratiques épuisant les sols et polluant les eaux et l'air.

Tout cela se comprend aisément, presque intuitivement.

Petit détour par l'agriculture

Par contre, qu'est-ce qu'une peinture bio ?

Réfléchissons bien car ce n'est pas aussi simple.

Une peinture naturelle ?

La peinture à l'huile diluée à la térébenthine est parfaitement "naturelle" : ce sont des substances directement extraites de plantes (graines de lin écrasées, vapeur condensée de la sève du pin des Landes).

 

Pour estampiller "bio" de tels produits avec la même rigueur que dans l'univers de l'agro-alimentaire, cela impliquerait que le lin et le pin soient eux-mêmes cultivés de manière bio et contrôlés de la même façon.

 

Pour le moment, cela n'existe pas (amis lecteurs si vous connaissez des exceptions, merci de nous écrire).

Dans l'agro-alimentaire, on trouve pourtant des produits très similaires comme les huiles (olives, tournesols arachides, ...) ou certains parfums comme l'essence de lavande qui sont bel et bien cultivés de manière officiellement bio.

 

On est donc à cette heure très en retard dans le domaine des peintures (et aussi bien des toiles à peindre, etc.).

Une peinture non toxique ?

Pourquoi devrait-elle être "biologique" ? La chaux est très saine, mais elle est minérale. On parle même aujourd'hui de "ciments bio", qu'est-ce que cela veut dire ? C'est de la pierre !

Pour le moment, il n'existe pas de peintures "bio", de ciments bio, de pigments bio et dans neuf cas sur dix, cette appellation ne peut avoir de sens que métaphorique et surtout commercial.

Cependant, ne soyons pas injustes : certaines PME font du bon travail pour proposer des substances saines, fabriquées sainement, et les estampillent naïvement bio parce que c'est à la mode.

Mais enfin, attention aux pièges des mots.

Venons-en au vinyle que vous mentionnez. Il existe sous plusieurs formes, donc on ne peut être pleinement affirmatif et dire "le vinyle c'est bien ou c'est mal", mais les formes "classiques" (acétates) ne sont absolument pas toxiques (source RepTox, Csst).

On n'en dira pas autant de la forme chlorée par exemple (pour certains fixatifs, elle est mal documentée), mais il n'y a pas lieu de s'alarmer pour des produits de type Caparol. Evidemment, il vaut mieux ne pas en boire ni en prendre plein les yeux.

Le vinyle est issu de l'industrie pétrochimique, pour autant cela n'implique pas qu'il soit cancérigène, toxique ni même nocif.

Une petite réserve cependant : les produits de conservation peuvent, eux, être un peu moins sains. Ils varient et ne sont pas toujours clairement identifiés. Là, le problème, comme presque toujours avec les industriels, se situe dans la sphère de la communication. La pub est utile mais les informations claires et précises sont encore plus utiles.

Sur la résistance des peintures, on ne peut pas parler de fragilité en ce qui concerne les produits à la chaux : en carbonatant, ils deviennent durs comme du marbre (très exactement comme de la calcite), avec un plus qui leur est propre : ils laissent les murs respirer (sauf abus d'additifs bloquants).

Alors pourquoi ne pas réaliser un simple badigeon ? C'est une solution légère et efficace. Vous pouvez utiliser une couleur toute préparée du commerce en la diluant. La méthode d'application (lien vers les techniques d'application) laisse beaucoup de possibilités créatives.

Si vous avez des doutes quant à la solidité d'une formulation commerciale à base de chaux, il est possible d'y ajouter un peu de chaux hydraulique (effectuer quelques tests pour évaluer les dosages et les éventuelles réactions malvenues).

Les gammes de couleurs ne suffisent pas toujours, en effet.

Que vous choisissiez le vinyle, la chaux ou la caséine, vous pouvez effectuer des mélanges, mais aussi acheter séparément le liant et le pigment. Attention : pour les peintures alcalines (chaux ou caséine), on restreint généralement la liste de pigments utilisables à ceci.

Mais vivent les mélanges !