* tendre une première fois la toile
sommairement (trois agrafes ou clous par côté environ, un peu plus si vous
utilisez de la colle de peau)
* l'enduire en l'état et laisser sécher
* Il n'est pas inutile de poncer la surface
et de repasser une couche d'enduit. De petits noeuds du textile peuvent être
traités (arasés) lors de cette étape
* retirer les agrafes ou les clous
* retendre la toile.
L'emploi de colle de peau provoque toujours une
forte tension alors que les enduits vinylique (le Caparol
® par exemple) ont souvent l'effet contraire. Lorsque le peintre commence
à bien repérer le comportement d'une toile et d'un enduit, il lui est plus
facile de procéder en une seule étape lorsque c'est possible. L'avantage de la
tension en un seul temps avec de la colle de peau est que celle-ci tend
naturellement la toile.
Mais le fait de travailler en deux temps n'est pas mauvais pour le
textile : il est toujours bénéfique de faire un peu travailler la toile (ou le
papier) avant de peindre.
Le décatissage préalable n'est nécessaire que
pour des tissus non destinées à la peinture ou achetées chez un grossiste ou
un intermédiaire. L'enduction directe - surtout avec de la colle de peau - d'une toile
non décatie est dangereuse : il arrive que le châssis éclate brutalement.
L'utilisation de clous à la place d'agrafes est déconseillée :
ils ne font qu'abîmer la toile, y faisant des trous importants. Le rapport
maintien/attaque de la toile va nettement en défaveur des clous. De plus, ils
rouillent et sont difficiles à ôter. L'agrafeuse a apporté un réel progrès.
L'emploi d'une pince à tendre (au
moins) est indispensable.
Méthodes
de tension
Des choix techniques mais aussi
psychologiques
La tension dite "en
svastika" est très souvent employée. Elle n'est ni meilleure ni pire qu'une
autre du point de vue purement technique. Mais elle est extrêmement connotée
et peut certainement troubler - consciemment ou non - l'inspiration du peintre.
On n'a pas forcément envie de peindre sur une structure en croix gammée.
A ce stade, qui est la mise en place de l'ossature et des organes de cet être
vivant que sera le tableau, les choix sont essentiels. Celui de l'enduit n'est
pas innocent non plus : la colle animale est plus qu'un symbole, c'est vraiment
de l'animal. Par ailleurs, elle représente la voie traditionnelle, ce qui peut
être considéré comme positif ou négatif selon le peintre.
Le terme de svastika est lié à la manière de placer les agrafes : les
quatre premières agrafes sont disposées en croix, les autres placées de
proche en proche en direction des angles, par paires en diagonale. C'est très
simple, mais pas idéal car des torsions peuvent se produire.
La tension initiale "en croix" se retrouve dans la méthode exposée
ci-dessous. Celle-ci permet non seulement d'éviter la référence "croix
gammée", mais aussi de ne pas déformer les fibres, de mieux respecter le droit
fil.
Voici donc une méthode de tension bien éprouvée :
Son principe spécifique est l'évitement de la torsion de la trame
(conservation du droit fil) par la pose
systématique de paires d'agrafes sur deux côtés opposés, mais pas en
diagonale, comme on le fait dans la méthode svastika. Son
"truc" consiste dans la pose d'agrafes latérales et le
retrait temporaire de placements plus centraux dans l'objectif d'éviter les
ondulations.
Examiner le châssis : si les angles sont trop
acérés et a fortiori si votre toile est fragile, les râper doucement
avec un papier de verre fin (cette intervention n'est que rarement
nécessaire).
Placer les clés sur le châssis -
s'il en dispose - sans trop les enfoncer. Leur fonction est de retendre une
toile après plusieurs années d'exposition ; il ne convient donc pas de se
servir d'elles dans cet objectif avant même d'avoir peint le tableau.
Découper la toile en laissant une bonne marge
(7 à 10 cm, mieux vaut trop long que trop court : on peut toujours raccourcir, pas allonger), posez-la sur le châssis à plat. Évitez les portions de
toiles aux plis trop marqués, surtout si vous peignez maigre (voir remise
en état de toiles abimées).
Essayez de découper "à droit
fil", c'est-à-dire en respectant au mieux la trame de la toile, parallèle aux côtés
du châssis. Cette découpe, puis une pose la respectant, est favorable à une
tension sensiblement homogène où aucun point sensible ne risque d'apparaître
et de croître.
Agrafez la toile au milieu de
chaque côté en procédant par PAIRES opposés (en tendant peu ou pas du tout
pour la première agrafe, plus fortement pour celle qui est en face, surtout au
début), puis procédez en subdivisant en quarts comme dans le schéma
ci-dessous. La pose de la première agrafe est importante. Si vous détectez une
asymétrie, recommencez.
Si
votre toile n'est pas préparée (encollée, enduite au gesso), arrêtez là
l'agrafage, préparez-la telle quelle et laissez bien sécher. Si
après coup la surface s'est détendue (colles synthétiques) ou trop tendue
(colles animales), enlevez les douze agrafes et recommencez l'opération.
Suite
: reprenez au milieu de chaque côté, vers les angles, toujours par paires
opposées pour éviter les torsions. Allez jusqu'aux agrafes de quarts (5 à 12).
Bien
tendue au centre, la toile peut maintenant poser des problèmes vers
l'extérieur. C'est le moment critique.
Retirez
les agrafes de quart (5 à 12, voire même 5 à 28 pour les grandes
surfaces ou pour certaines toiles rétives).
Placez les agrafes notées 29 à 36 en tendant fort.
Elles vont jouer un rôle essentiel.
Replacez les agrafes de quart (et
éventuellement celles plus centrées, 9 à 28, comme indiqué ci-dessus - pardon
pour l'aspect compliqué du croquis).
Agrafez
ensuite en allant (toujours par paires
opposées) du milieu des côtés jusqu'aux angles.
Cette méthode peut bien
entendu être affinée. Le principe de la pose d'agrafes "latérales"
(29-36) suivie du retrait d'agrafes posées antérieurement peut être répété
à l'approche des angles, points sensibles.
Faites ensuite un repli
bien net aux angles, découpez l'excédent de toile au verso ou agrafez-le,
juste pour le plaquer sur le châssis.
Une toile bien
tendue renvoie un son musical proche de celui d'un instrument de percussion.
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