Préparation
des bois pour la peinture
Soyons clairs : les panneaux massifs ne conviennent guère (sauf certains - coupe par
quartiers, bonne
fibre) à la peinture - sauf à la laque, et encore -, le passé en
témoigne, tous les maîtres ayant préféré l'assemblage.
Cependant certains
travaux, parfois délibérément éphémères, jouent sur les motifs des fibres. C'est une
école à part entière qui peut recourir aux panneaux massifs car, sans parler
de marqueterie ni d'ébénisterie ou de laquage, le bois y fait partie intégrante de l'oeuvre. Nous aborderons le sujet
plus en détail ultérieurement.
Dans cet article, nous nous contenterons d'évoquer la préparation des bois
assemblés et de l'Isorel ®, abordé plus
loin.
Panorama
La caséine semblerait particulièrement adapté
au support bois, généralement peu souple, du moins en
comparaison à la toile ou au papier.
Les colles à base de collagène (grosso
modo, les gélatines : peau de lapin,
colle de poisson appliquées à chaud) sont relativement élastiques. Or ici, l'élasticité
n'est pas forcément bénéfique en cas de choc, surtout si la peinture
appliquée par-dessus est très rigide (caséine). Le risque de décollement ou
de fracture de la couche peinte est cependant faible, l'histoire en témoigne :
la colle de peau de lapin et la
colle de poisson ont servi à la préparation d'icônes et de tableaux
primitifs. Elles ont fait leurs preuves... mais l'enduction à la caséine aussi !
La
fabrication et la préparation de la caséine est évoquée dans un article
qui lui est consacré. On ajoutera ici que l'alcalinité de ces produits peut
interagir avec des peintures grasses (risque de
saponification).
Les liants synthétiques de type Caparol
®
ou vinyliques en général,
acryliques également, sont à conseiller dans de nombreux cas à cause de leur élasticité modérée
(tolérante à l'égard de bois trop peu épais, trop jeunes, etc.) mais bien sensible après
séchage et surtout parce qu'elles isolent efficacement peinture et support tout en se
faisant le lien de ces deux éléments (c'est-à-dire sans perte d'adhérence).
Enfin, ils autorisent l'application de pratiquement n'importe quelle
peinture. Il faut cependant noter que ces substances ne laissent pas
respirer le bois alors que par exemple un
mélange caséine-chaux
laissera passer l'humidité et ne sera pas dépourvu de vertus fongicides.
L'huile de lin doit aussi être mentionnée.
Protectrice, solide, élastique, elle a fait ses preuves. Son temps de
séchage est néanmoins long voire très long. Dans certains cas, lorsque l'on
souhaite une grande imbibition du bois, on peut procéder en plusieurs temps.
Une première couche fortement diluée dans la térébenthine est appliquée
avant une ou plusieurs couches plus grasse. C'est efficace pour les bois
poreux mais très long ! De plus, l'huile de lin, si elle protège, ne laisse
guère respirer le bois. Enfin, elle n'autorise pas l'application de
n'importe quelle peinture.
Dans tous les cas, pratiquer un
contre-collage
au verso pour équilibrer les tensions est salutaire.
L'emploi de colles
polyacryliques en pâte à fort tirant suscite les mêmes précautions que pour
la toile (lire l'article sur l'enduction
des toiles) : l'enduction par dessous et par-dessus est indispensable. De
plus, elle autorise l'emploi de peintures de tous types.
L'emploi de deux couches de liant synthétique dont la première
doit être bien
délayée (30% au moins), plus encore que dans l'enduction à la colle de peau, est très recommandé, comme pour tous les supports durs.
Cet enduction doit être réalisée en tapant sur la surface. Ce procédé,
mentionné par certains auteurs, n'est pas sans crédibilité. Il s'agit
d'infiltrer au mieux l'enduit dans le support.
Les inconditionnels de la colle de peau de lapin étant
encore nombreux, leur technique ayant fait ses preuves, voici un procédé
d'encollage spécifique à ce produit (source : Pierre Garcia) :
Préparation
du bois avec de la colle de peau de lapin
(lire d'abord l'article
sur la colle de peau, qui vous familiarisera
avec ce produit)
Trois couches, à appliquer à chaud comme pour la toile :
* la première avec une concentration faible, 5 ou 6g. Enduire en tapant
avec un pinceau rond aux poils forts - très peu imbibés de colle - pour
réaliser une couche fine, bien ancrée sous la surface.
* la seconde avec une concentration moyenne, 8 à 10g. Brosser au spalter
comme s'il s'agissait d'une toile (en croisant).
* la troisième au verso, pour équilibrer les tensions (voir contre-collage).
La suite de la préparation dépend de vos intentions : conserver la couleur
du bois ou la modifier par des couches chromatiques (gesso,
imprimatures).
