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Courrier des Lecteurs

2008 - saison 2/3

 

 

30/10/2008 - D.V.

Vermillon et mercure
(réponse mise à jour en nov. 2009)


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DV : Vous écrivez que le vermillon, sulfure de mercure authentique a été interdit au XIXème siècle...
A-t-on relevé l'interdiction depuis car j'ai déjà trouvé du vermillon authentique et très cher dans plusieurs endroit.
 

 

 

Dtp : Effectivement il faut tenter de faire le point, sachant que pour être bien rigoureux il faudrait effectuer une recherche vraiment très approfondie que Dotapea n'est pas en mesure de réaliser. Il semble nécessaire de plonger dans les réglementations nationales et européennes et les éventuelles dérogations et infractions connues, tout cela sur le siècle écoulé. Nous pouvons seulement passer en revue différents éléments actuels.

 

Pour se faire une idée des enjeux,

lire l'article Vermillons, cinabre

et en particulier ce passage

 

A partir du 15 mars 2011, tous les produits, alliages, minerais et mélanges contenant du mercure - donc le vermillon de cinabre - seront considérés comme des déchets dans l'Union Européenne, ni plus ni moins.

Cela concerne "l'industrie du chlore et [de la] soude, l'épuration du gaz naturel, la mine non ferreuse, les opérations de fusion et le cinabre" (Bulletin UE 9-2008, Environnement 10/11), ce qui suppose au passage qu'il faudra assurer le stockage dudit déchet dans l'Union "afin de faire en sorte qu'il ne soit pas remis sur le marché intérieur." (prop. adoptée n° 1.22.18). Ce stockage sera effectué dans de profondes mines de sel gemme.

 

Dit autrement, il semblerait que l'on ne veuille plus de mercure en Europe. Du moins, cela semble bien être l'objectif recherché.

L'adoption de cette réglementation par le Conseil a eu lieu en automne 2008 après ce que la presse a nommé "la bataille du mercure", un rapport de force entre industrie et pouvoir politique.

 

Cependant, bien que la question de l'importation ait été soulevée lors des travaux parlementaires, aucune réponse effective ne lui a été donnée [1]. Une partie du problème n'est donc absolument pas résolue.

L'importation en France dans les années 1990 aurait représenté quelques dizaines de tonnes (nous ne disposons pas de chiffres plus récents). Les pays producteurs (Espagne, Italie, ...) disposeraient de réserves de dizaines de milliers de tonnes qu'ils ne mettraient sur le marché qu'en fonction de la demande.

 


Les fongicides et bactéricides au mercure ont été interdits en 1979, les piles en 93, les thermomètres en 99, mais s'il existe bien des réglementations sur le teneur de l'air et de l'eau en mercure et dérivés - notamment dans les milieux professionnels -, on ne relève guère d'informations - hormis les futures interdictions liées à la nouvelle loi - concernant les batteries électriques, les agglomérats dentaires, les vaccins, certains éclairages, ni... les peintures.

 

Un rapide coup d'oeil au Kompass (lien) est d'ailleurs particulièrement édifiant sur la disponibilité de ce métal. Parmi des centaines de fournisseurs, certains proposent par exemple des fongicides. Respectent-il bien la loi de 79 ? Possible, mais seulement s'ils sont exportateurs. Et seulement jusqu'à 2011.

 

 

Une telle affaire ne sera pas close en mars 2011, car même s'il faut saluer cette nouvelle législation, on doit résoudre les problèmes :

* des trafics clandestins, notamment ceux liés à l'orpaillage,

* des pays en difficulté (Madagascar par exemple) où certains tentent désespérément de vendre leur minerai (Dotapea a déjà été sollicité en ce sens il y a quelques années),

* des dispositifs de recyclage pas forcément souhaitables,

* des laboratoires de recherche qui peuvent avoir besoin de ces produits,

* des substituts pouvant intervenir dans les chaînes industrielles,

* et enfin de la réserve pigmentaire nécessaire à la restauration de certaines oeuvres d'art.

 

Le volume de travail que cela représente est, on le voit, très conséquent. Il appartient donc dès maintenant, pour le peintre artistique ou décoratif, de choisir d'assumer ou de refuser de peindre avec un déchet toxique. Reste aussi pour le détaillant à s'assurer que les pictogrammes et avertissements légaux sont bien présents sur les produits mis en vente, si cette vente est légale. Le cas que vous évoquez est inquiétant.

Au passage, rappelons l'existence d'une disposition peu appliquée, la tenue d'un cahier d'apothicaire.

 

 

DV : Je crois qu'un fois fixé sur le tableau il n'est plus toxique, mais qu'il ne l'est que pour moi qui l'emploie si je ne fait pas attention.


