Dtp :
Concernant les peintures pour la maison,
c'est exactement comme pour les peintures "beaux-arts" : on trouve le
pire et le meilleur.
Il existe des différences entre les deux
catégories. Elles correspondent à ce que l'on attend d'elles :
*
l'acrylique décorative est destinée à un support très dur, des murs
généralement. Elle doit supporter des contraintes parfois lourdes en
termes d'humidité, de température et d'ensoleillement. Elle est
aussi adaptée aux apprêts communément employés sur les chantiers.
Enfin, elle ne doit pas être trop chère car les surfaces sont
considérables, ce qui restreint le choix pigmentaire. Ce n'est pas
sans impact sur la permanence.
Cependant, la mise au point de pigments organiques de plus en plus
fiables a permis de corriger - pour une partie de la palette - la
fugacité parfois extrême des pigments initialement utilisés, par
exemple les anilines notoirement. Mais cela
a un coût. Pour deux sous, on a un pigment à deux sous à part quelques
exceptions, les terres en particulier
(et les "oxydes de fer" correspondants), d'une permanence
irréprochable.
Un fabricant peut "designer" une
acrylique à deux sous (liants et pigments).
* pour en
revenir aux couleurs, une acrylique « Beaux-arts » de bon niveau peut
intégrer des pigments de qualité supérieure. En bas de l'échelle ce
n'est pas possible, et en déco c'est difficile à cause des surfaces
plus vastes.
Par ailleurs, ces acryliques "artistiques" sont conçue pour des supports plutôt souples comme le papier ou la
toile.
Elles sont généralement appliquées sur des supports encollés et non des
enduits plus ou moins calciques relevant d'une chimie différente.
Ainsi, une peinture destinée à un mur
peut mal supporter un support souple comme du papier. Une peinture
Beaux-arts peut mal s'accommoder d'un enduit trop alcalin (a minima on
intercale un gesso ou un liant de type Caparol).
Enfin et surtout, lorsque vous prévoyez
de travailler avec des médiums, vous n'avez plus le choix : il faut
une peinture Beaux-arts, et de même marque que les médiums autant que
possible. En peinture décorative, il n'y a pas réellement
d'équivalents, c'est un autre savoir-faire où l'on utilise d'autres
genres de produits (charges, surfactants, etc.).
Mais d'un point de vue même artistique, pourquoi pas
détourner des peintures décoratives si l'on transpose également le support ? Une
oeuvre d'art peinte sur un mur avec une peinture acrylique
"décorative" - comme cela s'est fait très tôt au Mexique, dit-on
(lire anecdote in L'acrylique) - est
un choix cohérent.
Mais la même peinture employée sur de la
toile ou du papier - voire des supports encore plus souples ou
déchassés -, cela ne marche pas aussi bien. Cela peut craqueler, se
déliter. Des oeuvres de ce type, même assez récentes, ont déjà donné
du travail aux restaurateurs. C'était trop demander à l'acrylique ou
plutôt mal demander.
Bien sûr pour des travaux scolaires
n'étant pas destinés à être conservés, on fait un peu ce que l'on
veut. Certaines gammes "études" destinées aux lycéens et étudiants
ne valent sans doute guère mieux que des peintures murales pour ce
genre d'emplois éphémères. D'autres, cependant, semblent d'un niveau
satisfaisant et d'un prix correct. Les économies réalisées grâce à
l'achat de peintures murales ne sont pas énormes, voire inexistantes
alors que l'inadéquation au support et aux médiums risque d'être
pénalisante.
Par ailleurs et pour répondre à votre
question, si les éléments sont de bonne qualité et
pas trop exposés (à la lumière, aux uv, aux déformations mécaniques,
etc.), on peut observer, comme vous, une bonne conservation sur des
années. Donc votre questionnement est parfaitement justifié. Mais pour
des oeuvres exposées, c'est une autre affaire.
Au-delà, il y a la question des solvants
et conservateurs. Dans les années 90-2000, on a placé tant
d'isothiasolinone dans les
peintures murales que c'est devenu un problème de santé publique. Pas
de cas connus pour les peintures Beaux-arts, mais parmi certaines de
celles-ci, on trouve quand même du toluène.
Disons que la peinture décorative
correspond à un contexte industriel où certains choix "toxicologiques"
peuvent paraître discutables, mais les gammes dites Beaux-arts, si
elles sont a priori moins concernées, ne sont pas à l'abri par nature.