Le
brou de noix
L'étymologie du terme brou est assez
surprenante. Elle a probablement un rapport avec l'action de brouter ou de
broyer, avec la brousse et même les pousses.
On peut l'écrire brout.
Le brou de noix est un liquide brun, semblable d'aspect et de consistance à une encre. Il est
utilisé en peinture pour les lavis et en menuiserie
(teinture des bois) ainsi qu'en teinturerie. Il se dilue dans l'eau.
Note : des précisions substantielles ont été apportées à cet
article
dans le cadre d'un "courrier des Lecteurs".
Lien.
Les variétés vendues dans les drogueries et les supermarchés sont rarement
de véritables brous de noix. Il s'agit (en théorie) de solutions liantes ou de
poudres contenant un "extrait de Cassel" (voir
terre de Cassel).
Le véritable brou de noix est fabriqué avec l'écale - de la noix de
plusieurs variétés de noyers (un arbre originaire
d'Anatolie et exploité depuis l'Antiquité). L'écale est une sorte de gangue
verte à l'extérieur, que
l'on broie.
L'écale jeune peut donner des teintures rouges pour les cheveux. Les
variétés plus mûres ont servi pour les vêtements. Les Gaulois se seraient
beaucoup servi de ces produits. Il n'est pas à exclure que de belles Gauloises
portant torque et fibules d'or sur tuniques rouges se soient teint les cheveux
en roux ainsi.
Au Moyen-âge en Occident, le brou a servi de teinture noire. Mal
conditionné, sans doute à cause d'une perte de savoir-faire typique de cette
période, il était de mauvaise qualité. On le nomma "faux noir" et
"noir corrosif" à cause des adjuvants mal employés qui rongeaient
les tissus. A la même époque, des peuples amérindiens semblent avoir utilisé l'écorce et
la racine d'arbres divers pour produire des teintures de bonne qualité (ici, la source d'informations
est Anne
Varichon). L'empire ottoman aurait préféré utiliser cette substance pour
obtenir des jaunes.
En teinturerie, les feuilles émiettées du noyer peuvent être utilisées
aussi bien que l'écale. Une bonne marinade (dans l'eau) devant permettre une
coloration très forte doit durer deux ans, mais on peut abréger le processus
au bout d'un mois pour obtenir un résultat plus clair à partir de feuilles ou
de gangues jeunes qui donnent des teintures plus ou moins vertes. Le brou de
noix donne de toute façon des teintures très solides. Son mordant est l'alun.
Revenons à l'emploi en peinture. Là, c'est exclusivement l'écale qui
produit le brou - toujours brun - et non les feuilles de l'arbre.
Le brou de noix est généralement réversible
(non mordancé ni lié),
ce qui présente
* un avantage : vous pouvez corriger aisément
les erreurs, les imprécisions, comme avec une gouache
ou une dextrine.
* un inconvénient : vous ne pouvez pas
travailler confortablement par couches superposées et vous ne pouvez
employer les techniques mixtes qu'avec les contraintes que cela implique.
Il est peu coûteux, assez permanent et très pratique pour les travaux
d'étude. Les imitations conviennent aussi dans ce dernier cas.
Voir Le lavis, La sanguine,
La sépia, L'encre de Chine.
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