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Courrier des Lecteurs

2009 - saison 2/3

 

 

23/6/2009 - A.B.

Carbone, glycéro et familles toxiques

 
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[Ajout 2011]

 

 

 

AB : Il est question sur votre site de "liant glycérophtalique", de peintures du même tonneau, de naphtalène, etc.
Il est question également de l'hypothèse que ces composants pourraient être cancérigènes...
Ce n'est pas une supposition: ces molécules SONT cancérigènes (les phtalates sont régulièrement mis en question dans les fabrications industrielles actuelles)
A toutes fins utiles, je vous apporte mon simple témoignage: mon père était peintre-décorateur en bâtiment quand ces peintures ont été mises au point. Il en est mort (cancer au cerveau).
J'ai appris que les peintures "glycéro" étaient apparemment retirées progressivement des rayons de bricolage. Je ne peux que m'en réjouir.
Je vous suggère d'inciter les bricoleurs et professionnels à éviter d'utiliser ces matières, qui sont des poisons reconnus.

 

 

 

Dtp : D'abord, nous sommes désolés pour votre père.

 

Ces rumeurs sur les peintures glycérophtaliques sont très floues et absolument pas confirmées. Il faut faire très attention à ne pas se tromper de cible ou de cause.

 

Comme pour l'acrylique, vous trouvez dans une "glycéro" non seulement un liant mais aussi différents solvants et agents divers souvent peu avenants. Toluène, xylène, isothiazolinone, etc. Peut-être retrouverez-vous dans un an les mêmes peintures mêlées à d'autres agents. Ou peut-être, après tout pourquoi pas, la formulation propre des liants aura-t-elle changé.

 

 

Bien sûr, ces problèmes existent. Pour autant, stigmatiser d'un bloc une aussi vaste famille de molécules pourrait poser un problème de pertinence. A de nombreux points de vue un monomère n'est pas un polymère, ni un simple composé dérivé qui pourrait sembler à peine plus élaboré que sa base mais qui aura lui aussi des propriétés très différentes.

 

A part quelques exceptions (les éléments radioactifs), une base chimique même dangereuse n'est pas une malédiction pour ses "descendants" parce que les comportements et les interactions sont très dissemblables, en particulier dans l'immense famille des carbures. Comparez les polystyrènes au styrène par exemple. A la base, c'est la même chose, mais si vous pouvez prendre les premiers entre vos mains, le second fait partie des pires poisons que vous puissiez trouver sur la planète.

 

Si l'on veut s'attarder un instant à la dimension biologique de la question, même des molécules ayant la même formule n'ont pas du tout la même action biologique à cause de leur... forme ! (cf. passage in chap. IX des Dialogues de Dotapea). Dans ces conditions, on ne peut pas mettre toute une famille moléculaire "dans le même tonneau".

 

On ne peut rejeter en bloc tous les hydrocarbures comportant deux benzènes comme le naphtalène que vous évoquez. Les molécules de ce type ne sont pas rares. Du côté couleurs, même dans la pourpre ou l'indigo vous avez deux benzènes. Ce sont pourtant des teintures qui ont été portées à même la peau depuis des millénaires.

 

 

Enfin il faut noter, en plus de ce que l'on peut éventuellement dire des procédés industriels, que les contraintes professionnelles peuvent aussi amener des intoxications.

En particulier, la plupart des peintres déco/btp utilisent des white-spirits à coût modéré comme diluant de la glycéro. Or, ce type de whites contient une proportion notable de benzéniques libres très toxiques. Leur odeur ne doit pas être confondue avec celle de la glycéro qui est plus discrète. Il ne faut pas respirer du white-spirit tous les jours. Et pourtant, c'est bien ce qui se passe pour des milliers de peintres décorateurs.

 

Parenthèse : dans les forums, on lit des témoignages d'amateurs sur la mauvaise odeur de la glycéro, certainement confondue avec celle du white-spirit. On constate en peinture artistique la même confusion entre l'odeur de la térébenthine et celle de l'huile de lin.

 

 

Un autre aspect de la problématique que vous soulevez (merci !) est que l'éventuelle toxicité phtalique que vous évoquez devrait aussi concerner les peintures alkydes "Beaux-arts" (émulsions maigres), que bizarrement personne n'évoque comme dangereuses ou sentant mauvais. Bizarrement ? Pas tant que cela : ces peintures se diluent à l'eau, pas au white-spirit. Pas de confusion olfactive avec le diluant.

 

 

Mais il existe aussi une dimension culturelle dans ces questionnements. A ce sujet, lire l'encadré d'un autre Courrier portant sur un sujet proche.

 

 

White, solvants, conservateurs, liants, pigments... Ce n'est pas facile de prendre la mesure de chaque paramètre. On n'a pas de réponse globale. Nous pouvons dire que ces choses-là ne marchent pas simplement par familles de molécules.

 

Viser juste n'est pas simple, surtout lorsque les sujets sont aussi sérieux. Cela nécessite de la prudence. Donc non, cher AB, à notre grand regret nous n'allons pas pouvoir suivre votre conseil pour le moment, nous en sommes désolés. Mais nous sommes à l'écoute.

Chers lecteurs si vous disposez d'informations fiables sur les évolutions de la peinture glycérophtalique, n'hésitez pas à entrer en contact avec nous.

 

[Ajout 2011]

Différents contacts industriels liés ces dernières années dans le contexte de Dotapea, nous ont appris que la législation européenne a bien pris pour cible les peintures glycérophtaliques. Et de fait, elles disparaissent des rayons.

Reste que le toluène est souvent présent dans les peintures acryliques qui vont les remplacer. Au-delà de l'odeur, quelles sont les garanties concrètes d'innocuité de cette révolution ?

 

Alors qu'il aurait peut-être suffi de contrôler davantage les diluants et les adjuvants de la peinture glycérophtalique à l'heure où l'industrie du raffinage propose des white spirits de plus en plus purs à faible coût, nous voyons disparaître une industrie européenne de dimension colossale au profit d'une autre guère mieux contrôlée mais entrant, via l'Union - qui s'est brillamment illustrée en laissant dépecer l'industrie textile européenne en 2005 -, dans les cadres idéologiques, de plus en plus contestables en cette période de crise, de l'Organisation Mondiale du Commerce (lire par exemple cette page sur le site de l'OMC) et les cadres culturels et commerciaux d'outre-Atlantique.

 

Emmanuel Luc

Octobre 2011

[Fin ajout]

 

 

 

 

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