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AG :
Beaucoup d'artistes contemporains
peignent à la résine (par exemple, dans les livres sur Bernard Frize,
peintre allemand reconnu, on trouve souvent dans la légende, en bas
des images de ses tableaux : "peinture nacre et résine") ce qui
apporte un aspect très brillant... Savez vous comment on s'y prend,
faut-il appliquer la résine après la couche de peinture acrylique ou
bien mélange t-on de la peinture acrylique avec de la résine ? Ou bien
s'achète-t-elle toute prête ?
D'avance merci pour vos précieux conseils !
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Dtp :
Concernant l'aspect nacré, il est normalement conféré à une peinture par un pigment
interférentiel (lire le chap. VIII
des Dialogues). Mais ce terme est parfois dérivé de son sens, donc
restons prudents et jouons un joker.
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Le terme résine est de fait utilisé dans de
multiples sens. Quasiment toutes les peintures, naturelles ou
synthétiques, sont des résines et
de très nombreux matériaux de sculpture également.
La confusion est grande. Parlez de
résine à certains, on vous répondra
copal. Dans les ateliers
d'art contemporain cependant, "une résine" est le plus souvent une
sculpture ou un matériau de moulage ou de coulage et éventuellement mais
plus rarement, un vernis très solide.
Sur le site de la galerie Emmanuel
Perrotin, on trouve de nombreuses reproductions de tableaux de Bernard
Frize. Prenons au hasard celui-ci :
lien. En anglais, on lit "Laque, alkyde and urethan on canvas".
En français, on lit "Laque alkyd-uréthane sur toile", ce qui ne
veut pas du tout dire la même chose. La confusion est la règle lorsqu'il s'agit de décrire des techniques picturales,
surtout contemporaines.
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Le grand carrefour des
résines |
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L'artiste a peut-être collé et amalgamé
des fonds de pots de peinture alkyde sur la
toile à l'aide d'une résine, puis il a couvert le tout d'un vernis (la
"laque"). Autre possibilité plus vraisemblable, il aurait collé les
fonds de pots avec une colle ou un gel acrylique puis fixé le tout
avec un vernis alkyde
modifié uréthane, la "laque" derechef.
Autre exemple :
celui-là qui semble plus proche du cas courant chez B. Frize. Nous
avons "Acrylic and resin on canvas / Acrylique et résine sur toile".
Comme aucun collage ou sculpture n'apparaît, on ne sait ni la nature
ni la fonction de la résine. Un vernis polyuréthane acrylique ?
Possible.
Effectivement quelques peintres et
plasticiens utilisent des vernis synthétiques plus ou moins
industriels. Dans le cas de Bernard Frize, cela rejoint sans doute son
intention, l'esprit de son travail. Ce n'est sûrement pas un choix
anodin.
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A lire pour
information :
Les liants polyuréthanes
Le polyuréthane est
protéiforme. Ses formulations autorisent toutes sortes d'applications,
du coulage au vernissage en passant par la fixation de substances
pigmentaires.
Cela implique une
certaine
confusion. |
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Au passage, l'expression "peindre à la
résine" n'est pas forcément correcte car cela impliquerait normalement
d'appliquer une "peinture-poudre"
(ou autre produit destiné à cet emploi) dans un premier temps, puis de
la fixer par une projection de vernis polyuréthane, comme le
font les garagistes, les carrossiers et quelques industriels (assez
rares au demeurant car depuis longtemps, ceux-ci mettent plutôt en
oeuvre des fixations thermiques). Or ici, il semble que - sauf
erreur - Bernard Frize peint à l'acrylique puis applique au-dessus une laque
ou un vernis dit "résine". C'est plutôt - sous toute réserve -
une sorte de méthode composite assimilable à un vernissage, utilisée
d'ailleurs par d'autres peintres contemporains. |
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"Peindre à la résine" :
vraiment ? |
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Il ne s'agirait donc pas véritablement
de "peindre à la résine" comme le font à leurs heures certains
garagistes poètes dans les règles de l'art du polyuréthane
(information confirmée).
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Le petit art discret
mais authentique du polyuréthane |
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De toute façon, il est important
d'attirer l'attention des lecteurs sur le fait que les "résines" dont il s'agit sont le plus
souvent de dangereux produits qui
nécessitent absolument un lieu de travail adapté ainsi que des
protections et une formation ou un encadrement sérieux.
Mais c'est un secteur dynamique, comme
le rappelait le plasticien Yves Bodiou à l'occasion d'un autre
Courrier de Lecteur (lien).
De nouveaux produits apparaissent souvent donc il faudrait questionner
un vendeur spécialisé pour se faire une idée de l'éventail des
possibilités actuellement disponibles. Vous trouverez
quelques adresses en tapant "distribution sculpture" dans la zone de
recherche située en haut de page.
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Last but not least, disons que
sauf si cela entre dans le "discours artistique" de votre travail ou
si cela répond à une contrainte mécanique ou chimique associée à des
lieux d'exposition particuliers, il n'est
absolument pas nécessaire d'employer une "résine" pour rendre
une peinture acrylique brillante, satinée ou mate. Ou encore épaisse. Il existe en effet
d'excellents gels et vernis acryliques qui n'imposent pratiquement
aucune contrainte de sécurité ou de compatibilité chimique, pour un
résultat au moins équivalent voire supérieur dans la mesure où l'on
peut jouer sur d'autres caractéristiques propres à l'acryle.
On les utilise soit en mélange avec la peinture (médiums,
médiums-gels), soit par-dessus (vernis).
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La question du "sens" :
pourquoi une "résine" ? |
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Quant aux mélanges éventuels entre
polyuréthane et acrylique, cela se fait, mais dans le champ industriel
où l'on conçoit les molécules de sorte qu'elles soient compatibles
entre elles, mais aussi avec le cahier des charges (par exemple, le
support carrosserie n'est pas le support toile). C'est le résultat de
recherches totalement hors de portée pour l'artiste.
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Ajuster les molécules |
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L'emploi de "résines" n'est pas sans
risques et pour l'oeuvre et pour l'artiste, voire pour
l'environnement. Plus encore, même si un produit sain et facile
d'emploi apparaissait, la question de sa longévité se poserait.
Certains produits synthétiques en lesquels on a cru au point de penser
que le verre lui-même deviendrait un archaïsme, se sont avérées jaunir
lamentablement. D'autres ont craquelé, fariné,
etc.
Autrement dit, sans déconseiller cette
pratique qui est un axe de travail intéressant, il faut avertir
qu'elle nécessite d'interroger des spécialistes connaissant
parfaitement le sujet et son actualité, mais aussi de se former et de
s'équiper si nécessaire et enfin de tester les résultats ou d'enquêter
sur une période suffisamment longue pour être représentative. En aucun
cas l'usage combiné de "résines" avec l'acrylique ou d'autres procédés
picturaux n'est quelque chose de simple comparativement aux puissantes
possibilités et à la facilité d'emploi du "tout acrylique"
d'aujourd'hui. Qui demeure certes encore un peu cher.
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Pas impossible mais pas
simple |
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