Pastels
à l'huile
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glossaire
Siccativation, contraintes, protection
Le pastel gras à l'huile ne connaît une véritable siccativation
que lorsqu'il est de bonne qualité (quand il sent l'huile à peindre, pour
résumer) et c'est seulement dans ce cas que
l'on peut lui adjoindre certains ingrédients typiques de la peinture à
l'huile, sans quoi la liste des adjuvants utilisables se limite à celle des
diluants. De plus, devant demeurer durablement à l'état de bâtonnet frais et
utilisable, il est nécessairement adjoint d'une part de produits assez
saturés destinés à
retarder ou empêcher sa siccativation. L'achèvement de ce processus n'est donc
pas garanti, ce qui implique des contraintes. Les "barres
d'huiles" ont d'ailleurs tendance à occuper le terrain laissé vacant
pour cette raison.
D'après les témoignages dont nous disposons, le meilleur protecteur des
oeuvres réalisé avec ces pastels ne serait ni un vernis ni un fixatif : ce
serait... l'huile. Nous devons pourtant mettre en doute cette affirmation à
cause de problèmes d'adhérence avec une couche picturale qui risque de s'avérer
trop saturée.
En réalité, la solution la moins risquée devrait être l'encaustique. Rien ne
"tient" mieux sur de la cire que de la cire.
Qualité
et action mécanique
Quand il est trop "cireux", le pastel à l'huile emporte les couches inférieures par action mécanique
et produit rapidement des teintes "maronnasses". Bien gras, ayant la consistance
du beurre un peu fondu, il s'ajoute en épaisseur sans influer beaucoup sur la couche
sur laquelle il est appliqué.
Plus le pastel est gras, plus il répond à ce que l'artiste peut
généralement attendre de lui : l'opacité des traits surajoutés, la
possibilité de diluer efficacement la pâte à l'aide d'une essence, un départ
de siccativation supérieur aux pastels "cireux" moins gras. Encore
faut-il préciser ce que l'on entend par cireux : il existe des pastels à la
cire (d'abeilles, de carnauba) qui constituent des catégories à part, mais
nous voyons bien que les cires ajoutées dans les pastels à l'huile d'entrée
de gamme n'ont ni le parfum ni les caractéristiques de ces cires.
En fait la présence accentuée de cire d'abeille ne
correspond pas à un consistance "cireuse" au sens où nous
l'entendons habituellement : cette substance est liante, c'est-à-dire grasse.
C'est la présence d'huile saturée qui donne un caractère
dit "cireux"
à la pâte, à l'instar de la cire de bougie. Une bougie bien
paraffinée
agit sur un dessin aux pastels gras de manière purement mécanique, formant
derrière elle des mélanges sales comme le fait un pastel gras peu
onctueux de mauvaise qualité.
Une
recette typique...
... dont nous ne divulguerons pas l'origine étaye notre propos :
* 100 g de pigment
* 30 g de cire d'abeilles ou minérale
* 25 g de vaseline (ou toute huile hydrocarbonée saturée
"propre").
Vaseline et huile ou cire minérale sont des éléments saturés incapables
d'interagir autrement que mécaniquement et incapables de siccativer. C'est sur
ce point précis que se fait la différence entre pastels de bas niveau et de
bon niveau. Évidemment, la durabilité du produit obtenu s'en ressent à
l'inverse.
Les
supports
Le choix repose en bonne partie sur le degré de saturation du pastel. Plus
celui-ci s'assimile à un ester
insaturé, plus il y a lieu de s'éloigner des supports
alcalins à cause des risques de saponification.
Pour l'école ou pour des travaux éphémères, ces questions n'ont aucune
importance. Au-delà même, l'un des plus séduisants atouts des pastels gras est
que - en général - ils accrochent sur des supports lisses, un peu comme du rouge
à lèvres sur un miroir. Pourquoi se priver de peindre sur du verre, du métal, du
bois ?
Bien sûr, l'accrochage n'est pas forcément durable et de bonne qualité.
Un papier toilé (il existe
des blocs) ou une toile offrent en principe davantage de garanties. En principe
seulement : tout dépend de la composition de votre pastel et des supports
inattendus peuvent parfaitement faire aussi bien l'affaire si leur chimie est
compatible.
Un
petit crime de lèse-majesté
Nous avons eu l'occasion de contempler des travaux
intéressants réalisés en plusieurs phases :
* une peinture à l'huile est réalisée
* après séchage complet, des rehauts "gestuels" sont effectués
à l'aide de pastels à l'huile de bonne qualité.
Bien que la plupart des peintres et des enseignants refusent à corps et à
cris ce genre de
procédés, il faut reconnaître que le résultat est satisfaisant et semble
donner des résultats très durables. Notons quand même que l'auteur de ces oeuvres
ne nous a pas révélé tous ses secrets.
Il faut ajouter que s'il est possible de travailler avec des pastels à
l'huile par-dessus une couche picturale grasse, l'inverse est en théorie
irréalisable. La présence de corps saturés ou presque saturés dans les pastels
rend aléatoire l'accrochage d'une peinture à l'huile.
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