Préparation
du bois ou du plâtre avec de l'amidon
Cette méthode peu coûteuse donnerait paraît-il une couche incolore d'une grande imperméabilité.
Le bois brut, le plâtre et le papier peuvent être traités.
* laisser imbiber dans 1 litre d'eau froide 5 grammes d'amidon
destiné au repassage du linge, remuer pour diluer le mieux possible
* ajouter progressivement de l'eau
bouillante (prévoir 2 litres au maximum, quantité à ajuster au produit et à la
consistance désirée). Cela forme un gel que vous pourrez diluer ensuite à
l'eau froide avant application.
Il serait possible d'ajouter de petites quantités de pigments pour réaliser
une sorte de patine, voire pour peindre (voir Glacis
à l'eau in Dextrines, farines).
Nous n'avons pas encore testé ce procédé. Si vous l'avez fait, merci de
nous informer des résultats (cliquer ici).
Aimablement, un lecteur a bien
voulu nous donner de très intéressantes informations complémentaires. Elles
figurent dans le Courrier des Lecteurs.
Cliquer ici.
L'Isorel
®
Lire l'article du glossaire
et le passage consacré à l'Isorel ® dans
l'article sur les bois à peindre.
A cause de la forte présence de colle dans ce bois, certains peintres ne le
préparent pas, considérant qu'il n'y a pas à l'encoller davantage. Cependant,
il n'est pas interdit de douter de la qualité de la colle et de la neutralité chimique
de ce bois synthétique, même si dans l'ensemble il semble se comporter
correctement notamment en présence d'eau ou d'humidité.
Il existe donc deux possibilités pour le peintre souhaitant utiliser ce
matériau :
* l'utiliser tel quel, ce qui suppose en
principe un
contrôle de sa neutralité chimique. Si vous n'employez ce support que pour
faire des tests picturaux - ce qui est courant -, passez l'étape ci-dessous, appliquez tout de suite le gesso. Si vous disposez d'une série de plaques
de même provenance, l'effort peut tout de même valoir la peine.
* Étape d'analyse. Il va falloir remettre l'Isorel en solution :
* se procurer de l'alcool
à brûler (celui des quincailleries et grandes surfaces, de
type mélange éthanol + méthanol) et s'assurer de sa neutralité
chimique à l'aide de papier
tournesol
* imbiber un chiffon ou un Sopalin ® et
contrôler de nouveau la neutralité chimique à l'endroit imbibé
* frotter la planche
longuement côté rugueux jusqu'à sentir une viscosité. La colle
s'éveille.
* plaquer un papier tournesol sur la zone
"réveillée" en le maintenant avec le chiffon.
* si le résultat est bon, vous avez une
raison de plus pour utiliser la plaque telle quelle. Cela ne signifie
pas que la colle protège bien le bois mais seulement qu'elle n'est ni acide, ni
alcaline. Elle a donc quelques chances supplémentaire de rester intacte
longtemps et n'attaquera pas les produits apposés.
* l'enduire d'une colle sûre. Cela ne se
justifie que dans le cadre de travaux picturaux destinés à être
conservés ou pour les essais sur de grandes surfaces.
L'encollage est un travail délicat !
Nous déconseillons l'emploi de colle de peau qui
a un trop fort tirant.
Le Caparol ® semble l'isolant idéal, mais...
gare aux torsions spectaculaires sur les grandes surfaces ! L'application
d'une couche au verso ne suffit pas à rétablir l'équilibre
des tensions, sauf peut-être avec de petites surfaces, mais elle est de
toute façon nécessaire. Dès lors que la surface a une dimension moyenne
ou grande, il devient indispensable de renforcer la
plaque avec des tasseaux solides, voire de la fixer sur châssis comme le
font certains peintres.
Ce n'est pas tout : l'application d'un gesso
et/ou d'une imprimature sur l'Isorel ® nu pose
sensiblement le même problème de torsion que le Caparol ®, quoiqu'en
proportion moindre. Sur de petites surfaces, avec un bon gesso, tout va bien.
Nous avons recueilli le témoignage d'une peintre qui travaille depuis
longtemps avec de l'Isorel ®, notamment en grandes plaques. Elle n'emploie pas
une peinture à l'eau pour faire son gesso, mais une peinture à l'huile qu'elle
laisse sécher pendant un an.
C'est peut-être là la solution idéale : qu'il s'agisse d'un gesso ou d'une
enduction, la viscosité relativement faible de l'huile et son action très
progressive semblent bien adaptées à ce support. Cette méthode n'autorise
cependant que des techniques picturales susceptibles d'adhérer à une surface
grasse.
Bois "médium" de type MDF : cliquer ici.
Voir Enduits et apprêts, Les
colles.
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