Depuis, ils ont été élaborés sur une base un peu plus maigre. Ils s'incorporent au mélange
huile-pigment sans jouer le rôle de liant. L'invention des tubes
de peinture y est sûrement pour quelque chose.
Utilisation des médiums
On peut regretter que l'adjonction d'huile
de lin dans les médiums du commerce soit aussi massive et systématique.
Il est très conseillé de les diluer largement dans la
térébenthine (ou l'essence minérale)
pour les premières couches. Au fil des
couches, on diminue la quantité de diluant. Ceci est un moyen bien connu de respecter la fameuse
règle du "gras sur maigre".
Autre solution possible, très courante :
- fabriquer soi-même un médium
maigre dammar ou un produit résineux équivalent - au mastic par exemple. Les
premiers jus peuvent parfaitement être réalisés sans huile additionnelle.
- pour les couches suivantes, rajouter
progressivement de l'huile dans le médium ou utiliser un produit du
commerce.
Ce choix autorise le choix de la maigreur : il permet d'obtenir une vraie
peinture maigre pour les jus initiaux, diminuant considérablement les temps de
séchage en évitant l'obtention d'un film trop gras dès les premières couches. En
effet, un peintre qui commence son tableau avec une substance grasse devra
généralement continuer avec une pâte toujours plus grasse. Travailler maigre au
début permet d'éviter un "marécage oléagineux" par la suite.
On reproche parfois aux médiums maigres d'être
trop cassants. Différents auteurs déconseillent d'ailleurs pour cette raison
l'emploi de vernis en lieu et place de médiums (voir Détournement).
S'il est possible que certains vernis "détournés" posent effectivement des
problèmes de souplesse lorsque les résines utilisées sont dures (le copal par
exemple), il est
absolument certain, c'est largement avéré par l'expérience, que l'ajout
d'huile dans les médiums aux résines tendres (mastic, dammar, composés
synthétiques) n'est pas une nécessité absolue, loin s'en faut...
pourtant, les corps oléagineux représentent un volume considérable dans les
médiums du commerce. Il ne faut pas oublier que l'huile est déjà très présente dans la peinture.
De plus, si elle n'est pas cassante, elle produit elle aussi des accidents
lorsqu'elle est employée en quantité trop importante.
Par ailleurs, l'emploi massif de
médiums maigres comme le médium dammar (voir
article) ne crée aucun problème, ne produit aucunement une matière
cassante dès lors qu'il est employé en couches fines, pour les jus et même
largement au-delà, en proportions décroissantes. Nous le certifions.
La "méthode maigre" est évidemment sans
objet pour les peintres travaillant directement en pâte ou souhaitant des temps
de séchage longs.
Composants,
types de médiums
Les composants de base des médiums pour la peinture à l'huile ne sont pas très
nombreux mais leurs combinaisons sont si nombreuses qu'il est impossible de les énumérer toutes. L'exposé qui suit est loin
d'être exhaustif. Nous avons tenté d'évoquer les "incontournables".
Il est pratique de distinguer
* les médiums siccatifs
* liquides --> ceux-là contiennent un
oxyde métallique, généralement du plomb (voir Litharge
in siccatifs). Certains sont toxiques.
* le médium flamand liquide, à base de
copal, très coloré, à utiliser au compte-gouttes. Aspect
glacé. Produit d'un emploi relativement rare.
* le médium de Harlem, à base de
résines synthétiques moins colorées. Aspect glacé également.
* de nombreux produits de
composition
synthétique. Leur avantage : ils sont très peu colorés.
* en gels
destinés à l'empâtement et pouvant également être dilués pour un
emploi à l'état liquide
* le
médium-gel
flamand, gel thixotrope
à base de
résine mastic, de chaux et
d'huiles cuites (en formulation
courante). Nettement jaunâtre, il est quand même réellement
magnifique. Bien solide, il tolère des empâtements hardis sans
grande perte de transparence. Il peut même servir à la réduction des embus ou pour
la retouche (réactivation des surfaces sèches). C'est un produit vraiment remarquable.
Il existe en
version sans plomb. Dans ce cas, sans être réellement siccatif, il
facilite suffisamment la prise par lui-même pour raccourcir le
temps de séchage dans de bonnes conditions. C'est une émulsion
(voir émulsion
huile/chaux, la
piste des émulsions). Voir
Fabrication d'un médium flamand.
