Dtp :
Merci beaucoup pour cette confirmation
bien documentée.
Tout ceci démontre encore une fois que
l'huile, ou plus précisément les esters
d'acides gras, ne font pas bon ménage avec les
alcalis et que la
menace d'une saponification est
sérieuse pour les oeuvres peintes.
Dans ce cas précis, le danger de
dégradation est sournois car il est littéralement "tapi dans le
verre".
Une précision cependant après
consultation de Jean-Louis :
il n'est pas certain que le potassium soit "exfiltré" (leached
dans le texte original) à proprement parler. On ne voit pas comment.
On mentionnera plutôt deux mécanismes possibles (sous toute réserve) :
l'action du potassium resté en surface (ce ne serait pas un cas isolé)
et l'action à long terme de l'huile sur le verre, une chimie lente
mais réelle, qui pourrait dégager progressivement du potassium.
Le fait que le fondant soit le potassium
n'est peut-être pas tellement déterminant concernant l'action qu'il a
sur l'huile par rapport à un autre fondant. On peut présumer que le
sodium - dont la température de fusion est beaucoup plus faible -
aurait produit sensiblement le même résultat.
Donc on recherchait une température et
on l'obtenait avec un fondant précis - il n'en existe pas une infinité
- : le potassium.
Pourquoi rechercher une température ?
Vraisemblablement afin d'obtenir ou de conserver le bleu désiré.
La température est en effet le
déterminant majeur de la couleur du cobalt. Je cite Jean-Louis : "ce
qui peut changer [avec la température], c'est la coordination du
cobalt, c'est-à-dire le nombre de liaisons qu'il engage avec ses
voisins. On a du cobalt tétrahédrique ou octahédrique, et ça change sa
couleur" (voir Les cobalts).
Cette histoire que l'on pourrait
sous-titrer "Du mauvais mariage entre les huiles et certains verres"
est non dépourvue d'ironie puisque ce même verre est la substance que
l'on avait sans doute crue protectrice lors de la "vogue du smalt", le
problème de fond étant toujours d'isoler l'huile des oxydes de cobalt
qui sont des siccatifs très (trop) puissants.
Le "bleu
de cobalt", enserré dans l'alumine,
semble mieux y parvenir sans poser ces problèmes de fondant et de
dégradation lente du verre.