Navigation thèmes

Pigments, couleurs

Courr. des lecteurs

Substrats, supports

Liants et procédés

Procédés de dessin

Sculpture

Outils

Produits auxiliaires

Concepts phys-chim

Concepts techniques

Réseau ArtRéalité 

Qui sommes-nous ?

Sites amis

- LaCritique.org

- LEntrepot.fr

 

 

 

 

 

 

Navig. page/section

Préc./Prec.
Sup./Above
Suiv./Folwg.

_____

 

Sous cette page

_____

 

 

 

Copyright © www.dotapea.com

Tous droits réservés.
Précisions cliquer ici

 

Courrier des Lecteurs

2009 - saison 3/3

 

 

26/10/2009 - E.V.

Smalt, potassium et huile dégradée

 
cdl cdl cdl

 

Navigation, sommaire thématique

cliquer ici

Dialogue antérieur - Dialogue suivant

[petites révisions en 2011]

 

 

 

EV : Dans un passage de la page consacrée aux bleus moyens & froids vous écrivez ceci concernant le smalt :

"Ce pigment était (et demeure) très coûteux et d'un emploi malaisé. Sa permanence est mise en doute par certains auteurs. Dans le domaine de la peinture, l'une des argumentations est la suivante : le smalt serait produit avec du verre potassique et non sodique (les raisons demeurent obscures et l'information n'est pas confirmée), donc le potassium inclus dans le verre pourrait saponifier des corps gras tels qu'une huile à peindre, une cire ou de l'oeuf. Quant au domaine des arts du feu, le même potassium aurait tendance à se dissoudre en présence d'eau ou d'acide. Là aussi, l'information n'est absolument pas confirmée et si vous disposez d'informations précises, n'hésitez pas à nous contacter."

Il semble que le phénomène soit tout à fait prouvé ainsi qu'en témoigne un article du bulletin technique n° 26 de la National Gallery de Londres : lien.

[Extrait traduit :

Enquête sur les processus d'interaction Pigment-Milieu dans les peintures à l'huile contenant du smalt dégradé.
Marika Spring, Catherine Higgitt et David Saunders
 

'"Le pigment bleu smalt, un verre contenant du cobalt, est connu depuis longtemps comme instable. Des exemples de smalt décoloré dans des tableaux de la National Gallery ont été examinés en microscopie visible, en analyse aux rayons X dispersés, en microscopie infrarouge à transformation de Fourier, en chromatographie gazeuse/spectrométrie de masse, et les résultats ont été comparés avec ceux d'échantillons de peinture artificiellement vieillis. Les analyses confirment que le smalt n'a pas seulement perdu sa couleur en se dégradant, mais qu'elle a aussi causé des changements chimiques dans l'huile. Le potassium est exfiltré du verre, et forme des savons avec les acides gras de l'huile."]

 

 

Dtp : Merci beaucoup pour cette confirmation bien documentée.

 

Tout ceci démontre encore une fois que l'huile, ou plus précisément les esters d'acides gras, ne font pas bon ménage avec les alcalis et que la menace d'une saponification est sérieuse pour les oeuvres peintes.

 

Dans ce cas précis, le danger de dégradation est sournois car il est littéralement "tapi dans le verre".

 

Une précision cependant après consultation de Jean-Louis : il n'est pas certain que le potassium soit "exfiltré" (leached dans le texte original) à proprement parler. On ne voit pas comment. On mentionnera plutôt deux mécanismes possibles (sous toute réserve) : l'action du potassium resté en surface (ce ne serait pas un cas isolé) et l'action à long terme de l'huile sur le verre, une chimie lente mais réelle, qui pourrait dégager progressivement du potassium.

 

Le fait que le fondant soit le potassium n'est peut-être pas tellement déterminant concernant l'action qu'il a sur l'huile par rapport à un autre fondant. On peut présumer que le sodium - dont la température de fusion est beaucoup plus faible - aurait produit sensiblement le même résultat.

 

Donc on recherchait une température et on l'obtenait avec un fondant précis - il n'en existe pas une infinité - : le potassium.

 

Pourquoi rechercher une température ? Vraisemblablement afin d'obtenir ou de conserver le bleu désiré.

 

La température est en effet le déterminant majeur de la couleur du cobalt. Je cite Jean-Louis : "ce qui peut changer [avec la température], c'est la coordination du cobalt, c'est-à-dire le nombre de liaisons qu'il engage avec ses voisins. On a du cobalt tétrahédrique ou octahédrique, et ça change sa couleur" (voir Les cobalts).

 

 

Cette histoire que l'on pourrait sous-titrer "Du mauvais mariage entre les huiles et certains verres" est non dépourvue d'ironie puisque ce même verre est la substance que l'on avait sans doute crue protectrice lors de la "vogue du smalt", le problème de fond étant toujours d'isoler l'huile des oxydes de cobalt qui sont des siccatifs très (trop) puissants.

 

Le "bleu de cobalt", enserré dans l'alumine, semble mieux y parvenir sans poser ces problèmes de fondant et de dégradation lente du verre.

 

 

 

 

Retour début de page 

 

Communication