Noir aux accents bruns prononcés, il a été employé par des dessinateurs célèbres, voire
de toute première importance, comme Rembrandt.
l serait fabriqué à l'aide d'un noir de
suie. Le liant le plus utilisé dans la fabrication de cette encre est la gomme
arabique, mais un emploi sans liant additionnel pourrait être envisagé dans
certains cas, notamment si la nature de la suie le permet. Le résultat dépendra
de toute manière, quel que soit le procédé, du bois sélectionné. Lire à ce sujet
Le noir de fumée et le noir de suie.
André Béguin donne quelques indications sur
la fabrication traditionnelle de cette substance : "Cette couleur très
résistante, de tonalité chaude était obtenue en faisant bouillir de la suie dans
l'eau ; la peinture pour aquarelle est préparée de la même manière, mais le
colorant obtenu est séché, puis broyé avec de l'eau de gomme additionnée d'un
peu de vinaigre." (p. 120, t. I).
Lecture conseillée :
Le
bistre sur Pourpre.com
Les
encres d'écriture
Nous en mentionnerons seulement certaines, dont l'intérêt nous a semblé
particulièrement remarquable quant à leurs emplois possibles dans le domaine
artistique.
En vrac, évoquons :
*
les encres contemporaines. Certaines ont une bonne
tenue. Vendues en flacon et destinées aux
stylos, elles sont assez courantes, d'un coût modéré et il n'y a pas de
raison, pour l'artiste, de les dédaigner lorsqu'elles proviennent de fabricants
bien réputés. Celles dont la couleur est un noir bleuté présentent souvent une particularité : diluées à l'eau, elles
donnent parfois des aplats gris-bleu bordés d'un très bel ocre jaune. De même, sur
des tracés secs ou mi-frais effectués à la plume, l'aspersion de quelques
gouttes d'eau donne des résultats chromatiques fort intéressants. Généralement,
ces encres se conservent assez durablement.
*
les encres d'écriture anciennes :
*
les encres antiques à base de noir
de fumée et de suie, répandues dans tout l'univers méditerranéen. L'Égypte
ancienne a utilisé avec succès ces noirs en combinaison avec la gomme
arabique. L'encre obtenue a servi à l'écriture dès 2500 BC
environ.
*
certaines encres gréco-romaines, à base semi-végétale et
semi-minérale (fer, cuivre). Les encres impériales pouvaient être mêlées
de pourpre ou de
cinabre, devenant privilèges exclusifs
des dirigeants.
*
les encres de l'Occident médiéval, souvent à base de
noix de galle
et de sulfate de fer liés à la gomme arabique. Plus fluides que leurs
ancêtres, elles autorisent l'écriture à la plume d'oie.
*
les encres de l'Orient musulman ancien. Elles contenaient également
du sulfate de fer et d'autres éléments broyés très finement.
Les
encres colorées
D'une manière générale, les fabricants en proposent deux types :
*
les encres transparentes, dites "encres aquarelles"
Il serait hasardeux d'affirmer qu'elles sont vraiment fabriquées avec de la
gomme arabique comme l'aquarelle éponyme. Leur charge pigmentaire est importante mais les usagers
habitués
les disent fugaces.
Attention : certaines encres diluables à l'eau que l'on pourrait assimiler
à l'intitulé "encres aquarelle" sont de bonne qualité. A l'opposé, nous
parlons ici plutôt d'une catégorie de produits "industriels" actuellement
utilisés par des graphistes qui scannent leurs travaux et jettent les
originaux dont ils connaissent la fugacité.
Certains fabricants ne contestent pas cela et proposent un vernis destiné à
une meilleure conservation.
*
les encres opaques, dites "encres acryliques".
Elles sont utilisées notamment pour le travail au compresseur
(aérographe).
Plutôt épaisses, elles ne peuvent être appliquées à la plume que
diluées.
Elles sont réputées plus permanentes que les "encres aquarelles" et
certains fabricants qui produisent les deux types de produits ne s'en cachent
pas. Mais n'est-ce pas l'épaisseur supérieure de la pâte qui fait la
différence, stoppant ou ne stoppant pas certains rayonnements ?
On ne peut que conseiller aux fabricants de communiquer plus en détail sur
ces points.
*
les encres de "qualité artistiques"
incluant notamment de la gomme laque.
Elles sont actuellement très prisées et l'on ne peut que se féliciter de
l'existence de tels produits qui sortent du lot industriel habituel mais qui
peinent fortement à acquérir leurs lettres de noblesse. Il est cependant
encore un peu tôt pour se prononcer sur leurs comportements à long terme.
