Enduction
des toiles
Toute toile doit être encollée.
Pourquoi ?
L'encollage a plusieurs fonctions.
Il confère aux toiles, trop molles au naturel, une rigidité
importante pour la préservation de la couche peinte. On dose la colle en
fonction de la rigidité que l'on souhaite. Certaines colles nécessitent
d'ailleurs une
dilution précise (voir colle de peau)
déterminant leur 'tirant'.
Encoller la toile, cela la préserve des agressions de l'environnement : bactéries,
moisissures, humidité, fibre déliquescente, etc., tout en la préparant à bien accrocher la
peinture en "normalisant" la porosité du
support.
|
Sommaire
Pourquoi encoller une toile ?
Quelle colle
utiliser ?
Application de la colle
Application
de gessos, modelages et imprimatures |
C'est pourquoi la préparation des toiles est
nécessaire pour un tableau réalisé à l'acrylique et pas seulement pour
l'huile, contrairement à une opinion assez répandue.
Autre opinion (moins) répandue et tenace : la colle ne devrait pas traverser la
toile. Cette recommandation était justifiée à l'époque des colles de
peaux parce que l'on attendait
d'elles qu'elles tendent la toile et pour cela, tout contre-collage était à
éviter, la tension du support dépendant fortement du déséquilibre recto-verso de l'encollage. Au
point de vue de la conservation, rien ne démontre qu'une "respiration des
fibres" ou tout autre phénomène interdirait vraiment l'encollage
recto-verso, surtout avec un bon liant vinylique bien isolant. Par contre une
chose est bien certaine, et dûment éprouvée : la toile nue est vraiment
fragile, sauf conditions de conservation idéales.
Sur le même sujet, il est assez juste
de dire que l'encollage doit être assez rigoureux pour que par la suite le gesso
(ou l'imprimature) ne traverse pas la toile. Dans
le cas contraire, soit l'encollage a été mal fait, soit c'est la toile qui est
mauvaise.
Évidemment, tout cela ne concerne pas la plupart des toiles synthétiques, ni les
végétales déjà enduites et blanchies, quoi qu'une couche supplémentaire, par-dessus le
blanc, voire au verso dans certains cas, puisse éliminer certains des risques
induits par une enduction industrielle, une fibre ou un tissage douteux. La
présence de blancs contenant du soufre peut avoir des répercutions sur une
première couche d'huile siccativée au plomb. Elle serait neutralisée par une
couche supplémentaire d'enduit isolant.
Par ailleurs, l'apposition d'une surcouche de liant vinylique ou acrylique peut être appréciée des peintres souhaitant commencer
leur travail sur une surface très lisse (par exemple pour pouvoir effacer
aisément les premiers jus) et voulant éviter tout risque d'interaction
avec les éventuels composants sulfurés du gesso industriel.
L'encollage doit aussi être réalisé pour certains travaux sur papier,
sur carton, sur bois ou sur
plâtre, entre autres supports possibles.
Les mêmes outils et procédés peuvent être employés. Une mise en garde
cependant : ces supports ne se comportent pas comme la toile. Consulter les
articles spécifiques.
Quelle colle ?
La colle doit être chimiquement neutre
afin de ne pas réagir intempestivement avec des éléments non neutres contenus
dans la toile. Il peut être utile de la tester à l'aide d'un papier
tournesol en cas de doute.
Toute colle pouvant être suspectée d'être réversible doit être évitée.
Certaines colles polyvinyliques, par exemple, sont réversibles.
Les produits les plus employés communément sont :
*
le liant Caparol ®, dilué à 10% d'eau +-5%. Très sûr, il est très efficace. C'est
un excellent produit. Sa tendance à jaunir n'a aucune répercussion dans ce
contexte.
*
d'autres liants vinyliques - assurez vous de leur neutralité chimique à
l'aide d'un papier tournesol.
*
des liants acryliques. Efficaces également, mais souvent plus chers.
*
la colle de peau de lapin (dite "colle Totin"). Préparation,
encollage : voir article.
Les colles de poisson et toutes les gélatines
impliquent des inconvénients comparables à ceux de la colle de peau. Il faut cependant leur concéder un
avantage indéniable : toutes tendent fort bien les toiles - parfois trop,
au point de faire éclater les châssis (témoignages disponibles),
mais il est possible de doser, de diluer -, rendant inutile la tension en deux étapes
(voir tension sur châssis). La colle de
peau demeure indétrônable parmi les gélatines dans l'opération d'encollage.
A vrai dire, on n'entend pas souvent parler de supports enduits avec de la colle
de poisson. Celle-ci, lorsqu'elle est de bonne qualité, est assez coûteuse.
Éviter de toutes façon la
colle d'os et certaines autres colles mal
connues comme la colle de nerf,
beaucoup trop tirantes pour l'opération qui nous intéresse ici. Elles sont utilisées par les
ébénistes.
Si, pour une raison ou pour une autre, vous devez utiliser une
colle que vous savez trop tirante même après séchage, recouvrez-la d'une couche de
colle "normale". Voir ci-dessous.
