Courrier des Lecteurs
2010 - saison 3/3
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28/12/2010 - B.B.
Récupérer d'anciennes
toiles peintes
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BB :
Merci pour votre site qui est un
véritable mine de renseignements !
La réponse à ma question s'y trouve peut-être, ne l'ayant pas trouvée
je me permets de vous contacter :
J'ai récupéré de vieilles toiles qui sont déjà peintes, à l'huile.
J'aimerais m'en servir comme support, en effaçant ou en recouvrant la
surface peinte. J'avais pensé à passer quelques couches de gesso, mais
le support étant déjà gras, je ne pense pas que ce soit une bonne
idée. Faut-il au préalable dégraisser la toile ?
Par avance merci, et tous mes voeux !
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Dtp : Merci
à vous !
C'est une question difficile, un rien
tabou.
Disons-le par honnêteté : oui, cela
marche parfois. Après un rude ponçage et si la matière picturale est
très maigre et très fine, parfaitement
siccativée, de bonne qualité et
le gesso de même ainsi que la nouvelle couche appliquée au-dessus,
maigre également. Cela vaut seulement dans ce type de conditions privilégiées
où l'on peut au mieux envisager une tenue correcte pour une décennie,
sans aucune garantie.
En aucun cas une peinture réalisée sur
un aussi dangereux support ne devrait selon nous être vendue, sauf
avertissement clair et écrit adressé au vendeur et à l'acheteur.
Les causes d'incidents ne manquent pas
en effet car l'huile même siccativée demeure mouvante et le ponçage ne
suffit pas de toute façon à s'assurer qu'elle a suffisamment siccativé
car nous avons affaire à un processus très lent, très profond et très
subtil (réticulation). Quant aux
rapports mécaniques et chimiques entre les couches... dans une telle
configuration c'est un casse-tête.
Cette pratique semble par contre
envisageable pour des travaux d'étude. Pourquoi pas, s'ils ne sont pas
destinés à être conservés ?
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Cependant, l'acte de détruire et
recouvrir un ancien tableau, même lorsque nous le trouvons d'un
intérêt négligeable, n'est pas aussi simple que le jeter. Cela peut
s'avérer difficile, beaucoup plus que l'on ne croirait a priori, sur
le plan émotionnel. C'est peut-être la raison pour laquelle ce sujet
demeure tabou. Il existe une sorte de pacte mystérieux, comme un lien
corporel, entre le peintre et son oeuvre. A chaque instant, on se
demande si l'on n'aurait pas pu sauver l'oeuvre.
Bien sûr, il est possible d'envisager
cette question sur un plan conceptuel. Cette "récupération violente"
ferait alors partie du propos de l'oeuvre. Une autre démarche.
BB :
Merci beaucoup pour votre réponse éclairante.
Je comprends qu'il ne faut pas compter sur une bonne conservation de
la toile dans ces conditions.
Ces toiles me viennent d'une amie peintre qui les a ressorties de son
bazar... En effet c'est très fort symboliquement, et ça peut être
intéressant de travailler avec cette valeur émotionnelle forte !
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Un acte symboliquement
lourd |
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