Pigments soi-disant "douteux"
Le terme de "pigments douteux", pourtant utilisé par Xavier de Langlais
dans un excellent ouvrage qui fait référence,
peut faire sourire
un chimiste spécialisé. Il est vrai que les condamnations les plus
déplacées émaillent la plupart des enseignements en arts plastiques - même
les meilleurs - alors que
l'industrie porte un regard beaucoup plus scientifique et probablement plus pertinent sur les
pigments et leurs propriétés.
Il y a de quoi sourire, en effet, au sujet de
ces soi-disant "pigments douteux". D'une certaine manière, on pourrait dire
qu'il n'y a pas de pigment douteux, mais bien des traitements douteux du pigment
ou des espérances déplacées de la part des peintres se livrant à ce genre d'ostracismes. Oui, un pigment peut être fugace, peut poser
des problèmes d'absorption (cf. pigment
réputés peu absorbants et le
pouvoir absorbant in Les pigments, les couleurs) et de siccativation,
au point d'être parfois inutilisables pour certains liants. C'est
ainsi et il faut bien s'y faire car on ne refera pas la nature !
Par exemple,
les couleurs au cobalt ou au manganèse et les terres de Sienne sont
difficiles d'emploi en peinture à l'huile parce que certains de leurs
composants ne sont rien d'autre que des siccatifs. Et pourtant, il y a moyen
de s'en accommoder, une solution classique consistant notamment à enfermer
ces couleurs entre deux couches de glacis et en évitant de trop les mêler à
d'autres pigments. Il existe sûrement d'autres moyens et une part importante
du métier du peintre consiste précisément à les découvrir et à les mettre en
oeuvre.
Sur Dotapea.com,
aucun pigment n'est douteux en soi sur le plan plastique : c'est avant tout le couple liant / pigment
qui peut poser un problème d'adéquation et susciter éventuellement une
adaptation. Exemple : éviter les huiles cuites à la litharge en emploi conjoint
à
des pigments contenant du soufre libre. Par ailleurs certains pigments sont fugaces ; pourquoi le
leur en faire le reproche et les bouder ? Il faut les employer à bon escient.
Par
contre, il existe bien un domaine dans lequel il y a lieu d'avoir des doutes
: celui de la toxicité et du caractère polluant de tous nos produits.
Industriels, écologistes, chercheurs et pouvoirs publics n'ont pas fini d'éplucher
ces douteux dossiers-là.
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