* le
médium-gel vénitien correspond au
choix de l'empâtement mat. La cire est son ingrédient le plus important. C'est
elle qui a suscité une certaine méfiance, peut-être
excessive, de la part de
différents peintres, vis-à-vis de ce produit. Comme le médium-gel flamand, il contient
une émulsion
huile-chaux
dans les préparations courantes.
Le médium vénitien est moins
coloré que le flamand mais plus liquide. Moins solide à sec, il
convient à des empâtements modérés. Existe en version sans plomb.
* le médium-gel d'empâtement :
typiquement un
médium flamand + une charge épaississante d'aspect blanc-grisâtre (silice
colloïdale ?). Il est remarquable sur le plan
plastique, mais il est permis de s'interroger sur son
grand manque de transparence.
L'épaisseur de l'empâtement ne doit pas dépasser
5 mm par couche, ce qui n'est pas un chiffre particulièrement
important comparativement à d'autres produits opaques qui peuvent
parfaitement être employés pour créer un relief initial.
Existe en version sans plomb. Voir Empâtement.
* différents autres
médiums-gels,
existant ou non en version sans plomb. Ils contiennent souvent des
résines synthétiques moins colorées que les résines végétales
classiques.
Certains sont surtout destinés à ajouter du siccatif dans la pâte
sans liquéfier celle-ci.
D'autres ajoutent certaines propriétés : le lissant et le flou (standolie),
la nervosité et la précision (silice
colloïdale),
etc.
* les médiums sans
siccatifs
* les médiums courants
sans dénomination précise et les versions sans plomb des produits
évoqués ci-dessus, liquides ou en gel. Ces derniers, médiums-gels
sans plomb, bien que dépourvus de siccatif métallique,
"sèchent" relativement rapidement, de manière très
satisfaisante grâce à la présence d'agents émulsifiants, donc d'eau.
* le médium Vibert. C'est le
"fantasme"
d'un peintre du XIXème siècle (voir
bibliographie), irréalisable à l'époque mais concrétisé dans l'ère contemporaine à l'aide de résines
acryliques et cétoniques. Ce médium
devait être basé sur ce que le maître appelait la
résine normale, "dure, incolore, absolument
transparente et soluble à froid dans l'huile et le pétrole". Malheureusement, ce que Vibert définissait
comme normal ne répond forcément pas à l'attente de chacun.
Ce produit
peut notamment paraître manquer de tirant, de siccativité ou
évidemment d'adéquation aux empâtements. Par contre, il est remarquablement transparent, fin et
discret. Il ne doit certainement pas être déconseillé à qui cherche
un bon médium liquide.
On peut donc regretter que personne n'ait eu l'idée de mettre à disposition des
peintres une résine - pouvant être "accommodée" suivant les nécessités -
et non un médium.
* les médiums de finition
* le médium "laque", une standolie
orientée vers les flous.
* le médium cristal, à l'opposé du
médium laque, fait de produits synthétique et d'huile transparente
de type oeillette ou carthame.
Il est possible de distinguer parmi ces produits d'autres catégories,
d'autres manières de les regrouper :
* les médiums très résineux
(flamands, vénitiens,
etc.), vendus sous forme de gels permettant d'éviter la liquéfaction,
voire de favoriser les empâtements. Ils
contiennent usuellement de la chaux et d'autres agents dont la composition nous est à ce jour inconnue
* les médiums très résineux liquides
(le
flamand au copal par exemple)
* les médiums moyennement résineux, plus
transparents mais liquides (Harlem, Vibert, etc.)
* les médiums peu résineux, plutôt transparents
mais très oléagineux et donc peu siccatifs (vernis de finition, vernis
dits "standard")
Un
additif nocif : le plomb
Enfin, la présence de plomb, fréquente dans les médiums
siccatifs, pose certains problèmes aux détaillants et par voie de
conséquence, aux peintres et même aux acquéreurs de tableaux.
Certains produits portent l'étiquette "NOCIF",
d'autres le sigle "TOXIQUE", obligeant légalement
dans ce dernier cas le détaillant à consigner la vente sur un livre d'apothicaire.
Sous plusieurs enseignes, on a judicieusement renoncé aux produits toxiques au
cours des années 2000, mais ce genre de dispositions est bien souvent éphémère.
Attention donc : la toxicité concrète ne
se traduit pas en permanence par des dispositions légales ni des décisions à
l'échelle des entreprises. L'utilisateur doit fréquemment s'en remettre à son
propre bon sens.
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