Les
résines
dures
(solubles à chaud)
Ces résines ne peuvent pas être préparées avec des moyens
habituels à cause des températures et conditions de cuisson. Pas de recettes
pour l'atelier dans cet article...
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Sommaire
L'ambre
Les
copals |
L'ambre et les copals solubles à chaud fondent à 300°C
environ.
Certains copals se dissolvent totalement à
l'essence
d'amandes amères.
L'ambre
Lectures conseillées :
Ambre moulé / ambre pressé
(in Courrier des Lecteurs)
L'ambre sur Pourpre.com
Nom masculin, de l'arabe al'anbar.
Se dit aussi succin ou karabé (ambre jaune seulement).
Nombre de traités de peinture évoquent un médium mythique à l'ambre,
fabriqué par les frères Van Eyck. Personne n'a pu retrouver leur recette - au
demeurant hypothétique -,
et pour cause : dans l'état actuel des connaissances scientifiques, il n'existe
pas de dissolvant satisfaisant pour l'ambre (du moins connu publiquement). Ceux que nous connaissons ont une fâcheuse
tendance à dissoudre excessivement cette substance avant de la mettre en
solution (voir diluants, solvants, dissolvants)
ou nécessitent une cuisson également destructrice, ne permettant pas de
retrouver sous forme de vernis le produit originel.
Mais au fond, de quel ambre s'agit-il ?
Il existe deux principaux types d'ambre :
l'ambre gris, animal et l'ambre jaune,
végétal. D'autres appellations sans grand intérêt comme "l'ambre blanc" (spermaceti)
et "l'ambre noir" (asphalte) semblent surtout liées à des questions de valeur
commerciale. Elles sont comparables à des expressions comme "l'or noir"
et il ne s'agit aucunement de résines. On notera pour en finir avec les
appellations que l'ambre de la mer baltique est surnommé "or de la baltique".
Les précis de peinture semblent parfois reproduire une confusion très ancienne
entre les deux catégories principales. Ce sont assez vraisemblablement les parfumeurs qui ont opéré une
distinction ou contribué à la faire percevoir. L'ambre animal gris provient de la baleine.
Il flotte sur les océans et il sent très bon. Il est donc en toute logique employé en parfumerie,
domaine où il est considéré comme très précieux.
Les récits de navigateurs arabes découvrant des étendues maritimes couvertes
d'ambre précieux font rêver. D'ailleurs, le mot éponyme al'anbar semblerait
désigner en premier lieu l'ambre gris (information non confirmée).
C'est l'ambre végétal (photo ci-contre) qui
intéresse principalement le champ "Beaux-arts" et quelques autres dont
la joaillerie essentiellement. Il est l'objet des
recherches quasi alchimiques de certains peintres, de certains luthiers, nous y
reviendrons.
Il est également nommé succin, succinite, myrrhite, karabé ou carabé
et surtout êlectron chez les grecs. Curieusement, il est à l'origine de
prénoms féminins en des lieux et des temps très différents : les Électre grecques d'hier, les Amber
anglo-saxonnes d'aujourd'hui.
Mais pourquoi Électre, pourquoi êlectron qui nous évoque des découvertes
modernes ? Parce que c'est l'ambre qui est
à l'origine du mot électricité et ce n'est pas pour rien : frotté, il
accumule une charge électrique et attire alors de menus objets. Les Grecs
avaient observé ce phénomène dont le nom est resté.
L'Europe médiévale nomma "electrum" nombre de matières. Ce
terme aurait même désigné des alliages métalliques plus ou moins précieux.
Certes, on ne peut pas blâmer ces confusions et abus de langage car le mot
finissait par définir un produit de valeur plus qu'une substance précise. Mais cette ambiguïté a
certainement servi
plus d'un escroc. Même lorsque la matière ambre trouva son nom actuel emprunté à
l'arabe, la confusion, l'enjeu et l'avidité de certains subsistèrent.
Contrefaire était facile : dans différentes régions du monde, on connaissait
encore bien peu ce produit. Au XVIIIème siècle encore, on a intitulé
"ambre" des copals et
André Béguin cite un avertissement évocateur, émanant de Neumann et publié en 1730 par Watin : "les
Hollandois font passer pour de l'ambre une résine végétale, nommée gomme de
Look, qui vient de l'Amérique".
L'ambre dite "jaune" est en fait d'une couleur variable, souvent jaune en effet
mais parfois blanchâtre et pouvant atteindre le rouge. Sa composition chimique
nominale nous est inconnue à ce jour et nous vous invitons
chaleureusement à entrer en contact avec nous si vous disposez d'informations à
ce sujet.
Lire à ce sujet un
courrier des lecteurs.
Non poli, le "caillou d'ambre" n'a vraiment pas bel aspect. Même de provenance
identique, les morceaux sont de couleurs variées et ressemblent sensiblement à
une collection de cailloux ramassés à droite et à gauche. Cela s'explique : une
couche de sédiments durs les recouvre. L'extraction a lieu en carrière. La
pierre est prélevée dans une strate qu'il faut savoir repérer.
Une pierre "vendable en joaillerie" nécessite non seulement de retirer la
couche dure, mais aussi de polir, une opération assez simple. Dans le domaine
des Beaux-arts, le polissage est inutile mais on peut être amené à retirer la
couche de pierre sédimentaire et aussi à filtrer certaines impuretés internes.
Des impuretés plus qu'antiques.
