Courrier des Lecteurs
2010 - saison 2/3
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18/5/2010 - A.C. (1)
Huile à ses débuts : Van
Eyck et Lefranc
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AC :
En faisant des recherches sur les
recettes anciennes de peinture à l'huile, je suis tombé sur ceci :
LIEN
[si ce document
devenait inaccessible,
merci de bien
vouloir nous le signaler.
Nous disposons
d'une copie de sauvegarde]
Il y a beaucoup de questions sur ce document ; personnellement je
pensais que l'huile était le seul et unique liant de la peinture à
l'huile et le reste : résines, cires, essences etc. étaient les
diluants ou les solvants.
Mais si les pigments sont liés avec la résine, le mélange pigment +
huile + résine dure (Ambre ou Copal) va durcir très vite et ne permet
aucune conservation de la pâte sur plusieurs jours ?
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Dtp :
Ce document est effectivement
intéressant. On peut commenter :
* un détail
orthographique : on écrit térébenthine et non "thérébentine" (premier
schéma)
* sur le
même schéma on lit que le diluant est constitué d'une
essence d'aspic mêlée de
térébenthine de Venise. Cette dernière, en
tant que térébenthine - non essence de - est un corps gras (relire à ce sujet la
définition du glossaire). On voit là
que le concept de diluant n'était pas non plus aussi différencié
qu'aujourd'hui où l'on considèrerait davantage "la Venise" comme
l'adjuvant d'un médium, d'un vernis ou à la rigueur d'un liant.
* "La
résine dans la peinture rend indélébiles les couches les unes par
rapport aux autres (...)". Cette affirmation est un peu étrange
car la peinture à l'huile est de toute façon "indélébile". Ce terme
n'a guère de sens pour un peintre.
La résine ajoute une solidité que
l'huile ne possède pas, en particulier lorsque le pigment est rare,
c'est-à-dire lorsque l'on souhaite réaliser un glacis. C'est cette
même propriété de solidité qu'apporteront les médiums un peu plus
tard.
* C'est une
interprétation discutable de l'histoire des techniques artistiques que
d'affirmer que les pratiques qui ont suivi la première période ont
donné de si mauvais résultats que les impressionnistes (on pourrait
aussi mentionner la génération précédente, Corot par exemple) auraient
finalement décidé de se passer de tout autre produit que l'huile
pigmentée et le diluant.
Allons au Louvre. Les tableaux de Corot
ont tous craquelé. A peu de salles de là, les peintures flamandes
affichent une parfaite santé. Les tableaux de Titien également.
Pourtant, les Flamands comme les Vénitiens ont fait grand usage
d'adjuvants.
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L'homme au turban bleu,
Jan Van Eyck |
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Quant aux impressionnistes, aux fauves
et autres peintres de la période moderne, avant l'acrylique, ils ont
tout simplement cherché à s'affranchir des considérations techniques
(pensons par exemple à Vlaminck qui utilisait directement la couleur
sortant du tube ou à Monet qui reconnaissait avoir négligé des règles
élémentaires), parfois au grand dam des restaurateurs d'aujourd'hui.
Mais ce sont eux qui ont démontré la
nécessité de concevoir un liant tel que l'acrylique. On peut avancer
que d'une certaine manière, 1900 attendait
déjà l'acrylique. Ce sont aussi eux qui ont posé de nouvelles pierres
malgré l'imperfection des moyens techniques de l'époque.
Pour revenir à votre questionnement,
tout est affaire de quantités et là, le texte que vous mentionnez
sonne juste car il souligne ce fait.
Un tout petit peu de résine, un tout petit peu de cire d'abeille, cela
suffit à rectifier quelques insuffisances des huiles pour certaines
applications. Mais un peu trop et c'est la catastrophe. C'est parfaitement
vrai.
Autre mérite de ce texte : il rappelle
que les catégories actuelles (liant, médium, diluant) n'ont pas
toujours existé et que les pionniers, notamment les frères Van Eyck,
avaient découvert des méthodes qui fonctionnaient si bien qu'elles
demeurent des énigmes aujourd'hui comme le soulignait Xavier de
Langlais au sujet de l'ambre.
Nos habitudes contemporaines ne sont
cependant pas nées de rien. Il est apparu pertinent, au fil des
siècles, de décomposer le problème autrement que lors des débuts du
procédé et cela fonctionne bien. Cependant, il est pertinent de
revisiter, recomposer et adapter les procédés en fonction des usages
et des intentions artistiques.
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1900, Maurice de Vlaminck |
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