Dtp : Il reste absolument toxique mais il est enrobé. Enrobé par des matériaux qui sont souvent un peu poreux et qui de toute façon se transforment au fil des décennies. Raison pour laquelle l'atmosphère influe semble-t-il beaucoup sur la conservation du vermillon et d'autres pigments de ce type. Les liants ne sont ni parfaits ni éternels. Même le verre, a-t-on pu dire dans un article récent !



DV : Mais le problème est et reste la pollution, c'est à dire le mode de fabrication, les rejets possible dans la nature.

 

Dtp : Absolument. Il y a les rejets dans l'évier, bien sûr, mais surtout le fait qu'il s'agisse là d'une poudre. Il faut prendre toutes les précautions possibles contre le contact cutané, l'ingestion, l'éparpillement, etc. En fait il vaudrait mieux ne jamais ouvrir ce genre de boîtes.

 


DV : J'ai acheté ce vermillon parce qu'il y a de nombreuses années je le trouvais très couvrant, donc on pouvait en utiliser de petites quantités.


Dtp : Comme la céruse. Ces substances ont un réel intérêt.

Cependant 1) la permanence du vermillon reste l'objet d'une polémique sérieuse, 2) quand le pot de pigment est vide, l'intégralité de son contenu est de fait éparpillé dans la nature à moyen, long ou très long terme. Certes, ce n'est pas un déchet industriel mais cela soulève le problème de fond associé au mercure : dès qu'il est extrait de sa mine (ou autre source), « le mal est fait » car on ne sait qu'en faire à part l'entreposer dans des mines de sel, au mieux.

 

 

S'il existe des atteintes extrêmement violentes (l'épouvantable exemple de Minamata est cité dans l'article Vermillons, cinabre), certains auteurs et institutions mentionnent aussi une pollution diffuse plus discrète qui est actuellement l'objet de recherches, et un cycle naturel du mercure (bien documenté sur le web, par exemple ici - p. 24) avec lequel il vaudrait sans doute mieux ne pas interférer davantage, notamment dans la mesure où nous, humains, sommes les victimes les plus exposées, étant au bout de la chaîne alimentaire.

 

On peut comprendre les choix des décisionnaires politiques d'aujourd'hui, qui tendent à soustraire de l'environnement le mercure qui en a été extrait.

Certes ils doivent tenir compte du fait que l'industrie n'est pas encore prête à s'en passer, et sans doute doivent-ils faire des concessions (les importations), mais le cap est fixé. Reste à contrôler ces progrès dans les faits.

 

 

DV : Parfois quand on voit le nombre de voitures on se demande si cela vaut bien la peine de se tracasser.


Dtp : Les autos ne sont pas peintes avec de tels pigments. Ce serait catastrophique à grande échelle. Heureusement, il existe une palette de couleurs industrielles bien fournie et bien moins toxique que les substances mercuriques. Souvenons-nous que Minamata était terrible. On parle là de produits presque aussi encombrants que les déchets nucléaires.

 

 

DV : Je me demande si le vermillon du magasin n'a pas été trouvé dans les réserves par un jeune employé, qui l'a mis dans les rayons sans bien savoir.
Évidemment il y avait un côte barre avec un prix en euros !!!

 

Dtp : Très possible. De tels produits ne devraient plus être traités avec cette légèreté par des acteurs commerciaux ou industriels.

 

Pour terminer, on notera que le mercure, selon les informations toxicologiques disponibles (qui sont encore incomplètes), serait l'un des rares atomes qui même à l'état non radioactif présenterait des dangers qu'il soit seul ou associé à d'autres éléments, organiques ou inorganiques. C'est-à-dire que contrairement à la grande majorité des atomes non transuraniens (ou autres radioactifs), aucune association ne neutraliserait sa toxicité d'une manière durable dans un environnement terrestre moyen. Aucune opération ne semblerait satisfaisante à part le confinement.

 

 

_____

 

[1] "la demande, exprimée par le Parlement en 1ère lecture, d'interdire également les importations de mercure dans l'UE n'est pas inclue dans le compromis.", voir page sur europarl.europa.eu.

 

Cette note (et sa faute d'orthographe dans incluse) est destinée à dissiper un malentendu qui ne doit pas être colporté comme c'est le cas actuellement sur certains sites internet : l'importation de mercure n'est aucunement interdite à la suite du vote parlementaire d'une proposition.

Il semble important de redire que pour le moment dans l'Union, c'est le Conseil (des ministres, pas le Conseil Européen qui est constitué des chefs d'États ou de gouvernements) qui décide d'adopter ou non les propositions du Parlement et de la Commission. Une proposition n'a aucune valeur communautaire légale tant qu'elle n'est pas adoptée par les ministres réunis en Conseil.

 

Le traité de Lisbonne devrait modifier ce fonctionnement.

 

 

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