L'ambre végétal est en effet le résultat de
l'altération de la résine d'arbres
vieux de milliers voire de millions d'années, ce qui n'a pas échappé au scénariste de Jurassic
Park. La résine lentement durcie a quelquefois pu piéger en quelques
secondes de petits animaux, insectes ou autres, lorsqu'elle était fraîche.
Environ un pourcent des pierres extraites des carrières de Colombie contiendrait
un fossile animal (information non confirmée), ce qui d'ailleurs confère une
certaine valeur à ces spécimens que le peintre évitera d'utiliser. Pourtant, il
devra tenir compte de la présence possible d'autres impuretés telles que des
morceaux de feuilles, de branches, etc., tout comme il le fait habituellement
avec d'autres gommes (dammar, arabique, etc.). Un filtrage est nécessaire.
La pureté et la dureté de l'ambre sont des avantages et des
inconvénients car il est aussi splendide que difficile à traiter comme matériau
brut. Certains maîtres - dont Salvador Dali - employaient des médiums
et vernis à l'ambre dont la qualité, après dissolution, était semble-t-il à
peine comparable à
celle de produits au copal. Xavier de Langlais évoque de multiples tentatives
qui n'intéressent pas seulement le domaine des Beaux-arts au travers des hypothétiques recours à l'ambre des Van Eyck, mais aussi celui
de la lutherie.
L'ambre se ramollit à 175°C et fond au-dessus de 300 (informations
Delcroix et Havel - d'autres sources donnent
un point de fusion très variable et pouvant être très inférieur, vers 200°). Le problème est de le rendre soluble sans
altération car sa fusion l'opacifie. Certains auteurs recommandent de
le
dissoudre à l'aide de chloroforme : une fois
réduit en poudre fine, le laisser mariner trois mois dans un récipient
étanche, faire fondre au bain-marie dans la térébenthine préchauffée,
laisser évaporer. Ce procédé ne semble donner que de médiocres résultats.
ATTENTION : cette recette n'est publiée ici qu'à titre informatif : sa
réalisation implique des dangers importants.
Pour qui décide de se lancer dans cette aventure, nous conseillons de lire
en premier lieu Yvan Thièle, auteur de ce procédé, et de s'informer auprès des
pompiers des précautions à prendre.
Un autre procédé, cette fois à feu doux, fut expérimenté au XVIIème
siècle par le très fameux Docteur de Mayerne. Son exposé a cependant pu paraître
légèrement mystérieux à des générations de chercheurs. Il semble que pour
dissoudre le "carabé", il utilisait... de l'huile distillée (essence) de "carabé",
outre différentes essences et huiles "bien meslées" dont l'énumération pourrait
peut-être laisser à penser qu'il manque là sans doute peu de sel et de clou de
girofle, à moins qu'il ne s'agisse d'un langage codé.
André Béguin mentionne un procédé
contemporain basé sur un réchauffement à 200°C (ambre pyrogénée). Selon lui, cette
température permettrait d'éliminer les principaux insolubles, ce qui autoriserait
l'obtention d'un liquide mêlé à de l'essence, de l'huile ou de l'alcool. D'ailleurs,
le réchauffement intervient dans pratiquement tous les procédés.
M. Jacques Blockx - dont l'entreprise propose
un vernis à l'ambre utilisable comme médium - ne recourt pas au traitement à
chaud. Son procédé est secret et cela se comprend. S'il parvient à déconstruire
l'ambre, la question qui se pose est : comment se reconstruit-il ensuite ? On ne
peut omettre l'effet des millénaires. Ce point est évoqué plus en détail dans le
Courrier des Lecteurs. Lien.
Comme le dit très justement André Béguin, les opinions sur les produits à
l'ambre sont extrêmement variés et les recherches innombrables. Au fait, un
correspondant très proche de notre réseau vient de trouver un nouveau mode de
dissolution ! Mais on n'en dira pas plus. Au fond, le conditionnement de l'ambre
n'est-il pas avant tout une sorte de pierre philosophale ?
Les copals
Il en existe de nombreuses variétés. Certaines proviennent d'arbres
fossiles, d'autres d'arbres vivants.
Le terme copal proviendrait de copalli, mot nahuatl.
Il s'agit de résines grasses plutôt dures, donnant des médiums et vernis gras.
Certains auteurs conseillent le copal fossile de Zanzibar, d'autres le
copal fossile de Madagascar (il existe une version non fossile).
Il faut reconnaître une supériorité de la variété de Zanzibar : ce copal est soluble
mais pas dissoluble par l'essence
de térébenthine, ce qui fait qu'il conserve toutes ses propriétés.
Les copals, aux propriétés mécaniques
remarquables, auraient dans l'ensemble le grave défaut de jaunir. Tout
vernis au copal doit d'abord être "mis en
examen" littéralement, sous cet angle.
Il faut d'ailleurs noter la véritable "couleur café" de plusieurs produits du
commerce. Il ne s'agit donc pas seulement d'un risque de jaunissement, mais bien
d'une coloration intrinsèque (variable selon les variétés) dont le peintre est
obligé de tenir compte.
Les fabricants pratiquent notamment un mélange sans
doute fort pertinent, "copal / dammar / baume
du Canada" et parfois, dit-on (ce n'est pas
confirmé), une exécrable combinaison copal / colophane,
pour les produits de mauvaise qualité.
Copal de Demerara : voir copal plus
facilement soluble.
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