Resituons
le contexte : une bataille de polymères sous-tendue par des enjeux
immenses, comme on peut l'imaginer. Qui inventera le polymère photoréfractif
le plus rapide (le plus rapidement actualisable) afin d'afficher une image animée en trois dimension sans fatiguer l'oeil et sans exiger le port
de lunettes ? Comme dans la célèbre scène de
science-fiction évoquée ci-contre.
Après les travaux de l'équipe de Savas Tay en 2008, la
revue Nature (édition du 4 nov. 2010) évoque ceux de l'University
of Arizona's College of Optical Sciences et de la Nitto Denko Technical
Corporation (Oceanside, California) et l'avancée est nette : c'est la
première application d'une technique d'animation holographique qui
accède au rang de l'invention "pratique et utile", peut-être
une première étape marquée par un résultat concret avant un possible
bouleversement de l'univers de l'image.
Comme on peut le voir dans les vidéos complémentaires référencées
ci-dessus, on est encore assez loin du temps réel. Trois secondes de
rafraîchissement dans la première, huit dans la seconde, bien que cela
autorise dès maintenant des applications concrètes, c'est respectivement
75 et 200 fois trop lent pour restituer une impression normale de
mouvement. L'expérience de Savas Tay était 3 750 fois trop lente
(2,5mn). Le progrès est donc énorme. Il témoigne de l'intense activité
dans ce domaine.
Par ailleurs il faut souligner que la taille des
hologrammes est moins limitée et qu'un indispensable travail sur
"l'occlusion" a été fait. En effet, un hologramme est immatériel,
transparent, cela flotte dans l'air, donc comment représenter un objet
opaque, un personnage par exemple, en respectant de plus la parallaxe ?
Ne se lasserait-on pas de films où les personnages, exception faite des
éclairages frontaux, resteraient des apparitions spectrales ? Comment
rendre la projection visible dans une lumière ambiante comme celle d'une
pièce normalement éclairée ? Comment donner un rendu en couleurs alors
que le bleu pose un problème dans la technologie des indispensables
lasers qui balayent la zone filmée ? Tout cela est semble-t-il résolu.
Il s'agit de très importants progrès après une longue stagnation.
On devine la complexité de la tâche et c'est représentatif
du fait que par l'effet de cette avancée, l'on se retrouve devant ce
genre de problèmes "enfin concrets" si l'on peut dire.
Pour terminer, on précisera quand même qu'il reste de gros
problèmes car on le voit bien, les images obtenues ne sont pas d'une
grande qualité :
Elles évoquent les premières photos, les premiers films, et
c'est un peu ce qu'elles sont dans notre siècle : une merveilleuse
technologie qui s'élabore devant nos yeux. Du moins souhaitons-le.
Affaire à suivre...
Emmanuel Luc,
éditeur
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