IZ : (...) J'aurai besoin de votre avis : je voudrais coller sur une toile (100x100) à la manière de Villeglé ou Rotella des fragments d'affiches sur plusieurs couches, je pense avoir un sérieux problème de technique !!!
 

J'ai fait un essai : j'ai enduit une toile (90x90) (châssis coton du commerce déjà apprêté)de gesso de couleur noire,puis j'ai fait un patchwork de vieux papiers peints collés sur la toile avec... de la colle pour papier peint... une fois sec, j'ai rajouté une nouvelle couche de papier peint... après divers "arrachages" j'ai rehaussé par endroit de peinture acrylique formant des zones de couleur, le résultat esthétique et artistique me plait ! mais hélas ....mon châssis n'a pas résisté .... il s'est complètement voilé, tordu, cassé même !!!!! je me rendais compte en l'exécutant que la toile se tendait anormalement ...

J'ai forcément un problème de colle !!! Quels sont vos conseils ? quelle colle utiliser à votre avis ? (je n'ai pas eu ce souci sur un petit format 40x40)

Dtp : A moins que votre colle à papier peint soit vraiment très exceptionnellement défectueuse, il y a de fortes chances pour que le problème vienne plutôt de la toile.

Vous n'avez pas forcément un problème de colle mais plus vraisemblablement un problème de support.

Le coton est une fibre peu coûteuse mais de qualité discutable pour la peinture comme pour les collages (lire l'article qui lui est consacré). Les témoignages et constatations directes ne manquent pas.

De plus, la toile que vous décrivez semble à peine enduite ou juste couverte d'un maigre gesso car une bonne enduction (encollage+gesso raisonnablement épais) permet de moins solliciter la sensibilité bien connue du coton aux agents extérieurs comme l'humidité (celle d'une colle aqueuse par exemple) ou les changements de température (information non constatée concernant la température, mais largement confirmée concernant l'humidité).

Une colle pour papiers peints de qualité standard ne provoque pas ce genre d'incidents sur une toile de lin normalement préparée. Sur du coton, ce que vous décrivez, pour être particulièrement spectaculaire, est classique, malheureusement. Il n'est pas rare qu'une telle toile se déforme à la moindre averse.

Notre conseil : vous pouvez ré-enduire le coton de vos toiles encore non peintes recto-verso pour mieux l'isoler, mais gare quand même aux changements de température. Le lin est beaucoup plus sûr. Ou le chanvre si vous en trouvez. Ces deux fibres, surtout le lin pour des raisons mécaniques (métiers à tisser), sont éprouvées de longue date.

Elles coûtent un peu plus cher, certes, mais vous pouvez limiter les frais en préparant vous-même les toiles, ce qui vous donne du même coup l'avantage non négligeable de contrôler la plupart des paramètres, notamment le "grain", la présence ou l'absence de gesso, d'une imprimature, d'un relief, ...

Comme on le disait beaucoup dans les années 70, une oeuvre peinte (ou collée) est un support et une surface. C'était peut-être un point de vue trop restrictif, mais il n'était pas sans intérêt : même pour oublier le support - ce que tout artiste peut souhaiter bien sûr -, il est utile de d'abord s'en préoccuper avec attention car il fait très concrètement partie intégrante de l'oeuvre, ce qui n'est pas un mot en l'air.

Le coton ne doit pas être diabolisé. Il ne peut pas être considéré comme un support standard pour les arts picturaux à ce stade de la production industrielle contemporaine - sauf travail d'enduction complémentaire -, mais comme tout matériau, bien employé il peut être bienvenu.

A commencer par des pochades, de petites choses à ne pas conserver. Ou bien, sur un mode moins mineur, pour de grandes compositions éphémères ou volontairement réactives aux changements environnementaux.

Le coton nécessite un emploi raisonné.

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