Application
de la colle
Lire
absolument Préparation,
enduction in La tension des toiles
Pour appliquer la colle et, plus tard, le gesso, employez l'un des outils
suivants :
*
le spalter
*
le sabre d'encollage, ou, à
défaut, la plus longue spatule à peindre possible,
très conseillé par certains maîtres pour son aptitude à bien faire
pénétrer la colle dans les creux de la trame
*
le rouleau à enduits artistiques. Éviter
les gros rouleaux pour peinture en bâtiment : sauf exception, leur mousse est un
peu trop grossière. Elle ne laisse pas une surface unie - sauf exceptions.
Croiser les coups de brosse, de sabre ou de rouleau.
Appliquer
de préférence en deux couches (conseil valable pour tout support) :
* une première
assez diluée, pénétrant les fibres
* une seconde,
solidifiante, plus pure.
Si vous employez des gélatines, n'attendez pas forcément que la
première couche soit totalement sèche pour appliquer la seconde car vous
obtiendrez une adhérence optimale, ce qui est important étant donné le fort
tirant de ces colles. Si vous utilisez un autre type de produits, c'est
exactement le contraire : il faut absolument attendre que la polymérisation soit
terminée, notamment parce qu'un ponçage léger est souvent nécessaire après
l'application de chaque couche.
Lors de cette opération, des segments
de toile nue peuvent réapparaître. N'hésitez pas à poser une couche
terminale supplémentaire de
colle très diluée si vous avez détecté ce genre d'accidents de
surface au ponçage.
Celui-ci peut-être réalisé avec un papier de verre ou
une laine d'acier. Choisissez des variétés plus ou mois fines de ces matériaux
en fonction du type de travail (décoratif, artistique, grande surface, icône).
Il est inutile de préférer des grains extra-fins lorsque l'on souhaite
préparer des toiles à la trame moyenne ou grosse sur d'assez grandes surfaces.
Après cette première étape essentielle, le reste du travail va dépendre
du besoin en luminosité et en blancheur. Noter qu'il est possible de travailler
sur la toile bien encollée telle quelle, sans préparation supplémentaire.
Attention, cependant, au temps de séchage. Très variable en fonction de la
colle employée, de la température, de l'humidité ambiantes, et de la toile
employée, il faut le tripler, voire le quintupler (5 jours
avec la colle de
peau, moins avec les colles vinyliques) si vous comptez peindre dessus
directement à l'huile sans produit intermédiaire (gesso, etc).
Application
de gessos, modelages et
imprimatures
Une forme modelée à l'aide de modeling paste ou d'autres produits peut
être appliquée avant l'application d'un gesso et/ou d'une imprimature.
Pour qui
désire
une toile vraiment blanche, trois couches de gesso
sont nécessaires. Avec un
très bon gesso, deux couches peuvent éventuellement suffire. Attention :
certains gessos bon marché, fabriqué par certaines entreprises ayant par
ailleurs bonne réputation sont du
jus, ni plus ni moins. Lire l'article sur la fabrication des
gessos.
Le respect d'un temps de séchage correct (variable en fonction de
différents facteurs) est très important. La première couche suivant l'encollage ne
doit absolument pas être posée sur la colle fraîche. La toile doit avoir eu le
temps de "travailler". Toute précipitation
entraînerait des résultats catastrophiques.
Comme pour la colle, les outils pour l'application
des gessos et autres produits
peuvent être le spalter, le sabre
d'encollage, le rouleau ou différentes brosses
d'un poil aussi fin que possible.
Chaque application d'une couche de gesso doit
normalement être suivie d'un ponçage
de plus en plus fin à chaque fois. Il s'agit en effet de
régulariser la surface imparfaite de la toile, et d'aplanir les accidents
créés par l'applicateur.
Comme pour l'encollage, l'emploi du sabre semble à
conseiller pour ses vertus arasantes.
Une imprimature peut être réalisée
*
tout de suite après l'encollage (couleurs foncées)
*
après l'application d'un gesso pur en une à deux couches préalables qui
lui
conféreront
une luminosité supérieure.
Enduits conservant leur
tirant
Certaines colles plastiques pâteuses (polyacryliques,
particulièrement), très pratiques à modeler et à conseiller pour la
création d'un relief, ont une telle aptitude à coller, un tel
"tirant", qu'elles ont tendance à
pomper l'eau et l'huile, appauvrissant votre peinture qui tend à revenir à
l'état de poudre ! Un remède existe : une
couche supplémentaire d'enduit par-dessus la colle forte (Caparol
®, liants
vinyliques,
etc.), avant l'application d'enduits chromatiques ou de peinture.
L'étape d'encollage et la préparation chromatique éventuelle doivent être réalisées après tension
- au moins partielle - de la toile. Comme
celle-ci réagit parfois beaucoup au collage, il est utile, le cas échéant, de retendre une fois la
colle sèche. A ce sujet, lire l'article sur
la tension des toiles.
Voir Enduits et apprêts, Les
colles.
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