La question de la durabilité de ces catégories se pose. Pourra-t-on voir
apparaître demain une "encre aquarelle" aussi permanente qu'une "encre
acrylique", est-ce du domaine du possible ? Une question à garde en suspens.
Les
encres blanches
Même vendues sous l'intitulé "encre de Chine blanche", elles ont
toutes une consistance très différente des encres classiques : elles sont
épaisses. Pour être utilisées à la plume, elles peuvent même nécessiter
l'adjonction de 5% d'eau environ.
Le
café
Il est peu colorant. Les concentrations nécessaires pour obtenir un vrai
brun sont surprenantes.
Éviter le café soluble, hautement réversible.
Le café donne de bons résultats pour des croquis, de petits travaux
n'étant pas destinés à être conservés très longtemps.
Une spécialiste de la torréfaction nous indique que sans changer de
couleur, le café pourrait, avec le temps, passer d'un pH
alcalin à un pH acide.
Information non confirmée.
Composition : voir xanthine et
thé.
Lecture conseillée :
Le
café sur Pourpre.com
Le thé
Dans une tasse il semble assez clair. On pense donc en premier lieu à lui pour les fonds, bien sûr, mais il
existe une méthode qui permet d'obtenir des teintes foncées. Avec un thé
moyen, il suffit de le "faire réduire" en deux fois ou plus, comme une sauce.
On obtient des coloris très foncés qui peuvent même être très légèrement
empâtés (à peine le cinquième d'un millimètre) sans craqueler. Le séchage
préalable est praticable : on peut mettre en solution la masse sèche (avec un pinceau
mouillé), mais le résultat ne semble guère homogène : le pinceau laisse
derrière lui de petits morceaux sombres et brillants. Il faut d'ailleurs
noter l'aspect brillant du thé moyen, qui s'accroît fortement lorsqu'il est
utilisé de manière "condensée". Plus on va vers le noir, plus la matière a de
reflets.
Chargé en tanin catéchine
(15 à 20%), il est relativement peu réversible
par rapport à d'autres procédés à l'eau, mais l'est quand même, bien qu'il soit
nécessaire de tenir compte en premier lieu du support, comme nos tests l'ont
révélé.
Sur de la toile de lin, il est fort sombre et bien tenace, nous l'avons
constaté. On pourrait pratiquement
l'assimiler à une teinture substantive.
François Perego évoque aussi "des tissus de
soie très anciens teints au thé" mais ne précise malheureusement pas le
procédé (qui n'est peut-être pas connu).
Plus le
support ressemble à un tissus, plus le résultat semble probant.
Soit dit sous
toute réserve car tout végétal réserve des surprises d'une variété à
l'autre, d'un individu à l'autre, d'un sol à l'autre. Par ailleurs, il existe
deux modes de préparation du thé. L'une, directe,
donne le thé vert. L'autre passe par la fermentation. On ne peut donc absolument pas garantir la permanence
d'une encre ou d'une teinture à base de thé, même si l'on peut affirmer que
parmi les éléments contenus, certains sont "plutôt tenaces, mais modérément".
Comme le café, le thé contient de la caféine (d'abord nommée théine), molécule xanthinique.
Le vin
Voir Alcools.
Les encres destinées à l'impression
Elles sont tout à fait spéciales. Les industriels les classent dans une
catégorie très spécifique.
Le plupart du temps, il s'agit de poudres extrêmement fines fixées par une
chaleur assez modérée.
Elles sont toutes assez fugaces. Certains procédés spéciaux, destinés
notamment aux arts plastiques, permettent cependant d'obtenir une certaine
permanence, voire même une véritable résistance aux intempéries. Ces impressions
- assez coûteuses - peuvent être effectuées sur toile, sur plastique spécial (la
"bâche", une sorte de linoléum), sur vinyle, sur polyester, sur papier
traditionnel ou sur papier métallisé. Les dimensions des supports peuvent
atteindre plusieurs mètres de largeur.
Les
encres d'usage "très spécifique"
L'encre inactinique (voir actinique).
Extrêmement opaque, elle servirait de masque (voir réserves)
lors du flash en sérigraphie contemporaine.
L'encre d'or à base d'eau régale.
Lire passage in Les
dialogues de Dotapea chap. XIX.
N'hésitez pas à nous signaler d'autres encres aux emplois particuliers.
Cliquer ici.
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